L’AN I de la transition : L’espoir déçu !

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Il y a quelques jours, dans une ambiance pour le moins pâle pour un événement qu’on a voulu inédit, et célébré comme tel avec fastes,  l’an I de la transition a vécu dans la morosité. Les principaux acteurs du coup d’Etat militaire qui a renversé, ce 18 aout 2020, le régime du président IBK n’ont pas franchement jubilé à cette occasion, se rendant compte que l’espoir d’une période dite fondatrice a été désappointé.

« Il n’y a pas grand-chose à mettre sous la dent ». Cette phrase de cet internaute, résumant l’an I de la transition, qui a débuté un certain 18 août 2020 après le renversement du régime d’IBK par la junte militaire de Kati,est en réalité un doux euphémisme. Ce, pour ne pas noircir un tableau déjà terni d’une transition en manque d’initiatives fondatrices pour le renouveau du pays tant attendu, mais toujours relégué.

Tout est parti pour la transition, il y a une année,  sur fond de polémique, voire de déni, sur les deux patrons de l’Exécutif central ; à savoir le président et le vice-président de la transition. C’est un dosage savant qui a été maintenu pour l’équilibre de ces deux  importants postes, dont l’un manifestement, à l’image du vice-président, sans ancrage institutionnel fixe, était une institution de trop.

Fini les atermoiements sur l’équipe des deux principaux responsables de la transition, voilà la controverse qui s’est installée sur le CNT, l’organe législatif de la transition, qui a été contestée dans sa composition et dans ses attributions, par ceux-là mêmes qui en sont les laudateurs zélés.

La belle illustration de cette controverse violente porte la marque du M5-RFP, le mouvement de contestation, qui a eu raison du régime d’IBK, lequel a introduit, depuis les premiers pas de cet organe législatif, un recours en annulation auprès de la Cour suprême du Mali. Un recours juridictionnel qui attend d’être vidé et qui est loin de révéler toutes ses faces cachées.

La suite est connue de tous : après quelques neufs mois passés d’une difficile cohabitation entre les deux segments de la transition, des événements sociopolitiques viendront bouleverser, en mai dernier, le processus de la transition. Le président Bah N’Daw et le Premier ministre, Moctar Ouane seront arrêtés par la junte militaire de Kita, annonçant en fait un processus de rectification de la transition qui n’est en faite que le second coup d’Etat perpétré au Mali en l’espace de dix mois.

En dehors de cette lourde controverse sur le mécanisme du jeu politico-institutionnel, mal vécu par la transition et ses institutions, qui ont peiné à insuffler des mesures fortes et vigoureuses pour la refondation de l’Etat, tel qu’il a été souhaité par les Maliens, c’est la vie chère incontrôlable qui est devenu le lot quotidien.

Tout est enflammé : les prix des denrées premières, telle la manifestation d’une maladie cancéreuse, se sont métastasés. Sans aucune mesure sociale concrète ne soit envisagée, de manière durable, pour endiguer ce phénomène croissant d’augmentation de prix qui touche tous les produits sur le marché.

Parallèlement, le front sécuritaire s’est dégradé avec des contrées entières du pays, totalement assiégées par des groupes djihadistes qui se promènent partout sur le territoire national, en semant au sein de la population, tant civile que militaire, des scènes de désolation.

Avant, comme après le processus de la rectification de la transition, avec ce que cela entraine comme violation répétée et prolongée des droits humains (depuis près de  trois mois, les deux anciens chefs de l’Exécutif de la transition, arrêtés par les militaires, sont en résidence surveillée, privés de leur liberté de mouvement sans aucune base légale), les attentes du peuple ont été déçues. Faute de perspectives viables et crédibles, annonçant pour l’essentiel la refondation du pays.

Au plan diplomatique, peu, et même très peu de signaux favorablessont à signaler pour renforcer l’image de respectabilité du pays qui prend chaque jour que Dieu fait un sacré coup. Même si le pays a évité les sanctions économiques suite aux coups d’Etat survenus,  il reste entendu qu’il gère avec beaucoup de peine une suspension des instances à la fois africaines et internationales, dont il a leplus grand mal à s’en sortir.

Les défis, de ce fait, sont nombreux. Et le temps restant de la transition, si son terme échu devait être respecté, comme l’ont promis les autorités, n’est pas le grand allié de la transition. D’ici les échéances politiques, qui sont prévues pour la fin de la transition, les autorités devront, comme lancées dans une course contre la montre, se faire échos de grandesmesures refondatrices de l’Etat.

Si elles doivent pouvoir réussir quelques coups d’éclat d’ici à la fin des fins pour redorer une certaine image à la transition, l’un des grands défis pour cela, c’est de réussir à éviter la cacophonie entre les différents segments de l’Etat. Un état de fait chaotique qui a bien mis à mal beaucoup d’initiatives politiques et institutionnelles.

La Rédaction

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