Le dossier noir de l’intégrisme : La Commune V en état d’ébullition Assaut final, riposte fatale !

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Les élus municipaux de la Commune V  tiennent ce matin, dans la salle de délibération de la Mairie,  une session extraordinaire ayant pour objet  l’examen des doléances de l’Imamat-CV et des discussions au sujet des bars et hôtels dans la commune. Cette session intervient  seulement  six jours après l’échec quelque peu  rocambolesque, d’une rencontre prévue le mercredi dernier entre le maire de la commune, Boubacar Ba dit  Bill, et certains représentants de l’Imamat de sa commune.

Dans une correspondance adressée à monsieur le gouverneur du District à cet effet, le maire a fait un compte rendu circonstancié  de cette rencontre devant se tenir au sujet des bars et hôtels. Nous avons pu nous procurer une copie de ce  courrier, que nous portons ici à la connaissance de nos lecteurs et de l’opinion publique. 

« Ce mercredi 15 juin entouré de mon premier adjoint et du secrétaire général, j’ai reçu en audience une suite de douze personnes se réclamant de l’imamat de la Commune V. A l’occasion, les cinq représentants  de la brigade de gendarmerie de Faladié, les 4ème, 11ème et 15ème  arrondissements,  étaient  présents conformément à l’avis n°044/MCV/DB de la veille. En raison du caractère récurrent du sujet, le président du Haut conseil islamique de la commune, monsieur Seydou Niangado, a participé à la réunion à ma demande. Après les salutations d’usage, les visiteurs ont, par la voix de monsieur Abdramane Senou, adjoint de l’imam Konaté de Kalaban-Coura, prononcé le verset du Saint Coran relatif à l’interdiction de l’alcool. Suite à cela, les échanges ont commencé. J’ai précisé que, conformément à leur lettre  ils pouvaient remplacer leurs représentants de leur point de vue inaptes pour la mission de la commission. En revanche, j’ai spécifié concernant les autres changements que seule la tutelle, voire le Ministre, était compétente. Un des intervenants, monsieur Mahamadou Bassoum, a rappelé des points de doléances : l’âge avancé de Bah Traoré,  le représentant de l’imamat ; le refus de la présence du 1er  adjoint  comme président et membre de la commission ; le fait de confier la présidence de la commission à leur association ; la nomination de sept de leur représentant  dans la commission et la demande d’associer  l’un des leurs par quartier  lors du recensement. Il rappellera,  en rupture avec l’objet de l’audience,  les fois où le maire  s’est abstenu de répondre  présent à certaines de leur séance de prière (pluie), de lecture du  Coran (prêche publique).
Position de fermeté sous peine de dérive religieuse

Pour terminer, il dira que s’il s’agit d’aller voir le gouverneur ou le ministre qu’il n’y avait aucun problème. Il a invité  les onze autres à quitter la salle de réunion qui fut aussitôt abandonné par l’ensemble des visiteurs à la surprise et l’étonnement total des autres participants  car la séance ne faisait que commencer. Fort de tout ce qui a précédé, les présents incidents, il y a lieu de tirer un enseignement et de dégager une position de fermeté sous peine de dérive religieuse de la question des bars et hôtels ».

Un conflit aux multiples rebondissements ? Sans aucun doute, car le lendemain (jeudi 16 juin), le Maire de la Commune V  recevait à son tour  une nouvelle correspondance ou « alerte » signée du Commissaire de police du 4ème Arrondissement de Bamako,  le Contrôleur Général,  Abdoulaye Danfaga, et dans laquelle celui-ci écrit :

 «Ce jour 16 -06- 2011, à partir de 09 heures à la mosquée wahabiste dite mosquée Diaby  à Badalabougou, s’est tenue une  réunion à laquelle ont participé plusieurs dizaines de musulmans venant des quartiers de la commune. A  l’issue de la réunion, le bureau de l’Imamat-CV a décidé : que les fidèles, dans toutes les mosquées de la Commune V, soient informés après la prière du vendredi 17-06-2011 sur la prolifération des bars avoisinant les lieux de cultes, les mosquées et les maisons d’habitation des musulmans ; que les fidèles signent les pétitions distribuées dans toutes les mosquées demandant la démission du maire et de son 1e adjoint, Ibrahim Dione ;

-que tous les fidèles se retrouvent le vendredi 24 juin 2011 à 14 heures devant la mairie de la Commune V où le bureau remettra ladite pétition d’abord au maire de la commune, ensuite au mairie du District, au gouverneur du District, au ministre de l’administration territoriale et des Collectivités locales, au premier ministre et enfin au président de la République.

La réunion a pris fin aux environs de 11 heures, sans incidents. »
Arrêter ici et maintenant  cette chienlit !

« Trop, c’est trop ! Nous allons arrêter ici et maintenant  cette chienlit ! » C’est par cette  boutade colérique, que  les  chefs de quartier se désolidarisent entièrement des incartades de cette horde d’intégristes, aux mœurs réputées même quelque peu   légères. En effet, les chefs des huit quartiers de la commune et leurs conseillers respectifs, soit quinze personnes par quartier, ont été reçus à leur tour ce vendredi par le maire dans le but d’échanger sur la grave situation qui prévaut dans la commune, par rapport à la gestion des bars et hôtels. Après quelques minutes d’échanges et de discussions courtoises, les chefs de quartier ont été unanimes : « Trop, c’est trop ! Ça suffit maintenant. C’est par votre faute que cette affaire a pris une telle ampleur. Il fallait, dès le départ, tenir un vrai langage de fermeté. Ce que vous ne savez  pas, ces imams-là  et leurs fidèles ne sont jamais d’accord entre eux. Dans toutes les mosquées il y’a de violentes déchirures, des  divisions. Que peuvent-ils faire, si ce n’est un horrible chantage ? » 

Dorénavant chaque chef de quartier va convoquer ses imams (qui ont manifestement  outrepassé leurs rôles et leurs prérogatives)  pour leur dire que « la recréation doit prendre fin maintenant », sous peine d’un  vif embrasement de la commune. Les représentants de la chefferie locale et les élus municipaux sont tous d’accord sur un point : ce n’est pas l’imamat, une structure informelle, qui gère les questions religieuses dans ce pays.

La seule et  véritable structure officielle reste le Haut conseil islamique. Le lourd silence ou l’indifférence notoire  de son président  qui réside pourtant en Commune V  intrigue aujourd’hui plus d’un. Excès de prudence ou simple souci de  respecter son représentant au sein de la commission, en qui il a placé toute sa confiance. Ce représentant, Seydou Niangado, est du reste en total désaccord avec les représentants de l’imamat sur la gestion des bars et hôtels dans la commune. Une chose est sûre, de nombreuses personnes soupçonnent certains politiciens véreux, animés de funestes desseins électoralistes, d’être à l’origine de toute cette manipulation. Ils sont tous connus mais nous préférons taire leurs noms pour le moment, ainsi que ceux des imams séditieux. 

Comme vous le savez, c’est une alliance Adema-Rpm-Mpr qui gère,  sous la houlette de Boubacar Bah dit Bill (Adema), les destinées de la commune. Une réunion de cette alliance s’est également tenue jeudi soir de 21 heures à 23 heures, en vue d’arrêter une position commune face à ce péril « intégriste ». A la suite de cette réunion, tous les chefs de partis ont été à leur tour informés quant aux décisions arrêtées par les membres de l’alliance.

Une session extraordinaire pour quoi faire ?
De source proche de la mairie, on craint le volte-face du général Kafougouna Koné qui aurait choisi la voie de toujours caresser ces « intégristes purs et durs » dans le sens du poil. Cette attitude  regrettable du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales n’est pourtant pas de nature  à ramener la paix et la tranquillité dans  cette commune, contrairement à ce que pensent ses conseillers occultes. Car si un intégriste religieux touche à un bien quelconque d’un honnête citoyen, prétendument au nom d’une religion, cet acte risquerait d’entraîner une spirale de violences aux conséquences incalculables. Les enquêtes récentes diligentées par l’Omatho ont  bien répertorié les noms de tous les bars, hôtels et restaurants de la commune,  ainsi que ceux de tous les propriétaires.

Sur plus de cent établissements,  il n’y a pas plus de cinq noms chrétiens  sur la fameuse liste. C’est vous dire !

En tout état de cause, au niveau de la mairie de la Commune V,  c’est un langage de fermeté  qui sera adopté désormais contre de  tels agissements incontrôlés de quelques énergumènes manipulés par des aventuriers politiques. Une chose est certaine : la configuration de la commission mise en place pour gérer cette affaire ne changera pas. Si les représentants de l’imamat ont ainsi claqué la porte (en présence d’un « invité spécial » en la personne de  Mohamed Kimbiri vivant en Commune II), c’est parce qu’ils comptent discrètement sur la magnanimité du général Kafougouna Koné.  Procès d’intention à l’encontre du ministre ou  triste  constat ? Les jours à venir nous édifieront sur l’évolution d’un dossier ayant des allures d’une véritable  boîte à pandore,  à la fois  sensible et inflammable.
Par Loni Tonokabo

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