Faute de sanctions contre la pratique sur le mariage d’enfants, le phénomène est recrudescent et des millions de jeunes filles vivent le calvaire dû au mariage précoce.
-Maliweb.net- « J’ai été mariée à l’âge de 14 ans, mon mari très âgé me battait, privée d’école je suis sans aucune source de revenu » se lamente K.T. Fatou aujourd’hui âgée de 18 ans connaît cette souffrance, elle a été privée de ses droits à l’âge de 13 ans. Mariée de force à un inconnu, elle a été forcée d’abandonner ses études pour ‘vivre sa vie de femme’. Une étape difficile de sa vie car elle accoucha d’un enfant mort-né et ne peut plus jamais enfanter à cause des séquelles de sa grossesse précoce et difficile.
Le Mariage d’enfants est loin d’être un jeu d’enfants, et encore moins une partie de plaisir pour ces millions de jeunes filles à qui on vole toute innocence et les plongent précocement dans les ténèbres d’un foyer qu’elles n’ont pas choisi.
Selon un rapport de l’UNFPA (Fonds des nations unies pour la population), au Mali 55% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. La même enquête démontre les conséquences néfastes de la pratique des mariages d’enfants. Des conséquences dont résultent : les complications obstétricales, décès maternels, naissances prématurés, fistules, déscolarisation des filles etc.
Cette complication s’illustre par A .T, victime de mariage précoce, elle souffre de fistule, hébergée au Centre OASIS centre d’accueil pour les malades de la fistule à l’hôpital Point G de Bamako. La jeune fille témoigne : « A l’âge de 15 ans j’ai été forcée à me marier à un ami de mon père. Je ne voulais pas au début j’ai essayé de fuir mais ils m’ont toujours retrouvée. Mon père menaçait de répudier ma mère et mes petits frères. De sa grossesse, la jeune fille raconte avoir vécu une grande atrocité, abandonnée par son mari, elle se fait soigner au centre.
La problématique du mariage des enfants est un véritable problème public dans la société malienne. Et des organisations de la société civile, les ONG et leurs partenaires à ne citer que l’Ong A. Soro, FAWE-Mali, l’ONG –Walé, Oxfam mènent différentes campagnes de sensibilisation pour mettre fin à la pratique du Mariage d’enfants au Mali à travers la communication et la sensibilisation, une synergie d’action avec les contributions des communautés (leaders religieux, notabilité locaux et décideurs) pour arrêter le mariage d’enfants.
Car tous sont unanimes du poids des pesanteurs socioculturels sur le phénomène. Selon certains préjugés relevés par les études menées sur la pratique, les raisons évoquées sont : craintes de perte de la virginité, grossesse avant le mariage, raisons économiques.
Que dit la loi malienne sur le mariage d’enfants ?
Le Mali doit harmoniser ses textes avec ses engagements internationaux Comme l’indique Me Nadia Myriam Bioulé, présidente de la fondation Héra spécialisée dans la promotion des droits des femmes, il est important que le pays puisse se doter d’une loi sur les violences basées sur le genre.
En effet, il existe au Mali un vide juridique qui empêche de sanctionner les auteurs de mariages précoces. Le code des personnes et de la famille du Mali fixe l’âge légal du mariage de la fille à 16ans avec le consentement de ses parents. Chose qui est en déphasage totale avec les engagements internationaux où l’âge légal est de 18ans (Charte africaines des droits et le bien-être des enfants, la convention relative aux droits des enfants).
Khadydiatou SANOGO/Maliweb.net