A quoi bon se bagarrer pour un champ de ruines ! Les deux parties en conflit au Conseil national du patronat du Mali (Cnpm) ont intérêt à faire des concessions pour trouver un terrain d’entente avant qu’il ne soit trop tard car, au rythme où vont les choses, c’est un Cnpm en lambeaux, ayant perdu crédit et considération, qui va exister pour ne faire que de la figuration, au grand dam des opérateurs économiques.
Alors que le président autoproclamé du Conseil national du patronat du Mali convoquait une réunion pour statuer sur la situation du Programme de vérification des importations (Pvi), le gouvernement s’apprêtait, de son côté, à suspendre le mandat de gestion dudit programme qui doit pourtant courir jusqu’en 2022. En effet, après avoir pris cette décision de suspension, le ministre de l’Economie et des finances en a informé le gouvernement par note verbale, lors du conseil des ministres de mercredi dernier, 13 janvier 2020.
C’est l’aboutissement logique de la situation dans laquelle se trouve plongé le Cnpm, paralysé par un conflit électoral imposé par une question d’égo ayant empêché tout règlement à l’amiable d’une simple mésentente, désormais transformée en un contentieux transféré devant les tribunaux.
Tout le monde sait que la justice a son temps qui n’est pas forcément celui des parties au conflit, lesquelles devront ronger leur impatience de voir le contentieux vidé. Surtout qu’à l’allure où vont les choses, c’est parti pour un long feuilleton, à la limite d’un vaudeville juridico-administratif.
Après avoir été zappé lors de la mise en place du Conseil National de Transition qui est l’organe législatif de la Transition en cours au Mali, le CNPM, de moins en moins sollicité par les Autorités et ses partenaires d’antan, est en train de perdre de sa superbe, à cause de ce conflit qui dure et risque de perdurer.
C’est dommage qu’il en soit ainsi au moment où les opérateurs économiques, plus précisément les patrons du Mali, ont besoin de faire preuve d’unité et de cohésion au sein d’une organisation forte et crédible, en mesure de les représenter dignement dans le processus de refondation du Mali, dans lequel le secteur privé doit se retrouver avec une place de choix afin de prétendre mieux jouer son rôle de pilier du développement économique et social.
De toute façon, c’est déjà mal parti avec la suspension du mandat de gestion du PVI bloqué par le contentieux, alors que les opérations d’importation, quant à elles, continuent leur cours. En attendant le règlement du différend, Diadié Sankaré et son équipe, installés à la faveur d’une ordonnance gracieuse, n’ont pas les mains libres pour agir car se pose le problème de prise de décisions financières, notamment celui des signatures.
Conséquences : les prestataires et le personnel du PVI continuent de bosser sans pour autant pouvoir percevoir leur dû. Une situation qui a poussé le gouvernement à intervenir pour reprendre la main, en procédant à la suspension du mandat de gestion qu’il a avait donné au CNPM. Attention à ne pas perdre la gestion du PVI, cet acquis de 20 ans. Et à quel prix !