Le Collectif des commerçants maliens a organisé un point de presse, ce mercredi 11 juillet 2018, au grand marché de Bamako. L’objectif était de rendre compte des situations qui ont causé l’annulation, par le gouverneur, de la marche pacifique de protestation prévue le même jour à 9 heures. Une occasion pour l’activiste le plus populaire, Ras Bath, d’y prendre part pour partager la peine de cette couche indispensable de la vie d’une société. Les commerçants n’ont pas raté l’occasion d’expliquer à l’opinion nationale le contenu de leurs revendications et les points de désaccord avec le gouvernement. Vu l’importance du sujet, cette rencontre a réuni en plus de l’activiste cité : Boubou Lah, lui aussi activiste, le président du collectif des associations de commerçants, Salif Simpara, son porte-parole, Ibrahim Maïga et le Chargé de communication, Alou Keita.
Cette rencontre a permis aux commerçants d’exprimer leur mécontentement par rapport à la violation de droit dont ils ont été victimes : le droit fondamental à la liberté d’expression, dans ce cas précis de la marche pacifique. « Nous étions morts il y a bien longtemps, mais, avec le régime en place, nous sommes encore plus que morts », dit Ibrahim Maïga, porte-parole du collectif des commerçants lors de sa prise de parole face à la presse. L’argument avancé par les autorités est celui de l’état d’urgence. Or, nous savons que le dimanche dernier était une journée riche en activités politiques dans la capitale avec l’ouverture de la campagne électorale pour la course à la présidentielle du 29 juillet prochain. N’y’a-t-il pas une prise de partie si nous savons que la mobilisation était effective lors du lancement de la campagne du parti au pouvoir ainsi que de l’URD ? Cette mobilisation, à laquelle le président lui-même a pris part en organisant un grand meeting au stade du 26 mars, alors que nul n’a parlé d’état d’urgence à cette occasion. Ne devons-nous pas tous respecter ce soi-disant état d’urgence ? S’interrogent les panélistes.
Le porte-parole du collectif, Ibrahim Maïga, en a profité pour mettre au clair quelques points de désaccord qui ont conduit, selon lui, à la programmation de la marche de protestation annulée. Ces points, au nombre de sept, sont entre autres, la question du visa chinois qui a été à un moment donné largement traité par les médias ; le commerce déloyal des Chinois, des Indous et autres ; l’augmentation des taxes de dédouanement pour toute importation. Sur ce dernier point, le montant attendu cette année est estimé à 700 milliards au lieu de 300 milliards en 2013 ; la question des 27 bâtiments publics se trouvant dans le marché dont 25 ont déjà fait objet de vente ; la situation du marché rose, etc. La relation tendue avec la Chambre de commerce et d’industrie du Mali était également à l’ordre du jour. Après, le porte-parole du collectif des commerçants a aussi étalé les différentes démarches qu’ils ont eues avec les autorités pour trouver un consensus. Après la grève, un tête-à-tête a été tenu entre le ministre en charge du Commerce et les commerçants pendant plus de 9 heures de temps. À l’issue de cet entretien, il a promis de s’occuper de la préoccupation des commerçants, mais jusqu’au jour d’aujourd’hui les lignes n’ont pas encore bougé.
Aux dires de ce dernier, l’État n’a fourni aucun effort afin d’aboutir à un accord avec les commerçants. À l’en croire, les autorités ne cessent de jouer au plus malin avec des promesses vides de contenu. Le but n’étant que de juste dépasser les périodes électorales. À noter que c’est l’intervention des sages qui a permis de sursoir à la marche prévue, car les commerçants se disent patriotes, qu’ils ne veulent pas en rajouter à ce que vit déjà le Mali. Mais s’ils ont accepté d’abandonner la marche, cela ne signifie pas qu’ils resteront les bras croisés. Ils ont promis d’user de tout leur possible pour instaurer de grands changements qui seront de l’intérêt de tout le monde.
Ras Bath a fait un atterrissage avec beaucoup plus d’arguments pour renforcer la cause du collectif des commerçants du Mali. Il dira qu’au moment où, à titre d’exemple, le Burkina Faso, un pays qui n’a ni mer ni de fleuve comme le Mali, fait une réduction des taxes douanières de 30%, le Mali avec toutes ses ressources, recherche une augmentation de plus de 100 milliards de FCFA. Cela arrive à un moment où l’Etat devrait venir au secours des commerçants. Avec la crise du visa chinois qui dure une éternité pour les commerçants, avec aussi des incendies successifs au marché rose, qui ont presque ruiné certains commerçants, c’est la période propice pour le gouvernement du Mali de taxer plus fort ces commerçants en détresse. À en croire le chroniqueur malien, la raison n’est autre que d’utiliser l’argent du contribuable dans la campagne électorale. Puisque, selon lui, il y a eu 8 milliards de décaissements ces derniers temps. Le Trésor public est vide et l’Etat fonctionne à crédit. Le chroniqueur saisit l’occasion pour préciser la non-implication d’Abdoul Karim Konaté Ampé dans l’histoire du visa chinois. Les commerçants maliens se lamentent et accusent le régime d’IBK d’être la cause de ce malaise. Le collectif des commerçants dit ne plus se reconnaitre, dans l’actuelle Chambre de commerce qui est censée représenter tous les commerçants du Mali. Par conséquent, ils veulent la démission pure et simple de ses responsables. Par ailleurs, concernant la présidentielle, ils disent ne pas désigner de candidat pour le moment, mais qu’ils multiplient les entretiens et en fin de compte, ils voteront pour celui qui répondra favorablement à leurs doléances. Selon lui, ce choix fera l’objet d’un autre communiqué. Ce qui est sûr, tout sauf Ibrahim Boubacar Keita.
Issa DJIGUIBA
Djeneba TOURE, Stagiaire