Invité la semaine dernière sur le plateau du journaliste célèbre de RFI, Alain Foka, le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a évoqué les tensions qui existent entre le Mali et la France, sanctionnées par des relations difficiles qui a mis fin à l’accord de défense militaire entre les deux pays. Pour lever toute équivoque sur la maîtrise des questions de terrorisme par les autorités actuelles de la transition, le PM Maïga lors de cet entretien a indiqué que le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta et ses hommes ont connu toutes sortes de trahison et de souffrance dans la lutte contre le terrorisme.
Depuis 2012, le Mali a connu une crise sécuritaire dans le nord du pays qui a par la suite atteint d’autres régions du pays. Suite à cette situation d’insécurité grandissante les plus hautes autorités maliennes ont signé un accord de défense militaire avec la France pour mettre fin à l’invasion des terroristes sur leur sol. Neuf ans après, le constat laisse apparaître que l’insécurité bat son plein partout au Mali malgré la présence des forces françaises. Au lieu d’accentuer ses efforts et remettre en cause son bilan, la France, à travers son président Emmanuel Macron a décidé de retirer ses troupes des bases maliennes. Une situation ayant amené les autorités de la Transition à sonner l’alerte sur la tribune des Nations unies. Comme on pouvait s’y attendre dans cet entretien de 16 minutes accordé au journaliste Alain Foka, le Premier ministre malien Choguel kokalla Maïga est revenu encore sur ce qu’il appelle : la trahison de la France. Selon lui, abandon en plein vol est un terme militaire. « Dans l’art militaire quand on dit avoir été abandonné en plein combat, c’est la trahison » a-t-il précisé. Tout en affirmant qu’ils ont adouci les termes en parlant d’abandon en plein vol.
Par la suite, pour éclairer la lanterne sur la maîtrise des tenants et aboutissants de cette guerre contre le terrorisme au Mali par les autorités militaires actuelles, le PM Maïga au micro de RFI a dit ceci :« le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta et ses hommes ont connu toutes sortes de trahison et de souffrance dans la lutte contre le terrorisme. Ces officiers ont fait entre 15 et 18 ans sur le théâtre des opérations au Nord. Ils ont été enlevés, séquestrés pendant des mois. Ils ont échappé à des embuscades et lui (Colonel Assimi Goïta), était le commandant des forces spéciales ». Et pour lever l’équivoque sur le fait que ses discours sont les idées du président de la Transition, il a affirmé que ces hommes qui dirigent la transition aujourd’hui auraient vécu dans leur chair et dans leur âme toutes les trahisons et tous les coups bas. Cela pour corroborer le fait que les français ont affiché leur intention de partition du pays depuis très longtemps. Pour preuve, dit-il, des hautes autorités françaises, des députés, des sénateurs dans des débats, ont dit clairement qu’il faut donner l’autonomie au nord. Qu’il faut un plan d’autonomie par ce que les Maliens du nord et du sud ne peuvent pas vivre ensemble.
Pour le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, cela ne fait l’ombre d’aucun doute que des hautes personnalités françaises voulaient diviser le Mali, pas en une fédération seulement. C’est pourquoi, il est revenu sur certaines déclarations faites par ces personnalités, notamment celle du ministre Jean Ives le Drian lors d’une interview sur RFI en 2015. Et même de celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, sur la chaine LCI.
Toujours selon le chef du gouvernement malien, des chefs indépendantistes ont dit que c’est la France qui leur a promis de diviser le Mali pour faire un Etat. « Quand le Mali a fait appel à la France en 2012 suite à l’invasion terroriste, il n’était pas prévu une intervention au sol, mais plutôt un appui aérien et en renseignements. C’est des soldats maliens qui ont libéré konna, qui ont libéré Gao, libéré Tombouctou. Arrivés à Annefis, c’est l’armée française qui leur a barré la route » a-t-il une fois de plus rappelé lors de cet entretien. Avant de revenir sur des faits qui ont occasionné des contestations sur la présence des forces françaises au Sahel en général et particulièrement au Mali.
Par ailleurs, il a déclaré que c’est la France elle-même qui a demandé à partir et non les autorités maliennes et en violation de l’accord de défense qui lie les deux pays. « C’est la France qui a manqué à ses devoirs sur tous les plans », a-t-il martelé.
Parlant de la coopération avec la Russie , le PM Maïga a précisé que le but de cette coopération est pour combler le vide laissé par le départ de l’armée française de certaines zones du pays et que la Russie n’est pas le seul partenaire du Mali pour combler ce vide.
Par Fatoumata Coulibaly