Tout ou presque est inédit dans ce seul film qui part à la conquête de l’Étalon du Yennenga pour notre pays samedi soir.
Les réalisateurs jouent un duo (Boubacar Draba et Boucary Ombotimbé). Ils ont juste 30 ans. C’est la première fois qu’un long métrage malien voit tout son dialogue en langue dogon. Tous les personnages sont amateurs et ressortissants des villages dogons dans lesquels le film a été tourné. Last but not least, le film a coûté juste 2 millions de FCFA, vous avez lu, 2 millions de FCFA, puisés dans les poches de ces jeunes ambitieux, qui en ont eu besoin pour prendre la restauration des acteurs en charge, le décor naturel s’y prêtant déjà.
Le film est beau avec un paysage dogon : dans un petit hameau, un chasseur vit avec ses deux femmes. La première, Yamio, infertile après 10 ans de mariage, tente de se suicider à cause de l’humiliation que lui impose sa jeune coépouse, qui a donné un enfant à son époux. Sa tentative de suicide avortée, sur le chemin de son exil, elle arrive plus tard dans une grotte où vit le Roi de Barkomo. Elle trouve enfin la délivrance chez le Roi Ogono grâce à la naissance inattendue, enfin, de son bébé «gaucher» (nommé Anabaliéle) qui, selon les devins, était le seul à pouvoir sauver le village de l’inadvertance du Roi ayant sacrifié son cousin à son fétiche, s’attirant à lui et aux siens des malheurs (épidémie, sécheresse, récoltes de céréales au goût amer).
En remerciement, le Roi prend Yamio comme 2e épouse. Anabaliéle gaucher grandit dans une atmosphère de bonheur pour devenir un jeune homme doué, admiré de tous. Mais à l’âge de 18 ans, il devra fuir le village de la grotte sacrée, chassé par ses compagnons qui l’accusent d’avoir volé la fiancée du fils du roi…
Tourné donc dans de magnifiques décors naturels de la Falaise de Bandiagara, le scénario met en valeur les rituels enrichis de chants, de tambours et des danses de masques qui traduisent toute la gloire et la renommée de la tradition du Pays Dogon.
Moustapha MAÏGA