A deux reprises, Bachi fut mis devant le fait accompli par Haoua et son amie. Ce qu’il n’appréciait pas du tout
rnNabiétou, l”amie de Haoua par qui tout le malheur du couple allait arriver, était une femme célibataire se trouvant dans une situation quasi identique à celle de sa copine au moment où celle-ci faisait la connaissance de Bachi. Sauf que Nabiètou, divorcée depuis quelques années, n’avait pas du tout été malheureuse dans son mariage. Bien au contraire. Elle avait été l’épouse littéralement chouchoutée d’un élu de la région de Tombouctou, bien plus âgé qu’elle. Avant son divorce, la dame vivait sur un grand pied. En plus d”une villa cossue que son mari lui avait fait construire dans la capitale, elle avait eu droit à un lot à usage d’habitation dans un quartier chic de Bamako.
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rnUne voiture et un chauffeur avaient été mis à sa disposition. Ce qui lui permettait d’être présente à toutes les grandes soirées qui se donnaient dans la capitale et à Ségou. Ces activités mondaines ne plaisaient pas trop à son mari. Mais celui-ci laissait faire pour deux raisons. D”abord, comme il l’expliquait à ses amis qui lui reprochaient sa complaisance, sa femme était une « fille de grande ville » et qui ne pouvait donc se passer des distractions qu’offre une grande ville. Ensuite, Barry, conscient que la différence d’âge ne l’avantageait guère, craignait en son fort intérieur de perdre une si belle femme qu”il tenait grâce à sa générosité. Personne ne peut vraiment dire ce qui amena le divorce, mais il est bien possible qu’à un moment donné le vieil époux se soit lassé des caprices de Nabiétou.
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rnUNE POINTE DE VANTARDISE :
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rnMais qu’est ce qui liait au juste Nabiétou et Haoua ? Elles avaient grandi ensemble, s’étaient liées d’amitié avant de se perdre de vue pendant près d”une dizaine d”année quand elles étaient devenues adultes. En 2004, Nabiétou, qui avait appris le retour au pays de son amie, prit un jour la décision de rechercher Haoua. Elle se rendit d’abord dans la famille de cette dernière. Les grands-parents de Haoua (laquelle était orpheline de père et de mère), la firent escorter par un enfant jusqu”au domicile de Bachi. Celui-ci se trouvait à ce moment là au bureau. Sa femme l”informa qu”elle recevait une visiteuse qui avait beaucoup d’importance pour elle. L’homme l’invita à bien s”occuper de l”étrangère avant son arrivée, lui-même ne pouvant se libérer avant la fermeture des bureaux.
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rnHaoua appliqua avec beaucoup de zèle la consigne de Bachi. Avec une pointe de vantardise, elle montra à son amie ce que faisait pour elle un époux qu’elle présentait comme riche et généreux. Après avoir offert à la visiteuse un fastueux repas, elle n”hésita à ponctionner sur le prix de la popote pour faire le plein de carburant de la voiture de son amie. Lorsque son mari revint du travail, la dame lui fit un compte-rendu fidèle. Bachi tiqua quelque peu devant la prodigalité de sa femme, même s’il admettait que la bonne hospitalité valait quelques sacrifices financiers. Il fit remarquer toutefois à Haoua qu”elle ne lui avait jamais parlé de cette amie auparavant. Haoua expliqua cet oubli par le fait qu”elle et Nabiétou s”étaient perdues de vue depuis très longtemps. "Lorsque nous nous sommes retrouvées, j”ai surtout voulu la maintenir pour que tu fasses sa connaissance", se justifia-t-elle. Bachi avait accepta ces explications tout en indiquant à sa femme qu”une trop forte amitié a certes des avantages, mais peut aussi apporter des ennuis.
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rnDE LA FOURBERIE :
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rnUne semaine plus tard, alors que Bachi se trouvait à son bureau, il reçut à sa grande surprise un appel de Nabiétou avec laquelle il n’avait jamais parlé, à plus forte raison donné son numéro. Après les salutations d”usage, la dame demanda à Bachi si Haoua pouvait venir l”aider à préparer une réception qu”elle s”apprêtait à organiser chez elle. L”homme, à qui cette demande impromptue déplaisait, marqua une hésitation, mais Nabiétou fut la plus rapide. Comme si elle sentait que son interlocuteur était sur le point de dire non, elle ajouta tout de suite sur le ton de la plaisanterie : « Ne sois pas jaloux, chéri. Laisse-la venir aujourd”hui. La prochaine fois, je t”avertirai à temps ». Avec beaucoup de réticence, Bachi donna son accord, mais l’impertinence de la dame l’avait énervé. Pris d’un pressentiment, il sauta dans voiture et fonça à son domicile. A sa grande surprise, la maîtresse de maison était absente. La servante occupée à la cuisine lui indiqua que madame était sortie quelques minutes après son départ au travail.
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rnBachi piqua une vive colère lorsqu”il se rendit compte que Haoua était déjà chez Nabiétou quand celle-ci l”appelait au téléphone. Il revint au bureau et rappela Nabiétou dont le numéro était sur son portable. Lorsqu”il l”obtint, il lui demanda de lui laisser le soin d’autoriser lui-même sa femme à participer aux préparatifs de la réception en question. Un peu gênée, Nabiétou s”empressa de dire qu”elle avait déjà envoyé un chauffeur chercher son amie. Le jeune fonctionnaire laissa alors échapper un petit rire ironique. "Je sais que Haoua est chez toi depuis tôt ce matin", lança-t-il d’une voix acerbe.
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rnPuis poursuivant sur sa lancée, il demanda à la dame de ne pas déstabiliser son foyer. Il fit comprendre à son interlocutrice qu”il n”était pas un enfant de choeur et qu’il ne laisserait personne mettre en danger sa tranquillité domestique. Nabiétou s”excusa platement en jurant à son interlocuteur que ce dernier se méprenait sur ses intentions. Elle reconnut avoir menti en évoquant cette réception qu”elle s”apprêtait à donner. "En réalité, confessa-t-elle, je voulais passer la journée avec mon amie que je n”avais pas revue depuis belle lurette". Bachi, toujours en colère, rétorqua que son domicile n”était pas un moulin où l”on entre et d’où on sort comme l”on veut.
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rnSentant l’orage gonfler, Nabiétou eut l’intelligence de passer le téléphone à Haoua. Cette dernière fit son mea culpa et jura qu’on ne la reprendrait plus dans ce genre de jeu. Bachi aimait sa femme et ne pouvait pas ne pas lui pardonner lorsqu’elle-même admettait qu’elle était dans l’erreur. Il accepta les excuses de son épouse tout en la mettant en garde contre ce qu’il considérait comme de la fourberie. Lorsque le couple se retrouva le soir, Haoua renouvela son repentir. Pour Bachi, l”incident était clos et ne se répéterait plus. Mais c”ét
ait sans compter sur l”influence qu”avait Nabiétou sur la pauvre Haoua.
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rnTRÈS FAMILIÈRE :
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rnUne semaine plus tard, Nabiétou se présenta elle-même chez le couple. Elle vint après le départ de Bachi au bureau et passa la journée avec Haoua. Elle était toujours là le soir lorsque le maître de maison retourna du travail. Après le repas que tous trois prirent ensemble, Nabiétou, dont c”était la première fois de rencontrer le mari de son amie d”enfance se montra si familière avec l”homme, que ce dernier eut à la fin l’impression qu’ils se fréquentaient depuis toujours. Après qu’ils se furent échanger des plaisanteries, la dame prit Bachi de côté et sollicita que Haoua l”accompagne à une cérémonie de baptême le lendemain dans un quartier situé dans la périphérie.
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rnL”homme hésita quelques instants avant de répondre qu”il n”était pas du genre à empêcher une femme d”aller dans les cérémonies sociales. Cependant il ne manqua pas d’indiquer qu’il aurait juste aimé être informé à temps pour donner un peu d”argent à sa femme. Malgré tout, il promit de faire un geste pour qu”Haoua puisse tenir son rang. Il demanda à s”entretenir avec sa femme dans la chambre à coucher. Il expliqua à celle-ci qu”il n”appréciait pas d’être mis devant les fait accompli. Puis sortit de sa poche 15.000 F qu”il remit à sa femme.
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rnLe lendemain, Haoua se para de ses plus beaux atours et quitta la maison en emportant deux complets dans un sachet plastique. Elle expliqua à son mari que les femmes se changent deux à trois fois par jour lors de ce genre d”événements. Un peu plus tard, Bachi reçut un coup de fil qui l’estomaqua. Haoua qui était déjà avec son amie, l’appelait afin de lui dire de ne pas l”attendre pour le dîner. Car il se pourrait que Nabiétou et elle passent la nuit chez la nouvelle mère qui était une de leurs meilleures camarades d”enfance.
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rn(à suivre)
rnG. A. DICKO)
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