Le dard brûlant du sucre de Ramadan : Le prix est si amer

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En ce mois de Ramadan, le prix du sucre est difficilement accessible. Nos décideurs ont-il vraiment renforcé le pouvoir d’achat en produits  de première nécessité ?

 

Au Mali, la posture financière actuelle du chef de ménage moyen ne peut-être constatée sans faire vibrer une fibre nerveuse. Force nous est d’observer la persistance de la faiblesse du pouvoir d’achat (P.A) en sucre malgré la réduction de son prix de 650 F CFA à 600 F CFA le kilo à la suite de l’intervention de l’Etat à l’occasion du mois bénît. A sèchement parler, après calcul des économistes et spécialistes du travail, l’on comprend que l’ouvrier moyen gagnant 1500 F CFA par jour doit travailler durement pendant 3,2 heures pour obtenir 1 Kg de sucre. Ici, passons impunément sous silence la situation du cadre moyen de la fonction publique. Qu’il est attendrissant de voir un père trimer pendant de longues heures afin d’assurer la consommation mensuelle normale de sa famille en sucre. Aussi éprouverait-on quasiment le même sentiment quand il ne réussit pas à offrir les traditionnels cadeaux du produit doux de Ramadan à ses relations (particulièrement ses parents et beaux parents), cadeaux jouant un rôle important de lubrifiant social pour bon nombre de sahéliens.

 

 Le sucre ne réclame pas sa « sucritude »

Certes, dans ce contexte, les grands phraseurs de l’économie nationale invoqueraient avec force détails une foule de raisons pour expliquer cet état de fait : le commerce mondial du sucre déficitaire consécutif à la baisse de ses stock mondiaux ces dernières années, un niveau de baisse non enregistré il y a plus de 2 décennies ; l’extrême complexité du système économique moderne ; le déséquilibre entre les pays industrialisés et les pays du tiers monde ; le développement de l’inflation ; le reflet de la tension de l’offre et de la demande se fondant sur le libéralisme économique ; le chômage ; le déséquilibre écologique ;  voire les échecs du programme de la "Décennie du Développement" adopté à l’ONU en 1961 ; les échecs du premier sommet mondial sur l’alimentation de 1974 ; les Objectifs du Millénaire pour le Développement pourquoi pas ? ; la crise économique mondiale ; le monopole politico-économique de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire Internationale… Bref, en énumérant ces arguments et en soutenant de fil en aiguille l’idée économique selon laquelle la production précède la consommation (c’est-à-dire pas de consommation régulière de la population sans sa propre production conséquente), les rhétoriqueurs de notre économie nous présenteraient sans doute l’envolée du prix du fameux saccharose ainsi que celle des prix des autres produits alimentaires de grande consommation comme une anomalie normale.

 

Cependant, ces mêmes décideurs politiques, également économistes des précédents discours électoraux, deviennent volubiles dès qu’ils prononcent l’emprunt anglo-américain ‘‘booster’’. Je vous le dis sans rire, nos dirigeants passent des années à booster les activités économiques sans même booster le difficultueux P.A (salaire réel) du fonctionnaire face aux produits de première nécessité. Comment donc boosteront-ils l’espoir des citoyens à la prochaine campagne électorale ?

 

Ne voilà-t-il pas qu’en intervenant interventionnisme légal pour influencer les prix des denrées alimentaires, ils essuient un « insuccès commercial » ? Ainsi assistons-nous aux dures réalités économiques sous le regard impuissant du politique nonobstant ses latitudes décisionnelles en matière d’exonération fiscale, de politique monétaire, etc.

 

En clair, le pouvoir d’achat du travailleur malien était parmi les plus bas ou le plus bas des pays de l’UEMOA bien avant l’inflation mondiale que nous connaissons aujourd’hui. Donc, le difficultueux salaire réel du fonctionnaire moyen face aux produits de première nécessité ne devrait être considéré purement et simplement comme une anomalie normale.

Avec tout le respect que je dois à la hiérarchie et aux âges des valeureux animateurs de la vie économique du Mali, il importe qu’ils étudient d’urgence les cas et possibilités leur permettant un accroissement optimal de la rémunération en faveur spéciale de l’acquisition des produits de grande consommation. C’est seulement alors que les travailleurs peuvent sortir de la platitude et de l’ennui pour enfin être dans la vapeur de l’action souhaitée. Loin de moi toute intention subversive en ce mois bénît de ramadan. Je souhaite plein succès à tous les maliens pour la prochaine et nécessaire "Opération Moutons Tabaski".

 

Maliki Karamoko Kanté

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