«Bobaraba», «grosses fesses», n’est pas une insulte pour la majorité des femmes au Mali, loin de là. C’est même un compliment. Une femme avec de belles fesses retiendra les regards bien plus qu’avec de petites fesses plates, sera admirée pour sa démarche, une femme se doit d’avoir des fesses. Si l’utilisation de médicaments reste le meilleur moyen pour beaucoup de maliennes d’augmenter le volume de leurs fesses (suppositoires, massages et j’en passe), il en est un beaucoup plus pratique, rapide et moins nocif, qui est l’utilisation de culottes rembourrées.
Ayant entendu parler de ce petit phénomène à Bamako, je rentre, au hasard, dans le premier magasin de produits de beauté et de sous vêtements féminins que je trouve sur ma route. Une vendeuse m’aborde, je me renseigne sur les culottes “rembourrées” pour femmes avec un argument bidon (et béton), mon amie trouve que ses fesses sont trop plates. Un peu étonnée, ce n’est pas tous les jours j’imagine qu’un toubab vient acheter ce genre de produit, elle sort d’un tiroir un assortiment de culottes rembourrées avec, là ou on le désire, des bourrelets prometteurs et me demande si je veux du XL.
En fait j’ai le choix entre la culotte de cheval, appelée ici “pistolet” et l’augmentation drastique des fessiers (les deux pouvant être cumulés), le tout disponible en deux couleurs, noir ou beige. Produits à porter exclusivement sous une robe, une jupe ou un complet bazin. Mais si vous voulez arrondir vos formes et garder le jean moulant, vous avez une culotte un peu plus sexy avec deux petits coussinets accentuant avantageusement votre cambrure, photo à l’appui sur l’emballage. Il faut dire que les deux premiers produits, s’ils font effet une fois ajustés sous la robe, ressemblent plus aux gaines que portaient nos grand mères qu’à un string. En plus, sous 45° à l’ombre j’imagine que ça doit pas être facile à assumer. Confortable ou pas, c’est tout de même mieux que les médicaments miracles vendus au marché comme ici.
Deuxième magasin, idem pour l’objectif, mais on me propose des produits différents, qui ressemblent plus à des caleçons rembourrés qu’à des gaines. Vous en vendez beaucoup? Un peu. Je n’ose pas demander si ça existe aussi pour les mecs de peur de me faire envoyer paître (et elle aurait sans doute raison).
Combien ça coûte? Grosso modo, suivant les qualités (et sans doute le volume), entre 8.000 et 15.000 FCFA (soit entre 12 et 22 euros).
Et les mecs dans tout ça? Pas de déception au bout du compte si la rondeur des fesses était l’attrait principal de la fille? La vendeuse ne sait pas, ou n’ose pas me répondre. En fait ces «culottes rembourrées» se vendent aussi bien en Europe qu’en Afrique, objectif global, remonter les fesses. Par contre la clientèle européenne ne semble pas aussi friande des «pistolets» et le volume demandé est bien moindre.
En tout cas, c’est pas facile, mais ça va aller.
Rédigé le 19 avril 2011 par Toubabou à Bamako
Hydrogéologue installé au Mali depuis 2002, Thierry Helsens partage ici ses moments de vie et de travail.