Le Mali, à l’instar de l’ensemble des pays du monde, a célébré avec faste la Journée internationale de la femme le 8 mars. Les Ambassadeurs de l’Union Européenne accrédités dans notre pays ont mis à profit cette journée pour rendre visite à l’Association des juristes maliennes (AJM). L’occasion était opportune pour les diplomates d’échanger et de discuter avec les membres de l’AJM sur les difficultés d’accès des femmes à la justice et aux postes de responsabilités.
L’Association des juristes du Mali, à travers sa clinique juridique, œuvre depuis plus d’une vingtaine d’années à la défense et à la promotion des droits de la femme et de l’enfant. Pour les soutenir dans leur action de tous les jours, les Ambassadeurs de l’Union Européenne, avec à leur tête le chef de la délégation de l’Union européenne, Giacomo Durazzo, ont visité, le mardi 8 mars, la clinique juridique de l’Association des juristes du Mali (AJM) afin d’échanger sur les difficultés et les avancées de leur travail au quotidien.
Ont pris part à cette visite l’Ambassadeur de France par intérim, Vincent Hommermi, les Ambassadeurs de la Grande Bretagne, Nick Griffiths, d’Allemagne, Karl Flittner, des Pays-Bas, Ellen Van-Der-Laan, de la Belgique, Luck Resch, de l’Espagne, Lourdes Melendez Garcias, entre autres. Situé au flanc de la colline de Garantiguibougou, la clinique juridique assiste les femmes en situation difficile pour leur accès facile à la justice. La mission de la clinique est de fournir des informations juridiques sur des questions diverses, touchant la plupart des domaines du droit tels la protection des droits fondamentaux et surtout l’accès des femmes à la justice.
Les consultations sont gratuites et entièrement confidentielles. Le public cible, c’est principalement les couches déshéritées de la société, les personnes qui sont en marge de la justice. L’objectif de la clinique est de les aider à avoir accès au service de la justice. Cette Association des juristes maliennes a vu le jour en 1988.
A en croire sa présidente, c’est une association professionnelle composée de plus d’une cinquantenaire de femmes qui sont des magistrats, d’avocates, de notaires, d’huissiers, de juristes d’entreprise et de commissaires-priseurs. A côté de cela, l’Association a mis en place un cercle d’amis qui la soutient dans ses activités au quotidien. A travers sa clinique juridique mobile et ses cliniques juridiques implantées à Kayes, Sikasso, Mopti, Tombouctou et Gao, l’AJM mène des activités qui couvrent l’ensemble du territoire. Toujours selon sa présidente, l’Association des Juristes Maliennes est membre de plusieurs organisations au plan mondial. Elle a su tisser un important faisceau de relations et a acquis une notoriété qui lui a valu d’être membre de la Section internationale des femmes de carrière juridique et d’obtenir le statut d’observateur auprès de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
A l’actif de l’AJM, on peut citer, entre autres : une étude sur les lois et politiques qui influencent la vie reproductive des femmes en 1999 ; un guide juridique de la femme au Mali qui a été traduit en 3 langues nationales en 2001 ; une étude sur les violences faites aux femmes en 2003 ; une étude sur la médiation et une autre sur les mariages forcés et précoces en 2008.
En outre, l’AJM a organisé plusieurs ateliers et séminaires de formation à l’intention des praticiens du droit afin de les sensibiliser aux droits de la femme et les amener à appliquer effectivement les instruments juridiques régionaux et internationaux ratifiés par le Mali dans ce domaine. C’est pourquoi, l’Association a inscrit ses actions essentiellement dans le domaine de l’information et de l’assistance juridiques et judiciaires au profit des femmes et des mineurs démunis, de la formation sur les instruments juridiques nationaux et internationaux ayant un impact sur le statut de la femme et de l’enfant, de souligner Me Dembélé Fatoumata Doumbia. Elle œuvre aussi à la défense et à la promotion des droits de la femme et de l’enfant. Selon la présidente de l’Association, Mme Dembélé Fatoumata Doumbia, la justice souffre dans notre pays de dysfonctionnements et n’offre pas suffisamment de garanties à l’égalité de tous devant la loi. Les femmes, du fait de leur vulnérabilité, rencontrent plus de difficultés que les hommes dans l’accès au service de la justice, au droit à être jugées dans un délai raisonnable et à se faire assister par un avocat de leur choix. Ainsi, la clinique juridique, de sa création à ce jour, a pu traiter plus de 1 000 dossiers dont 60 % des cas se retrouvent devant la justice et 40 % se règlent à l’amiable. Malgré ces acquis, relatifs à l’éveil des consciences et à la prise en compte des droits de la femme et de l’enfant dans les lois et politiques, la participation de la femme malienne dans les instances de prise de décision n’est pas encore à hauteur de souhait, regrette Me Fatoumata Zouboye, notaire.
L’Association est confrontée à de nombreuses difficultés comme la rareté des financements, le manque de siège qui l’oblige à des déménagements incessants a-t-elle souligné. Le Chef de la délégation de l’Union Européenne, Giacomo Durazzo, a soutenu que cette visite voulue par les diplomates vise à instaurer un cadre d’échange pour comprendre les difficultés de l’AJM dans son travail au quotidien.
A le croire, l’AJM est une association sérieuse qui mérite d’être soutenue dans ses actions visant à soutenir les femmes pour leur accès facile à la justice. Giacomo Durazzo s’est dit ravi de cette séance d’échange avec l’Association des juristes du Mali et a salué le travail accompli par l’AJM. Il a promis l’aide de son institution dont l’un des axes d’intervention est la promotion du genre.
Ramata TEMBELY
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