C’est avec une grande consternation et une profonde affliction que le monde entier a appris le naufrage du bateau transportant des immigrés de plusieurs nationalités, de la Libye vers les côtes italiennes. Ce naufrage, énième du genre, a fait plus de 800 morts dont 24 Maliens au large de l’Italie. Ce naufrage pose la problématique de la politique de l’immigration en général et surtout du racisme en particulier. Il est impensable qu’au 21éme siècle avec tous les moyens techniques et technologiques, que l’on puisse arriver à une telle hécatombe. Seules 200 personnes auront été finalement sauvées.
Quelle honte de constater que la réaction de la communauté internationale soit si disproportionnée face à un drame 47 fois plus tragique que l’attentat de Charlie Hebdo qui a mobilisé toute l’humanité entière avec « seulement » ses 17 victimes ! Jusqu’ici, les dirigeants du monde en général et ceux de l’Afrique en particulier n’en ont pas fait leur préoccupation. Plus de 800 immigrés périssent dans les eaux italiennes « comme des chiens ». Est-ce qu’une âme vaut-elle mieux qu’une autre ? La vie d’un Noir africain serait-elle moins importante que celle d’un Berger allemand ? Et pourtant aux yeux du grand horloger, une âme est égale à une âme et tous les hommes naissent libres et égaux en droit. Ces différents naufrages n’ont –ils pas été savamment planifiés et exécutés ? Pourquoi après le naufrage de l’année dernière qui a couté la vie à plusieurs centaines de personnes dont 30 maliens d’un même village, nos autorités n’ont-elles pas pris les dispositions idoines pour prévenir de tels drames ? Les dirigeants africains et l’Europe dans tout ça ? Qu’ont-ils fait pour endiguer le phénomène qui prend de l’ampleur d’année en année ? Pourquoi la communauté internationale ne fait-elle pas de la lutte contre les maux de la mal gouvernance ses chevaux de bataille tels que : les conflits armés, les injustices sociales, l’inégale répartition des ressources nationales, la mondialisation à sens unique, l’exploitation outrancière des richesses africaines, l’impérialisme à visage hideux ? A quand le réveil de l’Afrique ? Va-t-elle s’inspirer de l’exemple asiatique ? Il est temps que notre continent et ses dirigeants sortent des considérations fatalistes et pensent à de véritables stratégies pour un développement équilibré du berceau de l’Humanité au bénéfice de tous ses enfants.
Un naufrage en appelle toujours un autre. Ici au Mali, le bateau de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) tangue sur les dunes de sable depuis le 1er mars 2015. Le 15 Mai 2015 est le « deadline » fixé par le gouvernement et la communauté Internationale pour la signature à Bamako des Accords de paix d’Alger avec ou sans la CMA. Si les mouvements de la Coordination ne signent pas avec l’Histoire en empruntant le train de la paix, ils risquent un naufrage collectif du bateau fantomatique battant pavillon Azawad.
Sur un tout autre plan, le bateau de la FEMAFOOT a été surpris par une violente tornade sur les eaux du fleuve Djoliba. En effet, six clubs ont tout simplement fait un sit-in devant le siège de la fédération réclamant la reprise des journées en retard du championnat national, ligue 1. Les membres de la fédération n’auront eu leur salut que grâce aux forces de l’ordre qui ont dispersé les manifestants et en arrêté certains. Le naufrage a été évité de justesse en tout cas pour le moment parce que l’organisation faitière du sport roi au Mali couverait beaucoup d’affaires financières rocambolesques.
Youssouf Sissoko