Pour le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, grâce à ses actions à la tête du gouvernement, sous la conduite du président de la Transition, les Maliens « ont retrouvé leur fierté et dignité » et ils doivent leur faire confiance. Sauf que les difficultés s’amoncellent pour les populations.
C’est un chef du gouvernement de Transition de rectification optimiste et visiblement fier des actions de son équipe qui était face aux journalistes le dimanche dernier dans une journée d’informations clôturant les émissions Malikura Taasira, en présence des membres du gouvernement. Et le Premier ministre de se complaire qu’avec son équipe gouvernementale, le mali est dans de bonnes mains, comme si le paradis sera demain une réalité sur les abords du Djoliba ! Il s’empresse de battre en brèche les difficultés existentielles de ses compatriotes, dont le quotidien est assombri de soucis pour se nourrir, pour se soigner, pour se vêtir, pour travailler, pour être simplement en sécurité…
«On a rarement vu un pays en guerre augmenter le salaire des fonctionnaires», a déclaré Dr Choguel Maïga, qui se glorifie de ses efforts sur la gouvernance. Pour celui qui s’arcboute à la tête du fameux « Comité stratégique du M5-RFP », environ 204 milliards FCFA ont été mobilisés par le gouvernement pour «harmoniser la grille salariale des fonctionnaires ». Laquelle harmonisation de la grille salariale n’a pas empêché que de nombreux travailleurs soient licenciés pour motif économique, du fait de la crise et de la fermeture des axes de coopération, dont les projets financés ont mis la clé sous le paillasson. Ce qui n’empêche le président du parti du tigre, le MPR de prêcher la résilience au peuple affamé. Alors que lui-même ne se fait pas prier pour se taper ses indemnités de souveraineté, dont il distribue quelques miettes à des partisans dont la tâche est de l’encenser sur les réseaux sociaux… Qui a dit qu’on pense de la même façon dans un palais que dans une chaumière ? Le peuple doit serrer la ceinture, Dr Choguel est à la manette et demain, le paradis est garanti aux Maliens !
« Même ceux qui sont contre la transition disent ‘’à part la sécurité… rien ne marche’’ », s’est gargarisé le meilleur PM de l’histoire du Mali moderne. La sécurité, a défendu M. Maïga, qui ne se fait pas prier pour lancer des piques à plusieurs acteurs politiques, n’est pas un bilan acquis en dehors du gouvernement. « Aujourd’hui, l’armée malienne intervient sur tout le territoire national sans avoir besoin de l’autorisation de qui que ce soit », a-t-il expliqué. Mais le chef du gouvernement ne doit pas oublier que les attaques terroristes et de bandits armés sont toujours le lot quotidien des populations.
Et l’orateur de minimiser la cherté de la vie, qui cause l’insomnie dans les ménages. L’embargo de la CEDEAO les effets induits de la covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne sont passés par là. Mais le PM assure que les prix des denrées de première nécessité sont les plus bas au Mali, contrairement à ceux de pays voisins. Non sans gloser sur « l’approvisionnement normal du pays ». C’est à croire que le locataire de la primature oublie que la disponibilité des denrées est une chose et leur prix en est une toute autre. Sans oublier de lui rappeler que le prix des produits est simplement tributaire du niveau de vie dans chacun de nos pays et les Maliens n’ont que faire des 2000F que le Sénégalais ou l’Ivoirien payera pour avoir son litre de carburant ; les smig de ces pays tutoyant les 60 000 F CFA !
Sur le plan diplomatique, Choguel Kokalla Maïga s’est voulu rassurant. « J’ai eu à le dire, avec la CEDEAO,’’il y a une brouille passagère’’ », assure-t-il. Sauf qu’il regrette la non-levée des sanctions contre le Mali à l’issue du sommet extraordinaire de l’organisation à Accra, le 4 juin dernier. Mais, se disant « raisonnablement optimiste », l’orateur dira que « dans le fond, il n’y a pas d’objection entre le Mali et la CEDEAO.. ». Le délai de 24 mois de transition, fixé par le président de la Transition, a été fait dans le « but d’avancer ». Il n’y a « aucun esprit de défiance ». Un esprit de résistance alors ? Quel aura été les incidences négatives de ces sanctions économiques et financières sur la marche du pays ? Quels dégâts et préjudices économiques collatéraux pour divers acteurs du développement ? Choguel n’en pipe mot ! Il se contente de tacler et d’ironiser sur la démarche des acteurs politiques qui ne l’applaudissent pas. «Tous les politiques ont été associés à l’adoption du texte (le décret, NDLR). Certains ont décidé de se mettre volontairement hors du processus », s’est relève-t-il sur un ton plutôt clivant. « Le train (du changement, NDLR) n’attend pas, quand il part, c’est terminé », a conclu le Chef du Gouvernement sur une note d’autosatisfaction à nulle autre pareille !
Lamine BAGAYOGO.