Des actions plus audacieuses sont prévues par le « Collectif Stop ! Trop de morts » comme des marches nocturnes. Le symbole de l’obscurité est choisi pour attirer l’attention sur le drame et les cris des victimes de la violence aveugle dans les régions de Mopti et de Ségou; des cris qu’on ne voit ni entend malheureusement pas dans les grandes villes. Le manifeste qu’ils ont signé le samedi 13 juillet 2019 à la Maison de la presse de Bamako témoigne des inquiétudes du collectif.
Ainsi, de simples citoyens issus de différentes sensibilités politiques et religieuses se sont lancés dans la bataille pour reverser le cours de la situation d’instabilité dans les régions de Mopti et de Ségou. Le dialogue social est aussi inscrit au programme pour rompre le mur de la méfiance entre les communautés dans les zones de conflit.
Parmi ces citoyens engagés au sein du collectif, il y a des personnalités religieuses, des artistes et des leaders d’opinion. Il y avait même des représentants des groupes armés Peul et Dogon dans la salle pour signer le manifeste. Tous se sont engagés à combattre la haine et à défendre les droits des innocents tel que requiert le manifeste.
Les porte-paroles du collectif, Adama Dicko de l’association de jeunes AJCAD et le rappeur Master Soumy, ont présenté le manifeste devant la presse. «Après une analyse sans complaisance de la situation dans les régions de Ségou et de Mopti, le collectif Stop Trop de morts estime que la dimension intercommunautaire de la violence dans certaines localités a déjà pris naissance », a expliqué Adam Dicko.
Sources d’inquiétude pour le collectif : les messages de haine et d’appel à la violence qui circulent sur les réseaux sociaux depuis belle lurette, attestant de l’ampleur de cette fracture sociale qui profile à l’horizon. « En outre, les rancœurs prennent forme dans les cœurs des populations touchées », a affirmé Adam Dicko.
Le collectif s’est donc engagé à contribuer à l’apaisement de la situation dans les régions en proie à la violence. Des personnalités influentes ont signé le manifeste dans une émotion intense provoquée par le souvenir des atrocités comme les tueries d’enfants, des femmes enceinte et de vieilles personnes lors des conflits récents.
C’est en larme que le rappeur Amkoulel et la chanteuse Kandia Kouyaté ont pris la parole après avoir signé le manifeste. Leur message a été des appels aux citoyens afin qu’ils s’impliquent pour que le sang cesse de couler et que la haine ne prenne pas le dessus au Mali.
L’imam Kontao, le président de l’ONG Al Farouk, et bien d’autres intervenants ont également affirmé leur engagement sans réserve. « Si on s’engage, ce doit être soit la victoire, soit mourir en essayant d’atteindre l’objectif. On ne doit pas mener une action ponctuelle pour croiser les bras le lendemain », a déclaré l’Imam Kontao.
Soumaila T. Diarra