Crises sécuritaires, sociopolitiques et sanitaires, les Maliens se préparent à fêter la Tabaski sur fond de plusieurs tensions. Ces trois chocs pourront “affecter directement certains marchés parmi lesquels ceux du bétail et d’autres denrées de premières nécessités cette année“ selon Souleymane Ouonogo, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de Gestion de Bamako (Fseg).
Pour l’enseignant-chercheur, la crise sécuritaire qui s’est manifestée par la partition du pays, a entrainé l’orientation d’une grande partie des dépenses de l’Etat vers la sécurité et le déplacement des populations vers le centre et le sud. De telles situations, soutient-il, réduisent les efforts de l’Etat dans la lutte contre le chômage et la pauvreté. “De plus les ménages exerçant des activités génératrices de revenu dans ces zones de conflits se sont retrouvés au chômage, ce qui diminue leur pouvoir d’achat”.
Un autre choc endogène “synonyme d’instabilité” identifié par l’enseignant-chercheur à la Fseg qui “pourra affecter directement plusieurs marchés parmi lesquels ceux du bétail et d’autres denrées de premières nécessités” est la crise sociopolitique que le Mali vit actuellement par l’insécurité qui accompagne les manifestations et l’arrêt des services publics comme privés comme constaté avec la fermeture de certaines banques ces dernières heures. “La conséquence immédiate est la crainte de disponibilité de liquidité dont pourront disposer les ménages pour effectuer les préparatifs de la fête”.
Avec ses plus 24 000 cas postés positifs à la maladie à ce jour, la pandémie à Coronavirus et ses mesures de lutte initiées par le gouvernement est un coup aussi sur le pouvoir d’achat des Maliens à quelques jours de la grande de fête de l’Aïd el-Kébir, analyse l’économiste. “Cette situation qui a secoué l’activité économique, a détérioré le pouvoir d’achat des ménages. Toutes choses étant ainsi égales par ailleurs à la demande des ménages en termes de biens de consommation vont baisser pour cette fête. La fête de la Tabaski de cette année ne sera pas comme celle connue les années antérieures en raison du contexte particulier auquel nous sommes confrontés”.
Trouver une solution rapide aux crises sécuritaire, sociopolitique et mettre en place des mécanismes de ripostes à la crise sanitaire afin de relancer la sphère économique du pays, c’est une des pistes de solution à privilégier, selon M. Ouonogo pour probablement augmenter le pouvoir d’achat des ménages, voir simuler la demande de bien de consommation.
Kadiatou Mouyi Doumbia