Il ne se passe pas un seul jour, ces derniers temps, sans que le front social ne connaisse une grève ou un mouvement de protestation populaire du genre meeting, sit-in ou marche. D’un secteur à un autre, le mécontentement et le désarroi se font sentir avec force, et mettent plusieurs services publics en état de veille. Le gouvernement passe plus de temps à tenter de désamorcer cette situation qu’il a créée plutôt que de s’occuper réellement des préoccupations du peuple.
Le dialogue réclamé par l’opposition et les forces vives de la nation est balayé d’un revers de main au profit du diktat des partenaires en déphasage avec les réalités du pays. La prorogation du mandat des députés et le projet de découpage électoral du ministre Ag Erlaf soulèvent un tollé général depuis un certain temps.
Malgré la gravité de la situation, le gouvernement, qui a opté pour la répression sauvage et la restriction arbitraire des libertés, fait semblant d’ignorer que le désespoir du peuple est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des tyrans déguisés en démocrates des temps modernes. Un vrai tigre doit savoir qu’un chat désespéré peut se jeter sur ses yeux et lui faire très mal.
La situation sociale en cette fin d’année semble inextricable, dans le sens où, dans un grand courant de mécontentement, on retrouve le secteur de la santé, les magistrats, les DFM, les enseignants, les affaires étrangères, les institutions, la police, les mines et même les centrales syndicales.
Au cœur de leurs revendications, on retrouve l’amélioration de leurs conditions sociales et professionnelles à travers le respect de certains engagements du gouvernement. Cette situation illustre un mal être et un mal vivre, qui se généralise et ne cesse de s’amplifier de jour en jour. Et ce, à travers, des scènes désolantes, où les services publics, les religieux, la société civile et les regroupements politiques en quête de sécurité, d’une gestion transparente et de liberté, défrayent la chronique chaque jour à juste titre. La volonté de s’en prendre aux libertés fondamentales au lieu de traiter le mal à la racine est devenue une source d’instabilité pour l’ensemble du pays.
Malgré les mises en garde répétées de la société civile et des structures dédiées à la protection des droits humains, le Premier ministre continue avec sa gestion patrimoniale du pays. Il s’agit pour Boubèye d’imposer la prorogation du mandat des députés et les réformes impopulaires qui vont redorer son blason aux yeux de la communauté internationale et en prélude aux échéances de 2023. Ignore-t-il que dans les vraies démocraties, la bonne gouvernance est un sédatif politique qui étouffe la contestation en lieu et place des coups de cross ? Une chose est sûre, celui qui affronte la contestation sans heurts, évite la conciliation dans la douleur.
Aujourd’hui, à tous les nouveaux, la confiance est brisée entre le gouvernement et les syndicats, les politiques, les religieux… En d’autres termes, la méthode Boubèye a montré ses limites dans la conduite des affaires du pays. Les mosquées ont donné le ton aujourd’hui à travers des prêches virulents contre le régime IBK.
L’UNTM est dans les starting-blocks depuis son préavis de grève. La marche de demain est une occasion pour les victimes de la politique Boubèye de manifester leur mécontentement. Mais également, de dire à IBK que qui veut être heureux tout seul ne le sera jamais, car tout le monde contestera son bonheur. C’est à ce niveau que notre pays se trouve aujourd’hui.
Les clans du président de la République et du Premier ministre se partagent les maigres ressources du Mali. Pendant ce temps, les fils des pauvres qui croupissent sous le poids de la cherté de la vie, meurent dans l’indifférence totale dans une bonne partie du pays abandonnée par l’Etat. Le cas récent de Ménaka est une parfaite illustration. Seule la Munisma est disposée à ouvrir une enquête pour les dizaines de morts. Pourtant, la force de Boubèye a pignon sur rue à Bamako face à des civils à mains nues. Que Dieu sauve Mon Mali !
Lamine DIALLO