“ Le Pari de la décentralisation “, voici le titre d’un ouvrage d’une rare facture publié en août 1993. Il y a 20 ans, comme une prophétie, l’auteur avait alerté face au danger que nous vivons en ce moment. D’une simplicité littéraire remarquable, dans un style direct et à la fois tranchant, l’écrivain pose une vraie problématique : celle de la question de la gouvernance locale, dont le pari est utile à réussir pour notre développement. Après les tomes I et II, l’auteur donne rendez-vous à ses lecteurs dans deux mois.
L’ouvrage de 164 pages se voulait une contribution de son auteur, Dr Abdoulaye Sall, pour une décentralisation réussie avec une attention particulière sur les conflits et crises récurrents dans les collectivités territoriales du Nord, particulièrement dans la région de Kidal. Le tome II, lui est un document de 332 pages présentant l’ensemble des textes fondamentaux sur la question.
Vingt ans après, l’histoire semble donner raison à l’auteur du livre. Et les 11 recommandations préconisées dans cet ouvrage, restent véritablement d’actualité. Tant la crise politico-sécuritaire qui secoue notre pays est véritablement la conséquence de la non prise en compte de ces recommandations formulées par le chercheur. D’où la sortie très prochaine du tome III. L’auteur donne rendez-vous à ses lecteurs avant la fin du mois de mars.
L’annonce a été faite samedi dernier à la faveur d’une conférence de presse tenue dans la salle de conférence de CRI-2002 (Cercle de réflexion pour la consolidation de la démocratie).
11 propositions pour réussir la décentralisation
Dans ce futur numéro du ” Pari de la décentralisation “, l’ancien ministre chargé des Relations avec les institutions, va se plancher sur les perspectives. Car selon lui, l’épreuve la plus dure de la guerre de reconquête du Nord, sera la phase de reconstruction.
Comme un prophète, le chercheur avait pourtant mis en garde contre ce que nous vivons sur le plan politico-sécuritaire. Et dans un paquet de 11 propositions, Abdoulaye Sall demande de repenser la décentralisation. Promouvoir la gouvernance, communiquer avec le citoyen, développer l’instruction civique, morale et politique, construire des citoyens autonomes et responsables, disculper la France, se mettre au travail, etc. L’écrivain met sa réflexion au service de son pays. Sans doute, ce qui avait été recommandé en août 1993 reste d’actualité.
” Il est bien possible que le vrai obstacle à la décentralisation dans notre pays réside de moins en moins dans la méconnaissance des solutions que dans celle des méthodes, des stratégies qui permettraient à ces solutions de devenir réalités “, explique Dr Abdoulaye Sall.
Dans cet ouvrage d’une rare facture, l’auteur propose sa contribution et sa logique aux Maliens pour une décentralisation effective des pouvoirs, des compétences et des moyens de notre société étatisée actuelle au profit de la société solidaire à bâtir dans la diversité de pensées, d’opinion, de savoir, de libre choix, de croyance et de culture.
” La décentralisation est une opportunité historique pour affranchir les communautés dans les villages, fractions, quartiers, les collectivités locales de la tutelle de velléités irrédentistes et sécessionnistes génératrices d’un Etat ” anthropophage ” qui mange ses propres fils dans des luttes sans merci et sans discernement par le pouvoir et pour le pouvoir. Il s’agit ainsi d’opérationnaliser sur le terrain de notre appartenance à la même nation, aux mêmes symboles de la République, la profession de foi d’octobre 1961 du premier président du Mali indépendant “, explique l’auteur.
Selon cette profession de foi, ” le village est chez nous la cellule de base, et c’est la vitalité de cette cellule qui engendrera la vitalité de la nation toute entière “.
Changer les mentalités de nos compatriotes touaregs
Abdoulaye Sall est donc convaincu que cette profession de foi de Modibo Keïta posait en fait la vision de la décentralisation dans notre pays, son pari, ses enjeux, ses défis, ses sacrifices … Bref, cette vision tire les enseignements de notre histoire, de notre passé colonial avec le peuple et le gouvernement français dont le Lieutenant-gouverneur du Haut Sénégal et Niger couvrant les actuelles Républiques du Sénégal, du Mali, du Niger, défendait.
“Il n’est pas une tribu touareg contre laquelle les Français n’eurent pas à lutter à plusieurs reprises… Les tribus après une défaite s’éloignaient et s’installaient ailleurs en attendant le moment propice pour déclencher une nouvelle offensive. Dans la psychologie des Kel Tamasheq : il faut venger les morts”, analyse l’auteur, pour qui la résolution définitive des rébellions touaregs passe par le changement de mentalité chez nos compatriotes touaregs, dont plusieurs d’entre eux “doivent maintenant revenir dans la République en se sentant Maliens”.
“Combien de révoltes, de conflits armés, de crises identitaires avons-nous connus depuis, malgré la bienveillance, voire la frilosité des autorités en place, de l’indépendance de notre pays à ce jour ? Que faire dans le cadre de la démocratie et de la décentralisation ?”, s’interroge Dr Abdoulaye Sall.
Bref, les tomes I et II du “Pari de la décentralisation» constituaient une contribution citoyenne en onze propositions, qui, malheureusement, restent d’une actualité brûlante face à la situation difficile imposée à notre peuple par le compagnonnage des groupes armés au Nord. “Il faut remettre ces onze propositions sur la table de l’échange, du partage, de l’enrichissement sur le chemin de la recherche de propositions de sortie rapide pour aider la France, la Cédéao, l’UA, les Nations Unies et la Communauté Internationale à nous aider à sortir de ce cauchemar” recommande l’écrivain, pour qui, “il faut arrêter de jeter la responsabilité de nos malheurs sur les autres”. ” Nous devons nous mettre au travail, en prenant notre destin en main “, crache Dr Abdoulaye Sall. Sans doute le tome III du ” Pari de la décentralisation “, très attendu dans les librairies, sera plus qu’une prophétie.
Issa Fakaba Sissoko
Bonjour,
La décentralisation seule ne suffit pas pour une sortie durable de la crise Malienne, il faut entre autres, le renforcement de la durabilité du Mali, de la résilience des acteurs et des organisations face à divers problèmes et aux risques, de la gouvernance démocratique et participative et de la bonne gouvernance.
Bien cordialement
Dr ANASSER AG RHISSA
EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
E-mail: Webanassane@yahoo.com
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