Le henné naturel, un produit en perte de vitesse

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Le henné « naturel » est un cosmétique d’origine végétale, commercialisé sous forme de poudre à diluer et obtenu après le séchage et le broyage des feuilles d’une plante originellement cultivée en Iran et en Mésopotamie, le Lawsonia inermis.

Le henné est un colorant d’origine végétale obtenu à partir des feuilles séchées d’une plante odoriférante. Il est utilisé depuis des milliers d’années pour la coloration des cheveux et la peinture corporelle. La molécule extraite des feuilles est commercialisée sous forme de poudre à préparer en pâte. Les tatouages au henné sont aussi temporaires : les pigments sont appliqués sur la peau et disparaissent au bout de quelques semaines.

Le henné est un produit utilisé par les femmes maliennes. La nouvelle mariée ou maman qui vient d’accoucher l’utilisait pour enduire ses pieds et ses mains. Ce qui n’est plus le cas. Son utilisation est laissée aujourd’hui aux femmes âgées, les jeunes filles préférant le henné artificiel.

C’est que déclare Korotoumou Doumbia, vendeuse, depuis vingt ans, au marché de Kalaban-Coro. Elle estime que le marché n’est plus florissant. Selon elle, les femmes l’utilisent pour se rendre belle. 

« Les grandes dames d’un certain âge, qui veulent toujours se mettre en valeur, l’appliquent sur leurs pieds tout le temps », affirme Aminita Traoré, une autre vendeuse de henné. Même son de cloche chez Djali Dianka qui pense que le henné soigne la dermatose (Kaba). « Le henné rend le pied lisse en mettant fin à la kératodermie plantaire », assure-t-elle.

Le henné, c’est pour la vieille époque

Les vendeuses de henné déplorent l’abandon de son usage par les femmes, surtout pour les plus jeunes. « Le henné, c’est pour la vieille époque » tranche Mariam Koné, élève en terminale. Selon elle, les jeunes femmes avec leur histoire de « civilisation » et de style préfèrent le « indoujabi » au henné traditionnel.

Parce que, poursuit-elle, avec « indoujabi » on peut faire beaucoup de dessins. « Ce qui n’est pas le cas avec le henné traditionnel. De plus avec le henné traditionnel, on ne pas faire des fleurs ou des tatouages, et c’est ce que les filles aiment », commente-t-elle.

« Les filles ne s’appliquent pas le henné parce qu’il n’est pas moderne, et c’est un peu démodé ; en plus, les filles qui l’utilisent sont considérées par les autres comme non civilisées, des filles qui ne sont pas à la mode » renchérit Adam Guindo, étudiante. 

Selon l’étudiante Assitan Coulibaly, les filles pensent que le henné est l’apanage des femmes mariées et femmes âgées. « Elles pensent que le henné ternit la jeunesse d’une fille », affirme-t-elle.

Le henné traditionnel protège la peau

L’usage du henné traditionnel n’a pas de conséquence sur la peau sauf si l’on le mélange avec d’autres produits chimiques. À en croire Dr. Mamadou Gassama, Dermatologue à l’hôpital Dermatologique de Bamako. Selon lequel, l’usage du henné peut protéger la peau.

« La couche de henné qu’on met sur le pied peut hydrater la peau, empêche la progression de la kératodermie plantaire et non la soigner définitivement », explique-t-il.  Par contre, Dr. Gassama a déclaré que l’usage du henné artificiel (Indoudjabi) peut provoquer des dermatoses. Il provoque des allergies comme l’urticaire (kalia bonbon).

Les trois types de henné

Le henné est en effet commercialisé sous trois formes aujourd’hui : le henné « naturel », le henné « neutre » et le henné « noir ». Les vertus des uns et des autres sont totalement différentes et les risques associés à leur usage aussi. Donc, il convient de bien les connaître. Le henné « naturel », produit à partir du Lawsonia inermis, donne naturellement une coloration rouge, jaune ou orangée.

Fadial N. DEMBELE, Stagiaire/ Abdrahamane SISSOKO

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