Avec la libération du système téléphonique au Mali, le téléphone mobile a conquis le cœur de beaucoup de nos compatriotes, en particulier les jeunes filles. Il y a quelques années de cela, cet appareil qui n’existait pas, est devenu de nos jours un outil nécessaire et indispensable pour la vie professionnelle. Mais pour la non compréhension de son utilité, cela a tendance à désorienter les jeunes filles. En ce lundi 10 juillet 2006, nous avons recueilli les impressions de quelques concitoyens pour vous. Notamment des vendeurs de téléphone, des vendeurs de cartes de recharge, des serveuses, des juristes de formation…
Mohamed MAIGA : vendeur de portables devant Malitel
Les jeunes filles sont très faciles à manipuler à cause des téléphones portables. Certaines viennent avec l’argent incomplet pour un téléphone de luxe. Et en retour, elles te proposent de sortir ensemble. Un jour, une chanteuse a voulu acheter un panasonic CD55. Malheureusement elle n’avait pas assez d’argent. C’est ainsi que la fille m’a proposé d’aller à l’hôtel. N’étant pas intéressé, je l’ai mise en contact avec un ami. Ce dernier est venu compléter l’argent, et ils sont partis ensemble. C’est décevant de voir les jeunes filles s’offrir aux hommes, pour un problème de portable
M Chiaka KEITA : vendeur de portables devant Malitel.
L’utilité du téléphone portable a été mal comprise par nos sœurs. Normalement le téléphone est une nécessité. Mais les filles en ont fait un moyen de prostitution. Elles n’ont plus honte, plus de dignité. Pour moi les filles doivent chercher à savoir ce qu’elles veulent dans la vie. Pour qu’une fille puisse se procurer un portable luxueux, s’il faut qu’elle vende son corps, je me demande s’il y a encore des filles sérieuses au Mali. Il y a même des filles qui vendent leur corps pour des cartes de recharge. Le portable ne rehausse pas quelqu’un dans la société, c’est ce qu’il faut comprendre. Les jeunes filles nous viennent avec toutes les propositions indécentes du monde. Je connais une fille qui vient tous les soirs devant Malitel. Elle accepte de sortir avec n’importe qui en échange d’une carte de recharge. Je me demande ce qu’elle fera en échange d’un portable. Voir un pays comme le Mali, une société comme la nôtre où la majorité est musulmane, où les valeurs traditionnelles étaient respectées surtout par les femmes et voir ce qui se passe aujourd’hui, c’est décevant. Avant la femme malienne était la plus sérieuse de la sous- région. Mais aujourd’hui elle ne reflète plus la même image. Surtout avec l’arrivée anarchique des portables, la femme malienne a oublié toutes ses mœurs. Je dirais même qu’elles nous agressent sexuellement. Il faut que l’on fasse une sensibilisation afin que nos sœurs reviennent à la raison.
Boubacar TRAORE : vendeur de cartes de recharges
A chaque mois une nouvelle version de portable sort. S’il faut avoir à chaque fois un nouveau portable, les filles seront obligées de changer de partenaire afin de pouvoir changer de téléphone. Et à la fin elles seront amenées à faire le tour des hommes. Je viens d’un village, donc je ne peux rentrer dans les affaires louches. Certaines filles te donnent leur numéro, tu leur envoie du crédit et si tu a besoin d’elles, elles viennent satisfaire tes besoins. J’ai refusé beaucoup de ces propositions. Mes amis et moi avons été victimes de ces agressions sexuelles. Voir une fille me proposer son corps pour un abonnement ou une carte de recharge, c’est désolant.
Aly TAMBOURA, juriste de formation
Avant de commencer, je dirais que le téléphone portable est un instrument de communication très important à travers lequel les gens se servent pour régler leurs affaires. Mais ceci a tendance à prendre son sens premier. Aujourd’hui les jeunes filles se procurent des téléphones non seulement pour la communication mais aussi avoir des relations avec des personnes de sexe contraire. Des filles bamakoises qui écrivent leur numéro sur les fesses, avec cette situation le contact est plus facile. Il suffit de composer le numéro et c’est parti.
Il y a 2 semaines de cela, en me rendant à mon travail, j’ai suivi une demoiselle sur une moto. Elle avait son numéro écrit sur ses fesses. Par curiosité, j’ai composé le numéro. Surpris, j’ai vu la fille décrocher son portable. Je n’en revenais pas. J’ai été indigné de voir une fille se comporter de la sorte. Comme si les parents avaient démissionné. Ne voulant pas me fier aux apparences, je lui ai donné rendez-vous. Et à notre rencontre je lui est demandé les raisons de son comportement. Elle me répondit qu’elle est obligée de passer par ce canal afin de subvenir à ses besoins. Comme pour dire qu’elle est obligée de se prostituer.
Bocar KONATE : juriste de formation
Le téléphone est un outil qui permet de nous rapprocher les uns et des autres. Contrairement à son but, les jeunes filles en ont fait un moyen de communication. Le téléphone ne doit être acheté que dans le besoin. Que l’on soit fonctionnaire ou cultivateur, chacun a besoin d’un portable. Mais il faut avoir les moyens financiers pour l’entretenir. Malheureusement pour nos sœurs, elles veulent un portable de luxe, ensuite l’entretien leur préoccupe et enfin elles sont obligées de courir dernière les hommes pour subvenir à tous ces besoins. Le taux de prostitution, de débauche et d’infidélité ne fait qu’agrandir. On peut facilement se joindre pour fixer des rendez vous n’importe comment. Au lieu d’en faire un moyen de communication, elles en ont fait un moyen de prostitution. Afin de mener une vie de mensonge. Et celles qui n’arrivent pas à s’en procurer sont obligées de voler.
Mariétou Diallo : Commerçante
Le téléphone mobile a été la cause de beaucoup de différends dans nos foyers. Et beaucoup d’accidents des jeunes filles sont dus aux communications téléphoniques. L’année dernière une jeune femme du nom de K.S a été divorcée à cause de son portable à Kayes. Un soir pendant qu’elle prenait sa douche, son téléphone sonna. Malheureusement pour elle, c’était son copain au bout du fil. Après que sa belle sœur ait décroché, celui-ci fixe son rendez-vous habituel derrière le château. Et c’est ainsi que la belle sœur informa son frère. Bref, ils ont divorcé.
Dioba DAGNIOKO : Serveuse dans un bar
Je travaille dans un bar donc je suis en direct avec les gens, surtout avec les jeunes. On en voit de toutes les couleurs. Des filles qui ne font que mentir. Je suis indignée de voir des filles sans morale, aucune dignité qui sont capables de tout pour un portable. Certaines s’offrent aux soulards pour ensuite leur voler leur portable. En plus d’autres mentent au téléphone en disant à leur copain qu’elles sont à la maison, alors qu’elles sont avec d’autres hommes.
Un Directeur de service nous confesse : «Les filles composent les numéros au hasard mais font exprès. Et si par malheur elles tombent sur toi et que tu leur dévoiles ton identité, le harcèlement commence. Tous les jours elles vous bipent, asseyent de fixer coûte que coûte un rendez-vous avec toi. Elles s’offrent totalement à toi. J’ai eu tous les problèmes du monde avec ces filles».
En effet, le téléphone a eu un record très appréciable dans la technologie. Avec une bonne éducation, le portable pour la jeune fille n’est pas un instrument de plaisir mais un moyen de communication facile dans le développement de la société. On peut se procurer un portable, sans pour autant s’exposer à un malfrat de contact physique des jeunes garçons. A qui la faute ?
Kadidia Amina Ibrahim FOFANA
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