Le vendredi 4 février 2022, le Conseil des ministres s’est réuni en session extraordinaire dans la salle de délibérations du Palais de Koulouba sous la présidence du Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goita. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour : la révision de la Charte de la Transition et la loi électorale.
La Charte de la transition de septembre 2020 prévoit la fin de la période de la Transition en cours au Mali pour ce mois de février. Les autorités de la transition qui ne sont pas dans toutes les conditions requises pour organiser les élections à la date indiquée par la Charte, entreprennent de la réviser pour qu’elle soit en conformité avec le chronogramme de la transition.
Cette charte qui précise à son article 22 que la durée de la transition est de 18 mois à compter de l’investiture du Président de la transition contient aussi des points qui donnent du fil à retordre aux autorités de la Transition et méritent d’être réélus. Au nombre de ces points, on peut citer celui relatif aux attributions du Vice-président de la transition qui limite le ministre de la Défense dans ses prérogatives. S’y ajoutent, la limitation du nombre des ministres et des membres du Conseil National de la Transition (CNT). Ainsi, selon le communiqué du dernier Conseil des ministres, la suppression du poste de Vice-président permettra d’éviter les duplications de missions et permettra également au ministre en charge de la Défense et au ministre en charge de la Sécurité de recouvrer et d’exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles. Quant à la suppression du nombre des ministres du Gouvernement dans la Charte, elle favorisera la meilleure gouvernance politique et sociale objective et efficiente. En ce qui concerne l’augmentation des membres du CNT, elle permettra de renforcer davantage l’inclusivité autour du projet de la Refondation de l’Etat.
Mais, en clair, le point le plus important pour la Transition est l’adaptation de la durée de la transition aux recommandations des Assises Nationales de la Refondation pour mener des réformes indispensables pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Ainsi, le CNT fera la relecture de la Charte de la Transition pour que les modifications puissent être effectuées afin d’adapter la Charte aux réalités et la directive de la Transition en cours dans notre pays.
Qu’est ce qui se cache derrière ce projet de révision de la Charte ?
Pour beaucoup d’internautes, ce projet de révision de la Charte de la Transition vise à préparer la candidature du président de la transition à la future élection présidentielle. Faut-il le rappeler, la Charte lui interdit d’être candidat et il faut à tout prix que le Colonel Goïta qui incarne la légitimité du peuple soit de retour aux affaires afin que la marche vers la refondation puisse aller loin. Les autorités savent que le Mali ne peut plus tenir longtemps face aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA et donc il faut à tout prix organiser les élections à un moment plus raisonnable pour la CEDEAO même si la transition sera prolongée pour bien préparer les élections. Conscientes qu’Assimi est l’homme le plus populaire en ce moment au Mali, les autorités de la transition savent bien que sa candidature suscitera un suffrage majoritaire. Le passage de ce projet de révision de la Charte de la transition qui sera sur la table du CNT, l’organe législatif de la transition, ne doit souffrir d’aucune ambiguïté.
Pour l’ancien Garde ses Sceaux, Me Mamadou Ismaila Konaté, cette convocation du CNT doit être le gage absolu d’une transition déterminée, au caractère inclusif, pour une plus grande cohésion nationale, vers un ordre constitutionnel et républicain qui épargne des affres de contestations politiques viles et inutiles. Un message clair avec des faisceaux lumineux !
Adama Tounkara