L’Association malienne des expulsés (AME) a organisé, le jeudi 21 février, à son siège, une conférence de presse placée sous le thème «problèmes des déplacés à Bamako, vagues de rapatriement et conditions des migrants de retour».
Il ne fait plus aucun doute que le centre de notre pays est devenu le théâtre de nombreuses tensions. Celle qui a le plus soulevé l’indignation a été l’affrontement entre les communautés peuhles et dogons.
Selon le président Ousmane Diarra, l’AME est préoccupée par la situation des personnes déplacées du centre du Mali ainsi que les conditions de vie des migrants de retour. «Certains groupes armés ont profité de cette occasion pour semer la terreur et perpétrer des actes aussi ignobles que barbares : tueries, pillages, extorsions et dépouillements de biens et d’autres actes atroces. Cette situation chaotique a provoqué le déplacement massif des centaines de personnes de tous les âges des régions du centre vers des régions stables au sud du pays», a-t-il indiqué.
L’association malienne des expulsés, selon lui, au cours d’une de ses sorties, a rencontré au marché à bétail de Niamana un groupe de personnes déplacées du centre du Mali. Tous du même village, Sadja, situé dans la commune rurale de Bani-Bonzon et le cercle de Bankass. «Au total, 107 personnes ont échappé à une tentative d’assassinat collectif visant leur village. Cela fait maintenant plus d’un mois et demi que ces personnes chassées et privées de leur village sont arrivées à Bamako. Elles sont confrontées à d’innombrables difficultés d’ordre sanitaire et hygiénique», a fait savoir Ousmane Diarra.
Et de regretter, par ailleurs, que la Libye et l’Algérie continuent, de leur côté, à barrer la route aux migrants subsahariens. «En ce début de l’année 2019, il y a eu plusieurs vagues de rapatriement et d’autres sont en cours. Du premier janvier à nos jours, trois convois sont déjà arrivés de l’Algérie et un de la Libye. Au total l’Algérie seule a rapatrié plus de 300 migrants en seulement un mois et demi et la Libye en a rapatrié 165. Quant au Maroc, ce pays a refoulé 1350 migrants de novembre 2018 au janvier 2019», a-t-il annoncé.
L’AME souhaiterait attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les conditions tragiques des migrants africains vivant en Angola. Ces derniers continuent d’être la cible des autorités policières et de la population angolaise.
Selon Ousmane Diarra, «l’association malienne des expulsés, toujours présente et disposée à écouter et répondre aux appels de détresse des migrants, recommande aux autorités de continuer à veiller efficacement à la sécurité de la population sur toute l’étendue du territoire national ; invite les autorités et les organisations humanitaires à apporter un accompagnement constant sur le plan social et sanitaire aux groupes de personnes déplacées qui vivent dans des conditions inacceptables à Bamako ; encourage le gouvernement pour son implication et son assistance aux ressortissants maliens de l’Angola, tout en lui demandant de renforcer son action pour une meilleure protection de nos compatriotes ; exhorte les Etats africains à respecter la charte africaine des droits et des peuples qui interdit le rapatriement massif des migrants ressortissants d’un pays membre de l’Union africaine».
Korotoumou KARABENTA/Stagiaire