L’association malienne des sourds a organisé, le vendredi 16 octobre, une grande manifestation de protestation contre la construction d’un garage automobile sur un site jugé illégal, qui menace l’école des sourds de l’Hippodrome en commune II du district de Bamako.
Les élèves et maîtres de l’école des sourds sont massivement sortis pour manifester leur mécontentement contre la construction d’un garage automobile qui risque de mettre en péril leur éducation. Ce d’autant que celle-ci entraîne des nuisances sonores de voitures en réparation qui risquent de perturber le bon déroulement des cours dispensés aux élèves.
Il faut à ce niveau rappeler que le garage est situé entre l’école et une autre maison et son mur de clôture est collé à celui de l’école. Les voitures contiennent des produits inflammables qui mettent en danger la vie des jeunes élèves handicapés auditifs.
Dans son propos, Moussa Keïta, président et interprète de l’association malienne des sourds, a affirmé que l’objectif de cette manifestation était de réparer une injustice que l’école subit depuis 2017.
C’est ainsi qu’il a fait savoir qu’il y a un espace qui est contigu à l’école des sourds. Leur association avait demandé au maire de la commune II de le mettre à leur disposition pour en faire un centre de formation afin qu’ils puissent continuer leurs études en apprenant un métier, car le cursus scolaire des sourds s’arrête au DEF.
À leur grande surprise, a précisé Moussa Keïta, la parcelle a été vendue à une autre personne, en l’occurrence un Togolais. «Nous ne sommes pas d’accord et nous voulons que ce terrain soit remis aux personnes sourdes» a-t-il ajouté.
«Certaines informations, dit-il, circulent que le lieu serait un bar et nous nous ne voulons pas qu’un bar soit collé à notre école». Il promet de déposer une pétition auprès du Procureur du Tribunal de la commune II et des membres du CNSP. «Et, si nous ne trouvons pas de réponse nous allons mobiliser toutes les personnes handicapées pour faire une grande marche afin que cet espace nous revienne», a-t-il prévenu.
«Nous voulons qu’on mette cet espace à la disposition de l’école des déficients auditifs qui en a besoin» a affirmé Albert Kanouté, représentant de la Fédération malienne des associations de personnes handicapées. Il a indiqué que si leur doléance n’est pas prise en compte, qu’ils comptent mettre une stratégie en place afin de remporter cette victoire.
Pour sa part, Tidiane Affousseyni Maïga, propriétaire du lieu, a déclaré que cet espace était une rue utilisée par les élèves sourds pour fumer du chanvre indien. À l’en croire, plusieurs personnes convoitaient cet espace.
«J’ai demandé à la mairie de la commune II d’occuper le lieu. Et après, les élèves sont venus détruire mon chantier. Je les ai assignés en justice. Après plusieurs rencontres entre nous, ils sont venus me demander de quitter le lieu alors qu’il y a deux bars qui se trouvent près de l’école dont les propriétaires leur donnent chaque fin du mois une somme d’argent. Moi je suis derrière la justice», déclare Tidiane Affousseyni Maïga.
Fatim B. Tounkara