Le phénomène du Mariage précoce est un des plus préoccupants au Mali, particulièrement dans la région de Kayes. Pourtant, cette pratique représente une entrave à l’épanouissement de la jeune fille, quant à sa scolarisation, sa santé, sa participation à la gestion de la cité, à son pouvoir d’achat, et même… sa survie.
Aussi, l’Union des Radios et Télévision Libres du Mali (URTEL), en partenariat avec la Direction Nationale de la Promotion de la Femme, à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et la CAFO, dans le cadre de la mise en oeuvre du plan d’action 2007 du programme de coopération Mali/UNICEF (2003-2007), a organisé un atelier de production de messages en faveur de l’abandon des mariages précoces à Nioro du Sahel, du 8 au 10 août 2007, sur financement de l’UNICEF-Mali.
Cet atelier était présidé par le préfet de Nioro, le Colonel Fallé Tangara, accompagné du représentant de l’URTEL, de la présidente de la CAFO de Nioro, de la conseillère technique de l’UNICEF auprès de l’académie de Kayes, du maire de Nioro, et du représentant de la direction nationale de la Promotion de la Femme et de l’Enfant.
Cet atelier était organisé à l’intention des animateurs de radios des cercles de Kayes, Yélimané, Dièma et Nioro du Sahel, des chefs traditionnels religieux, des communicateurs traditionnels, des décideurs politiques et administratifs de la région, des leaders d’association de femme, des services techniques et des organisations non gouvernementales.
L’objectif de cet atelier est la production de messages adaptés au contexte de la région de Kayes, en vue de mener des activités d’information, de sensibilisation, d’éducation, de communication et de mobilisation sociale, pour amener les populations à un abandon de cette pratique.
A l’ouverture de l’atelier, le représentant de l’URTEL, M. Isaie Somboro, a noté que la problématique des mariages précoces est, aujourd’hui, au coeur des préoccupations. “Si nos cultures ancestrales ne la condamnent pas, force est de reconnaître que, de nos jours, cette pratique est un manquement grave à la convention relative aux droits de l’enfant et à celle sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, dont le Mali est signataire”, a-t-il déclaré.
A l’en croire, l’un des moyens de lutter contre le phénomène est certainement l’information, la sensibilisation et les créneaux porteurs, dont la radio. Pour la circonstance, M. Somboro a remercié l’UNICEF pour son accompagnement constant et multiforme pour le développement du Mali en général, et la promotion des droits des femmes et des enfants, en particulier.
Quant au maire de Nioro, M. Abbas Sylla, il s’est dit fier de voir les femmes se préoccuper des mariages précoces des petites fillles, qui est une atteinte aux droits des enfants. Ainsi, il salué le fait que la mairie ait servi de cadre à cette formation.
Au nom de toutes les femmes de la CAFO de Nioro, leur présidente Hiry Maguiraga a exprimé son mécontentement face à la pratique des mariages précoces dans la région de Kayes. Selon elle, cette pratique constitue un problème épineux. Aussi a-t-elle évoqué certains cas de mariages précoces constatés dans certaines communes du cercle de Nioro. Elle a enfin prôné la condamnation des violences faites aux filles, en matière de mariages précoces, et remercié le CAP, la CAFO, le préfet et le maire de Nioro qui n’ont ménagé aucun effort pour l’organisation de cet atelier.
Selon la conseillère technique de l’UNICEF, Mme Cissé Mariam Touré, la convention sur les droits des enfants condamne fermement toute action qui entrave l’épanouissement des enfants, et particulièrement la petite fille, dans tous les domaines. Selon elle, ces violations constituent des enfreintes à la convention des cinq grands actes de droits de l’enfant, signés et mis en vigueur au Mali depuis 1990. Ces droits sont ::les droits de l’enfant à un niveau général de bien-être de santé, les droits des enfants et de leur famille, les droits des enfants à l’éducation, aux loisirs et activités culturelles, les droits les enfants à une protection spéciale, et les droits civils et libertés de l’enfant.
C’est pourquoi, depuis 2003, l’UNICEF s’est engagée, avec ses partenaires, la société civile et les leaders coutumiers, dans la recherche des solutions au problème .D’où l’organisation des ateliers dans les différents cercles de la région de Kayes, principalement dans les communes, dont 15 ont été formées et 4 autres sont au programme, a noté Mme Cissé Mariam Touré.
Pour terminer, elle a exhorté tous les partenaires à mieux s’impliquer et à constituer un groupe de pression pour amener les autorités à prendre une décision nationale définitive visant à éradiquer ce mal qui est une des causes principales de déperdition scolaire et de mortalité des petites filles.
Le préfet de Nioro, le Colonel Fallé Tangara a ensuite mis l’accent sur les méfaits du mariage précoce. C’est dans ce sens qu’il a donné des exemples concrets, au cours de son intervention. Il a rendu aussi un hommage mérité à la présidente de la CAFO de Nioro, pour son effort pour la cause des enfants, ainsi qu’à l’URTEL, et l’UNICEF, pour ce partenariat fructueux.
Après l’ouverture de l’atelier, des communications ont été faites sur la problématique des mariages précoces au Mali : défis, enjeux et perspectives de la lutte contre les mariages précoces, place et rôle des décideurs dan cette lutte… Des communications suivies de différents témoignages sur des cas de mariages précoces, faits par la CAFO, le gendarmerie, les familles des victimes…
Pour la circonstance, un appel des principes de l’émission publique du microprogramme et du magazine a été fait par le facilitateur de la production de supports. Il en est ressorti qu’un microprogramme du genre très court, répétitif, contrairement à l’émission “jeu public”, suscite un intérêt particulier de l’auditoire à travers un thème basé sur une énigme, afin d’instaurer une réflexion collective.
Le rôle des médias
Dans la prévention des mariages précoces au Mali, ce rôle a aussi fait l’objet d’une communication. Après trois jours de travaux, les participants ont produit une émission radiophonique sur le thème production de messages en faveur de l’abandon des mariages précoces. Et c’est la commune rurale de Gogui (à 65 km de Nioro) qui a servi de cadre à ce jeu public. L’accent a été mis sur les méfaits du mariage précoce, dans le souci d’attirer l’attention des parents sur le phénomène.
A la cérémonie de clôture, le coordinateur régional de l’URTEL de Kayes, M. Ousmane Traoré, au nom de tous les participants, a salué la qualité de l’atelier. Selon lui, le thème “la production de messages en faveur de l’abandon des mariages précoces” est une belle initiative en matière de changement de comportement. A l’en croire, mieux vaut prévenir que guérir. Il a surtout apprécié l’innovation apportée à cette formation ,à savoir la production d’émission grand public à Gogui .
Quant à la présidente de la CAFO, Mme Hiry Maguiraga, elle a apprécié les thèmes débattus durant ces 3 jours d’atelier. Selon elle, la pratique du mariage précoce est une réalité à Nioro, ainsi que dans la région de Kayes. Pour la cause, elle s’est réjouie du partenariat fructueux qui lie l’UNICEF, la CAFO, l’URTEL et les autorités administratives de Nioro.
M. Ismaïl Maïga de l’UNICEF,a, au nom de sa structure, remercié les populations de Nioro pour l’accueil réservé à la délégation, avant d’exprimer toute sa satisfaction pour le résultat obtenu au cours des 3 jours d’atelier. De l’avis de M. Maïga ,le rôle des médias n’est plus à démontrer ,dans le changement de comportement. Mais le défi reste encore énorme, concernant le mariage précoce. Car c’est un phénomène qui ne pourrait être éradiqué sans l’implication de tous.
Quant au préfet, M. Fallé Tangara, il s’est engagé à transmettre les messages formulés aux plus hautes autorités, afin de bannir cette pratique dans la première région. Une table ronde, radiodiffusée et synchronisée sur l’ensemble du réseau URTEL de Nioro, a été organisée. Ce qui a constitué un des temps forts de l’atelier.
Signalons que cette formation a été sanctionnée par des messages d’engagement des autorités politiques de Nioro qui ont tous recommandé des sanctions contre quiconque ne respectera pas l’âge de mariage requis , qui est de16 ans.
Une remise Des dons ont été remis à la CAFO de Nioro, par M. Ismaïl Maïga, chargé de communication de l’UNICEF. Ce don est composé d’équipements complets d’ordinateur. Et des recommandations ont été formulées : la création d’un réseau pour les plaidoyers, la vulgarisation des informations sur les méfaits du mariage précoce, la formation des hommes de médias, le communication et l’organisation d’une journée d’information.
Mariétou KONATE,
Envoyée spéciale à Nioro du Sahel
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