En période des hautes eaux, extraire du sable et du gravier dans le lit du fleuve est très difficile à faire. Aussi, chaque année à la même période, les prix de ces matériaux de construction prennent l’ascenseur. Cependant, beaucoup de personnes vivent de cette activité qui est pratiquée en toute saison de l’année, en de nombreux points situés sur les berges du fleuve du Niger, comme Sébénicoro, Djicoroni-Para, Kalabancoro-dakan, Métal Soudan et tant d’autres. Des tas de sables et de gravier émergent de ces endroits, qui grouillent généralement de monde et de camions.
Pourquoi les prix de ces deux matériaux de construction grimpent pendant la période de pluie ?
Pour répondre à cette question, nous avons tendu notre micro à un grand vendeur de sable et de gravier sur le bord du fleuve de Sébénicoro. Il se nomme Abidine Diakité et très réputé dans la vente des sables et des graviers. Aux dires de notre interlocuteur, plusieurs facteurs entrent en jeu dans l’augmentation des prix du sable et du gravier pendant la période de pluie. D’abord, la première cause est que le fleuve est cru et cela va créer une longue distance pour les chercheurs de ces deux matériaux. Alors que pendant la période des pluies, les pirogues sollicitées sont pirogues à moteur. A cela, va s’ajouter des coûts de carburant de ces pirogues à moteur. Puis, il a poursuivi en ajoutant que la plupart des travailleurs du secteur sont des saisonniers. Et pendant l’hivernage, ils partent au village. Ensuite, M. Diakité a continué pour dire que pendant cette période de pluie, la demande est élevée, mais avec peu d’exploitants et les conditions dans lesquelles, ils extraient des sables et des graviers sont très dures. A cela s’ajoute les distances qu’ils parcourent pour le travail. Enfin, notre interlocuteur, M. Abidine Diakité, a conclu que c’est en tenant compte de tous ces facteurs que les prix du sable et du gravier augmentent pendant l’hivernage.
Durant l’hivernage, dit-il, pour extraire le sable et le gravier les exploitants sont obligés d’aller chercher le sable jusqu’à Farabana et BadougouDjéliba près de Kangaba. Quant au gravier, son principal site d’extraction se situe à Samaya, un village situé à une centaine de kilomètre de la frontière guinéenne. Pour s’y rendre, il faut des pirogues à moteur et ceci constitue un problème pour de nombreux exploitants qui ne possèdent que des pirogues mues des perches.
De même, la flambée du prix du carburant accroit les charges, donc réduit des bénéfices de l’activité. Partout où ces exploitants extraient sable et gravier, ils sont tenus de payer une taxe municipale dont le montant varie selon les endroits en fonction des marchandises demandées. A Samaya, les professionnels payent 10 000 F cfa par mois et par pirogue pour être autorisés à exploiter le gravier. Les frais du sable et du gravier varient selon les distances : les chauffeurs de benne prennent 15 000 F cfa pour aller au centre-ville et 32 000 F cfa pour les quartiers Koulouba, Kati et Niamana, considérés comme longues distances.
Ainsi, tous ces facteurs expliquent la hausse des prix du sable et du gravier en hivernage. A titre d’illustration, pour voir la différence des prix, 5 mètres cubes de graviers tamisés vendus en 65 000 F cfa en saison sèche, coûtent actuellement 100 000 Fcfa. Quant au même volume de sable acheté à 25 000 F cfa en saison sèche, coûte maintenant 40 000 F cfa.
La mévente de ces deux matériaux, selon les vendeurs de sable et gravier paralysant l’activité, ne serait pas due au prix mais au parasitage du circuit. Car, estiment-ils, les gros marches leur parvenaient par l’entremise de la coopération des exploitants de sable et gravier, mais aujourd’hui tout se passe par les intermédiaires. Ces derniers tirent le plus grand profit de l’activité en traitant directement avec les exploitants. Ce problème, selon eux, frappe tous les vendeurs de Bamako. Pour pallier à cette situation, ils font faire des briques pour revendre.
Tous les nouveaux immeubles longeant le fleuve du côté du CICB ont été construits sans l’apport d’un seul grain de sable et gravier de la mine de Métal Soudan situé à quelques mètres de chantiers, déplorent les exploitants.
Mamadou DOLO