Le premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga devant le conseil national de transition : La montagne a accouché d’une petite souris

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Annoncée le 4 avril 2022 par le président du Conseil national de transition (CNT), le colonel Malick Diaw, lors de l’ouverture de la session d’avril de l’institution, la comparution du Premier ministre, Dr Choguel kokala Maïga devant cet organe de la transition avait suscité pas mal d’intérêts surtout au sein de la classe politique. Cependant, nombreux sont des Maliens qui sont restés à leur faim, après le passage pendant cinq (5) heures d’horloge du chef de gouvernement et son équipe devant l’auguste assemblée, en ce jour du jeudi 21 avril, tant les débats avaient un niveau bas à la limite hors- sujet.

En effet, ce jeudi 21 avril, le Premier ministre, Dr Choguel kokalla Maïga et son gouvernement étaient devant le Conseil national de transition (CNT) qui fait office d’Assemblée nationale après le renversement du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), pour répondre à l’appel du président de l’institution, le colonel Malick Diaw. L’objectif, tel que défini par le colonel président, était d’entendre le chef du gouvernement sur l’état d’exécution de son Programme d’action gouvernemental (PAG) présenté par lui et adopté par le CNT il y a de cela huit mois.

Cette journée du jeudi  était attendue par bon nombre d’observateurs de la scène politique comme une date qui resterait gravée dans les annales de l’histoire récente du Mali, car elle était vue comme un moment qui changerait carrément la donne politique au Mali. Mais, hélas la montagne a accouché d’une petite souris. Les débats sur les questions existentielles de la nation auxquelles s’attendaient les millions de Maliens sont restées tout simplement dans les oubliettes. Les enjeux et les défis auxquels est confrontée la transition et sur lesquels les citoyens maliens espéraient entendre le Premier ministre Maïga ont été purement et simplement occulté au profit des attaques personnelles ayant l’allure d’un règlement de compte, quelle déception !

Nous ne pouvons pas comprendre qu’au moment où tout le monde sans exception prêche l’union, l’inclusivité pour faire face aux difficultés qui nous ont été imposées, que c’est ce moment que choisissent ceux – là qui sont sensés représentés la nation, pour chercher à créer la division au sein du gouvernement. Est- cela auquel les Maliens s’attendaient ? Nous pensons que non. Chercher à isoler un Premier ministre du reste des membres du gouvernement dont il est le chef, est- ce que c’est de cela que s’attendaient les Maliens ? Nous pensons que non et encore non. Pour nous, les attentes des Maliens de ce passage du Premier ministre devant le Conseil national de transition vont au-delà de ces accusations mesquines et de ces querelles de personnes.

Ce que les Maliens souhaitaient, à notre avis, c’était d’entendre le Premier ministre sur les sujets brûlants de l’heure et surtout les propositions et les suggestions du CNT pour une sortie de crise. Car à notre avis, le CNT loin d’être une Cour d’assises, est une intense de contrôle et d’orientation des autorités de la transition à travers leurs observations, leurs critiques et leurs suggestions.

Le peuple malien qui fournit aujourd’hui de nombreux efforts et consenti de sacrifices énormes pour tenir face aux sanctions inhumaines dont personne ne conteste leur illégalité et leur illégitimité de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), allait être heureux et  rassuré d’entendre le Premier ministre, chef du gouvernement et les membres du Conseil national de transition égrainer des propositions de stratégies pour maintenir la résistance.

Le peuple malien allait être heureux d’entendre le Premier ministre sur la situation de l’école qui semble être jetée dans l’oubliette. Aujourd’hui,  à cause de l’apparence accalmie due à la situation du moment, personne n’en parle et pourtant au vu et au su de tout le monde, notre école s’éteint à petit feu.

À titre d’illustration, au niveau de l’enseignement secondaire, nous avons des bacheliers de l’année scolaire écoulée (2020-2021) qui n’ont pas encore repris le chemin de l’Université à laquelle ils se sont inscrits et pourtant la date du 18 juillet 2022 est prévue pour les examens du baccalauréat de 2022. Où iront- ils ces futurs bacheliers pendant que leurs prédécesseurs n’ont même pas commencé ?

Pire, au niveau de l’enseignement supérieur, dans certaines facultés telle que la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG), nous avons des étudiants de carrière pas parce qu’ils échouent mais parce qu’ils attendent à être examinés, pour ne citer que ce cas.

De même, les Maliens allaient être rassurés si à l’issue de ce débat au CNT, on lui avait expliqué les causes réelles de ces délestages qui deviennent chroniques et les mesures phares du gouvernement en plus des propositions et suggestions du conseil pour une résolution définitive de cette situation qui devient de plus en plus insupportable.

Les Maliens allaient être soulagés d’entendre les mesures prises par le gouvernement et les suggestions du Conseil national de transition pour faire face à la flambée des prix des denrées de grande consommation, pour ne souligner que ces quelques préoccupations majeures. Mais au lieu de cela, nos braves conseillers se sont plutôt donnés  en spectacle au point même de passer en ridicule.

En voulant coûte que coûte faire la part entre le bilan d’un département ministériel de celui du chef de gouvernement, en cherchant à les scinder, nous trouvons cela ridicule et insensé et ceux qui pensent les dissocier, à notre avis, ont à apprendre sur le concept de solidarité gouvernementale. Nous pensons que le gouvernement est une équipe avec à sa tête un chef d’équipe qui est appelé Premier ministre. Et en tant que tel, il endosse l’entière responsabilité de son gouvernement. De ce fait, s’il doit assumer les échecs d’un département ministériel, il doit aussi mériter les succès de l’autre.

Alors, reconnaître et féliciter les exploits d’un ministre de la Défense et des anciens combattants, d’un ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, d’un ministre de la Sécurité et de la Protection civile et d’un ministre de l’Économie et des Finances appartenant au même gouvernement et ignorer le Premier ministre, chef de ce gouvernement, pire, l’accuser d’échec voire d’incapable, relève pour nous purement et simplement de la mauvaise foi.

Daouda DOUMBIA

 

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