L’assurance a été par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, le 27 janvier dernier, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, pour dissiper les doutes d’un glissement susceptibles d’être compromettre chronogramme électoral et d’affecter par ricochet le délai de la Transition. Selon les explications du chef de la diplomatie malienne, en effet, l’échéance à laquelle le gouvernement s’est engagé pour la présidentielle de février 2024 et le retour à l’ordre constitutionnel sera respectée tout comme le rythme des réformes politiques et institutionnelles. Le gouvernement « s’attelle à la mise en œuvre des actions prioritaires inscrites dans son chronogramme, notamment l’élection des conseillers des collectivités territoriales en juin 2023, celle des députés de l’Assemblée nationale en octobre et novembre de la même année, le tout dans d’un processus transparent et inclusif », a-t-l rassuré en informant le Conseil de sécurité de la mise en place de la commission devant achever au plus tard 15 jours l’avant-projet de constitution, remis depuis un mois environ à la commission de rédaction. Et de souligner qu’à l’issue des consultations, le gouvernement se propose de soumettre le projet de Constitution à la décision finale des Maliens par référendum prévu en mars prochain.
Ce n’est pourtant pas le seul sujet sur lequel M ; Diop a tenté de convaincre les membres du Conseil de sécurité. Il s’est également prononcé sur le tableau dressé par le Secrétaire général de la situation sécurité ainsi que du blocage de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Au plan sécuritaire, le Ministre malien de la Transition estime qu’un silence est curieusement entretenu autour des «efforts actions menés par les Forces de défense et de sécurité dans le cadre de la sécurisation du territoire et de la protection des civils», en dépit de la grande détermination des FAMa à poursuivre les actions offensives lancées en décembre 2021 en vue de déjouer les assauts prévenir et velléités de «représailles des groupes extrémistes contre les populations civiles et leurs biens». Et de relever dans la même veine des indicateurs mitigés de l’ONU sur la présence de l’Etat sur le territoire renforcé depuis la nouvelle stratégie intégrée pour le centre.
Concernant l’Accord, M. Diop a déploré la suspension de la participation des groupes signataires aux mécanismes du Comité de suivi de l’Accord, malgré les progrès qu’il juge indéniables dans le processus de désarmement – démobilisation – réintégration et la présence de hauts fonctionnaires civils des mouvements signataires dans les institutions gouvernementales. Et d’assurer que le Gouvernement espère parvenir dans un proche délai à une compréhension commune avec « ses frères » des mouvements signataires.
Le ministre Diop s’est enfin exprimé sur l’intervention de Aminata Dicko devant le Conseil de Sécurité. En effet, se déclarant « porte-voix des sans voix » et celle des « filles et fils du Mali », Mme Dicko a déploré le cheminement des Forces armées maliennes avec partenaires militaires russes qui ne leur facilitent pas la tâche. Allusion est ainsi faite aux éléments Wagner dont la présence n’a jamais été officiellement reconnue au Mali et qui seraient impliqués selon la jeune militante de Tabidal Pulaaku dans la commission de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire. «Au cours d’opérations visant à s’attaquer aux sources de financement du terrorisme, ces acteurs s’en prennent systématiquement aux biens des populations civiles, aux objets de valeur et dépossèdent les communautés de leur bétail », a-t-elle affirmé, en suggérant aux autorités maliennes de «se désolidariser de ces actes qui pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». Elle a aussi exhorté les autorités judiciaires à prendre des actions concrètes pour poursuivre les auteurs desdites allégations ainsi que les responsables de violences sexuelles.
En guise de réplique, le chef de la diplomatie malienne a exprimé la surprise du Gouvernement de transition de voir une malienne intervenir au nom de la société civile. «Nous ne connaissons pas cette personne, nous ne connaissons pas l’organisation qu’elle représente. Et nous doutons de la représentativité et de la crédibilité de cette personne devant cette assemblée», a martelé le ministre Diop avant de rappeler la diversité du Mali et de son armée en assurant que son armée ne saurait s’engager dans une lutte contre une partie de la population. « Le Mali est une mosaïque de population, son armée est multi-ethnique, a-t-il pour écarter toute éventuelle guerre civile au Mali.
Amidou Keita