Le Mali sous IBK : Des années de gâchis !

0

Le 18 août 2020, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta dont le Régime était violemment contesté par Maliens, rendait dans la soirée sa démission aux militaires qui l’avait conduit manu militari au camp de Kati. La chute de l’ancien président IBK s’explique en bonne partie par une gouvernance calamiteuse qui pendant sept ans a plongé le pays dans presque tous les domaines, (sécuritaire, économique, social) une impasse. Retour sur les évènements qui ont précédé la chute d’IBK !

En effet, pendant ses sept ans de magistère, Ibrahim Boubacar Kéïta s’est illustré par une mauvaise gouvernance, corollaire d’une gestion criblée de scandales financiers qui paralysent le fonctionnement de l’Administration et asphyxient l’économie.  De 2013, à 2020 les Maliens triment. Le président Ibrahim Boubacar Kéïta à aligne les échecs, de son arrivée au pouvoir jusqu’ à son départ.

En première ligne de ce qu’on pourrait qualifier de « fiasco monumental » dans la gestion des affaires publiques, figure l’élément fondamental qui avait fondé son élection, à savoir la gestion de la crise du Nord. Ibrahim Boubacar Kéïta n’a pas connu meilleur sort en matière de lutte contre la corruption et la délinquance financière, de création d’emplois, de réalisation d’infrastructures, de bonne gouvernance, de gestion du front social et politique, du bien-être des populations etc… Conséquence ? L’Etat du Mali est au bord du gouffre. Et face à ce tableau peu réjouissant, des associations et partis politiques ont décidé d’unir leurs forces pour sortir le pays de la grave crise qu’il traverse. Ce fut autour d’une mobilisation populaire conduite par le ‘‘Mouvement du 5 juin des forces patriotiques’’ (M5-rfp).

Aussi, en répondant massivement aux appels à manifester du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) -les 5 juin, 19 juin, 10 juillet, et 11 août 2020-, les Maliens ont clairement et fortement exprimé leur colère contre la gestion « clanique » du pouvoir par IBK.

Si les deux premières manifestations avaient été pacifiques, l’avant-dernière a, quant à elle, semblé revêtir toutes les caractéristiques d’une insurrection et d’un début de révolution.

À l’appel de leurs Leaders, les manifestants ont assiégé les locaux de la télévision nationale (l’ORTM) et occupé les différentes grandes artères, ainsi que deux des trois ponts reliant les deux rives du fleuve Niger qui traverse la capitale. Il s’agissait d’enclencher le processus de désobéissance civile qui avait été prononcé par les leaders du M5-rfp, afin de contraindre IBK à la démission.

Bien qu’annoncée (officiellement) pacifique par les leaders du M5-RFP, la manifestation du 10 juillet a fortement dégénéré sur le terrain, donnant lieu à des pillages, à la destruction de biens publics et privés, à des saccages de stations-service, etc. La plus emblématique des violences commises par les manifestants, ce jour-là, reste le saccage du siège de l’Assemblée Nationale, qui fut totalement pillé et incendié. La réponse des Autorités à la fronde fut jugée violente et disproportionnée, car ayant causé des morts (23 selon le M5-rfp, 11 selon les autorités maliennes) et une centaine de blessés. Dans ce climat de fortes tensions, plusieurs des leaders du M5-RFP ont été mis aux arrêts par le pouvoir. La situation avait atteint un point de non-retour.

Le M5-rfp s’était constitué autour de la demande de « démission du Président Kéïta et de son Régime ». Mais l’Imam Mahmoud Dicko, qui en représente la caution morale, avait difficilement fini par convaincre les autres Leaders du M5-RFP (après ses multiples rencontres avec des ambassadeurs en poste à Bamako, les Emissaires de la CEDEAO, et IBK lui-même) de renoncer à leur exigence de démission du président.

Le mémorandum adressé à IBK, dont le contenu fut dévoilé le 1er juillet 2020, portait donc sur plusieurs autres points cruciaux : une réforme de la Cour constitutionnelle, afin que cette instance n’apparaisse plus comme l’instrument du pouvoir ; la dissolution d’une Assemblée Nationale fortement contestée ; et la formation d’un gouvernement d’union nationale, avec un Premier ministre de plein pouvoir qui serait une personne crédible et consensuelle aux yeux de l’ensemble des Maliens.

Le 8 juillet, contre toute attente, le président IBK, dans une troisième adresse à la nation depuis le début de la crise le 5 juin, et après avoir reçu les Leaders de la contestation, ne fit aucune concession concrète pour rassurer ces derniers. Il leur suggéra simplement de prendre contact avec la majorité présidentielle et de discuter avec celle-ci des modalités de sortie de crise. Ce positionnement fut perçu par les leaders de la contestation comme une manière de les dénigrer et de réduire leur combat politique à une simple recherche de positions personnelles. On pouvait déjà retenir de cette situation qu’IBK était assez loin de mesurer la gravité de la situation sociopolitique. Dès lors, sa démarche fut interprétée par les contestataires comme une manœuvre dilatoire visant à gagner du temps en espérant une implosion du mouvement. C’est à ce moment que le M5-RFP décida de rompre toute négociation et de revenir à son exigence initiale, à savoir la démission pure et simple d’IBK. Au final, IBK n’a réellement fait aucune concession. Le dialogue engagé entre l’opposition et le pouvoir avait donc perdu tout son sens. Les différentes actions (ou plutôt l’inaction) du président ont contribué à radicaliser les positions des contestataires.

Finalement, les militaires arrêtent simultanément IBK et son premier ministre Boubou Cissé. Le Président contesté de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné, ainsi que plusieurs Ministres des Gouvernements actuel et précédent sont également interpellés. Le 19 août, vers minuit, le dernier discours du président IBK dans lequel il annonce sa démission, la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement est retransmis à télévision nationale, l’ORTM.).

Epilogue d’un régime qui aura montré pendant sept ans toutes ses limites. Un président qui aura mené l’Etat du Mali dans un gouffre.

L’espoir né le 19 septembre 2013 s’est estompé au fil du temps. Désillusion, déception, découragement et pessimisme à l’intérieur, érosion de la crédibilité extérieure du pays, tels sont les éléments constitutifs de la réalité malien aujourd’hui. Sept ans après l’entrée en fonction du Président IBK, le Mali va très mal. Les années qui viennent de s’écouler ont été sept années perdues pour le Mali. Rien de concret n’a été réalisé : ni intégrité du territoire, ni unité nationale ni réconciliation, ni paix, ni stabilité, ni décollage économique, ni reconstruction de l’État. L’incapacité du Président et de ses Gouvernements à faire face à la situation se passe de commentaires. Le malaise social était profond et tout au long de ses mandats, i l a fait face à une vague de manifestations et de contestations : les grèves des enseignants, des magistrats, des médecins, les manifestations contre les massacres dans le centre du Mali…des échecs dans tous les domaines. Des preuves existent pour étayer l’échec de celui-là même qui se disait être le messie que les Maliens attendaient. L’on devrait insister particulièrement sur son incapacité à résoudre la crise du nord qui fut le principal facteur qui a impulsé son élection en 2013.

Entre fausses promesses et discours creux

Le 4 septembre 2013, fraîchement élu, le président IBK a juré de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Sept ans après, au-delà des paroles dont le pays est régulièrement abreuvé, l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national restent des vœux pieux. De toute évidence, le garant constitutionnel de l’Unité nationale a échoué dans sa tentative de restaurer la paix et la stabilité, singulièrement pour ce qui est du Nord, où la souveraineté de l’État reste contestée par divers groupes armés malgré la signature de l’Accord de paix qui peine à s’appliquer.
Le Centre du pays s’est embrasé. La situation explosive dans la région de Mopti n’a pas reçu l’attention nécessaire et le traitement adéquat du pouvoir en place. De la première attaque contre Nampala en janvier 2015 à la brève occupation de Boni en septembre 2016, les Maliens n’ont pas vu ce que le président de la République a tenté pour désamorcer la bombe du Centre et résoudre la crise qui couvait. De revers en revers, les FAMAS ont payé un lourd tribut à de l’inexistence d’une stratégie claire qui aurait dû être définie par IBK. De façon générale, pendant le mandat du président, il y a eu plus de morts au Mali du fait du conflit que pendant les 60 années précédentes, de 1960 à 2020.

En effet, la comptabilité macabre donne des frissons : 115 morts de septembre à décembre 2013 ; 306 morts de janvier à décembre 2014 ; 538 morts de janvier à décembre 2015 ; 352 morts de janvier au 15 septembre 2016 ; et plus de 1200 morts de janvier 2017 à nos jours. Au total, au moins 2200 civils, militaires maliens et étrangers ont perdu la vie dans notre pays depuis les débuts du mandat du président.

Face à cette situation désastreuse, IBK et son gouvernement font la politique de l’autruche. Et, chaque fois que le chef de l’Etat a fait des déclarations va-t-en guerre, un petit communiqué des rebelles a suffi pour qu’il revienne sur terre. Ceci est l’œuvre du candidat à la présidentielle de juillet 2013 qui avait fait la promesse de mater la rébellion. Il avait rejeté toute idée de dialogue avec « les gens armés ». « Aucun bandit ne se hissera à mon niveau… On ne me trimbalera pas… ». Ce sont là, entre autres discours entendus à Koulouba. Mais, après la débâcle de Kidal, en mai 2015 suite à la visite controversée du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, le chef de l’Etat change son attitude vis à vis des groupes armés qui sont désormais conviés à des banquets au palais présidentiel de Koulouba… C’est avec plaisir et tous les honneurs qu’il reçoit les délégations des criminels du Mnla et consorts, alors que ceux-ci squattent encore les locaux de l’administration à Kidal et s’opposent à toute reprise en main du Mali sur cette région. Au même moment, les discours hypocrites nous font croire que le Mali est libéré de la rébellion et qu’il ne reste que l’emprise djihadiste. Pire, sous IBK, des criminels sont libérés, tout en faisant croire, la main sur le cœur, que les crimes seront punis.

 Que de scandales !

Incapable de changer de cap, malgré les multiples cris de détresse, l’ancien président de la République a finalement conduit le Mali dans le gouffre.

Ainsi, durant ces sept ans rien n’est allé sur le plan économique, social et sécuritaire. Malgré ce chaos généralisé, IBK et son Gouvernement se sont plu dans l’autosatisfaction pour masquer leur échec. Des chiffres de croissances ont été « fabriqués » comme des preuves du décollage du Mali, alors que le peuple vit un quotidien infernal. Les prix des denrées de première nécessité ne cessent de grimper et le pouvoir d’achat des Maliens s’effrite au fil des jours. Cherté de la vie, bas niveau de la vie, insuffisance des services sociaux de base…le peuple exaspéré.

La forte demande sociale exprimée à travers des grèves décrétées par différents syndicats en disait long sur le ras-le-bol général. Nul besoin de rappeler les multiples arrêts de travail enregistrés dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la magistrature… Les chômeurs ou encore des débrouillards (petits commerçants et autres) sont dans un état de dénuement total.

IBK a passé 7 ans à Koulouba, sans initier le moindre chantier de développement. Il se contente d’achever les travaux de ses prédécesseurs. Ainsi le centre universitaire de Kabala, l’hôpital de Mopti ou encore le palais des sports… ont été inaugurés à grand renfort publicitaire. Ces chefs-d’œuvre sont mis dans son bilan. Et pour cause…

Durant les années de son règne, la République a été éclaboussée par des scandales aussi graves et humiliants que l’affaire Tomi Michel, celles de l’avion présidentiel et du contrat d’armement. D’autres dossiers liés aux nominations controversées et aux dépenses de prestige du locataire de Koulouba ont aussi été révélés au monde entier. Mais longtemps, les patriotes se souviendront du marché de gré à gré de 69 milliards de FCFA attribué en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle, Sidi Mohamed Kagnassy, directeur général de la société Guo-Star Sarl et promu aussitôt après conseiller spécial du président. Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que le ministre des Finances a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA.

En clair, l’Etat a payé la caution de l’adjudicataire à sa place. Ce qui a provoqué l’ire du FMI et d’autres partenaires techniques et financiers. A cela s’ajoutent d’autres dossiers aussi encombrant que l’affaire Tomi Michel, le poids de la famille présidentielle dans la gestion du pouvoir ; les coûts de la rénovation de la résidence privée, du palais présidentiel et du Budget de la Présidence en constante augmentation, pléthore de Ministres et de Responsables (ayant rang de Ministres) avec leur coût exorbitant pour l’Etat, frais divers de l’Assemblée nationale, incessants voyages présidentiels à l’étranger, frais de bouche à Koulouba… Le Trésor public malien ploie sous le coût des dépenses liées à l’entretien des princes du jour.

Mémé Sanogo

Commentaires via Facebook :