Haut représentant de la Présidente de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’UA pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), Pierre Buyoya était face aux journalistes hier, mardi 4 mars 2014 au siège de l’organisation à l’ACI 2000. Le conférencier s’est félicité de l’avancée notoire enregistrée au plan politique avec la mise en place des institutions de la République avant de constater qu’il y a encore du chemin à faire par rapport à la situation sécuritaire.
Pour l’ancien président burundais, la situation politique générale au Mali a évolué dans le bon sens. Il l’a noté avec satisfaction le bon déroulement des élections générales dont le parachèvement a été la mise en place récente de la nouvelle Assemblée nationale.Pierre Buyoya a souligné toutefois qu’il y a encore des choses importantes à faire notamment en ce qui concerne le processus de réconciliation. Il s’est félicité des rencontres des 13 et 14 février sur le retour à une paix définitive avec l’évaluation des différents accords signés et la question de la nécessité du cantonnement des groupes armés. ” A ces rencontres, tout le monde a noté avec satisfaction l’ambiance détendue des travaux avec la présence de tous les acteurs. Nous avons noté qu’un pas extrêmement important a été fait. On s’est rendu compte que les Maliens peuvent se parler entre eux au Mali sans intermédiaire “, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le Gouvernement a inscrit dans son agenda l’amorce des pourparlers inclusifs passant par des foras des femmes, des jeunes.
Au plan sécuritaire, le patron de la MISAHEL a noté la recrudescence de l’insécurité au Nord avec des incidents comme les tirs de roquettes, les attaques contre des travailleurs miniers, des forains, l’enlèvement d’humanitaires. Avant d’expliquer qu’il est a priori normal qu’avec un temps de répit, les groupes armés tentent de revenir quand tout le monde pense au retour total de l’administration dans ces zones. “Il appartient à ceux qui sont sur le terrain, l’armée malienne, les forces Serval, la MINUSMA de s’organiser pour faire face à ces attaques “. Abordant le volet prévention des conflits au Sahel, Pierre Buyoya a mis un accent particulier sur la ” stratégie de l’UA pour la région du Sahel “, adoptée le 19 février dernier lors d’une rencontre de haut niveau à Niamey. Ce document comporte trois axes majeurs pour prévenir la survenance des crises comme celle qui a frappé le Mali en 2012 : la sécurité, la gouvernance et le développement.
Concernant la gouvernance, le plan d’actions 2014 appelle à la consolidation de l’État de droit, au renforcement des institutions démocratiques, à la décentralisation administrative et au partage d’expériences. S’y ajoutent la lutte contre la corruption et la promotion des normes internationales de gestion, la promotion des droits humains et de l’action humanitaire, l’appui au processus de dialogue et de réconciliation, l’appui aux processus électoraux dans la région, la promotion de la paix et de la cohésion à travers les leaders religieux et traditionnels, la gestion des conflits et l’intégration des communautés nomades
A propos du volet sécuritaire, la MISAHEL met l’accent sur la promotion de la coopération régionale en matière de sécurité, la participation à la réflexion pour l’approfondissement du Processus de Nouakchott, la coopération avec les partenaires dans le domaine de la sécurité.Enfin à propos du développement, il est question de la collaboration régionale sur des projets d’infrastructures et de développement, l’insertion socioéconomique des jeunes et des femmes, le développement agricole et pastoral et le soutien à la résilience des populations. La MISAHEL compte, à ce niveau, mettre en œuvre des projets de développement pour soutenir les jeunes et les femmes du Mali et d’autres régions du Sahel.
Bruno D SEGBEDJI