Après la prière de l’Aïd el-fitr à la grande mosquée de Bamako, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a reçu, dans la salle des banquets du Palais, les vœux des institutions de la République, du gouvernement, de la communauté diplomatique des pays musulmans accrédités dans notre pays, des chefs de quartier de Bamako et des chefs religieux (musulmans et chrétiens). Tous préoccupés par le devenir de notre pays, ces invités de marque ont souhaité la consolidation de la paix, des élections apaisées en 2018, un bon hivernage… Autant de vœux partagés par Ibrahim Boubacar Keïta qui a mis à profit ce cadre de communion pour assurer de sa détermination à œuvrer à la stabilisation de notre pays, à organiser des élections transparentes. L’occasion était aussi opportune pour mettre les fauteurs de trouble en demeure, comme ceux qui ont brûlé des cartes d’électeur à Keniéba: «Certains comportements qui portent atteinte à l’ensemble national ne sauraient plus être tolérés», a-t-il averti.
Ibrahim Boubacar Keïta se prononçait ainsi pour la première fois sur ces violences qui ont causé la perte de 88.640 cartes d’électeur biométriques. Elles sont parties en fumée, tout comme d’autres documents et matériels importants de la préfecture de cette localité, vandalisée et mis à feu par des manifestants en colère. Une attitude que rien ne peut justifier, d’autant plus que la manifestation est partie d’un différend qui ne concerne nullement l’Etat.
Visiblement écœuré par cette violence, le chef de l’Etat en a appelé à «la haute responsabilité de chacune et chacun d’entre nous», avant de déclamer, sur un ton de fermeté, que «ceux qui peuvent inciter ce genre de comportement, sachent que certains comportements qui portent atteinte à l’ensemble national ne sauraient plus être tolérés (…)». Le président Keïta a rassuré que les cartes d’électeur biométriques brûlées «seront vite remplacées malgré tout ce que cela va coûter à l’Etat».
Ibrahim Boubacar Keïta qui sait combien des situations préélectorales, électorales et postélectorales peuvent être fragiles, a à cœur, avec l’appui des partenaires de notre pays, «de tout mettre en œuvre, absolument tout», pour que ce processus soit le plus transparent, le plus inclusif possible. Selon lui, l’élection présidentielle doit être singulièrement envisagée comme une fête de la démocratie.
Par ailleurs, le président de la République a mis en exergue le rôle crucial des amis et partenaires du Mali qui ont le devoir sacré de préserver le Mali. «Chacun de vos pays a pris sa part dans le combat que vous venez d’expliquer, certains y ont laissé des leurs, mais tous ont en souci, à travers le Mali, de préserver la paix mondiale, qui se trouve quelque part ici dans ce pays, au centre du Sahel», a-t-il expliqué.
Auparavant, plusieurs intervenants se sont succédés au pupitre pour présenter leurs vœux au chef de l’Etat. Il s’agit du coordinateur des chefs de quartier de Bamako, des représentants du Haut conseil islamique, des Eglises catholique et protestante, du porte-parole des diplomates de pays musulmans, du président de l’Assemblée nationale et du Premier ministre.
C’est le coordinateur des chefs de quartier du District de Bamako qui a ouvert la série des interventions. El hadj Bamoussa Touré a témoigné des efforts consentis par Ibrahim Boubacar Keïta pour la stabilisation de notre pays et des actions entreprises par le gouvernement pour assurer la plus grande transparence au scrutin du 29 juillet prochain. Il a aussi réaffirmé l’engagement des chefs de quartier aux côtés des autorités pour la réussite dudit scrutin. Le Haut conseil islamique, aussi soucieux du bon déroulement de cette échéance électorale, aspire singulièrement au retour de la paix et de la sécurité. Son représentant, El hadj Mohamed Fodé Cissé, a salué le président Keïta pour sa contribution au renforcement de la cohésion entre les musulmans. Pour sa part, le cardinal Jean Zerbo de l’Eglise catholique a expliqué que le carême chrétien et le mois de Ramadan ont été des moments providentiels à la recherche de la paix. «En effet, la prière, le partage, la pénitence, le pèlerinage à Rome, à la Mecque sont des moments privilégiés où nous avons manifesté notre détermination de lutter contre les forces du mal», a déclaré le Cardinal. Selon lui, il est temps que chacun de nous soit lui-même logique avec ce qu’il pose comme acte.
Hassan Naciri, ambassadeur du Maroc au Mali, a, au nom de ses collègues, rendu un hommage appuyé au «peuple malien, épris de paix et qui porte dans sa culture les valeurs de solidarité islamique et du vivre ensemble». Il a réitéré l’engagement des partenaires à rester «au chevet de ce beau pays dans sa quête de paix, de cohésion sociale et de développement».
Pour sa part, le président de l’Assemblée nationale s’est félicité de l’adoption de la nouvelle loi électorale qui a permis de corriger les insuffisances relevées par les acteurs politiques eux-mêmes. Puisque l’élaboration de ladite loi a impliqué toute la classe politique, l’honorable Issiaka Sidibé a jugé incompréhensibles les «récentes agitations de certains candidats et responsables politiques tendant à troubler l’ordre public et à torpiller délibérément un processus qui ne souffre d’aucune ambigüité». «Nous leur demandons de se ressaisir et d’éviter d’entrainer d’innocentes personnes dans une voie sans issue», a-t-il déclaré.
C’est le Premier ministre qui a bouclé cette série d’interventions. Après avoir remercié le chef de l’Etat pour la confiance placée en lui et aux autres membres du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga a rappelé les grandes lignes de la feuille de route indiquée à son équipe. «Sous votre orientation Monsieur le président de la République, le gouvernement est à la tâche avec confiance et détermination», a-t-il lancé.
Par rapport aux élections, le Premier ministre a rappelé que le gouvernement s’est efforcé de fédérer un maximum de bonnes volontés désireuses de s’impliquer en faveur d’un déroulement apaisé des élections. Selon Soumeylou Boubèye Maïga, «la compétition suscitera des passions, mais nous n’acceptons pas que l’importance des enjeux conduise à une exacerbation des tensions». Le gouvernement, avec un esprit d’ouverture et un souci d’inclusivité, poursuivra les concertations avec tous les acteurs, a-t-il assuré.
Issa DEMBÉLÉ