Les dirigeants de la structure faîtière et des organes de régulation ont passé au peigne fin les maux dont souffre le monde de la presse malienne tout en se projetant dans le futur proche
Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a reçu hier les vœux de nouvel an des organisations et des régulateurs de la presse. Les présidents de la Maison de la presse (MP), Bandiougou Danté, du Comité national de l’égal accès aux médias d’état (CNEAME), Abdoulaye Sidibé et de la Haute autorité de la communication (Hac), Gaoussou Coulibaly ont pris la parole à cette occasion.
Dans son intervention, le président de la Maison de la presse s’est réjoui de l’absence de journalistes incarcérés dans nos prisons. Mais, a déploré Bandiougou Danté, il faut rapidement évoquer les nouvelles formes de menaces fondées sur des injures, des menaces d’agressions physiques, le chantage.
«L’année 2022 s’est achevée sans véritable avancée dans l’affaire Birama Touré, disparu depuis 7 ans et nous sommes toujours sans nouvelle des animateurs radios Hamadoun Nialibouly et Moussa Bana Dicko, enlevés dans le centre du pays depuis 2020 », a-t-il rappelé sans oublier le journaliste français Olivier Dubois kidnappé à Gao depuis un an.
EN DIFFICULTÉ- Le président de la Maison de la presse dira que l’atmosphère en 2022 était viciée par l’incohérence et l’irrégularité de la politique d’aide à la presse. «En 2022 par exemple, le montant payé (23 millions) ne permet même pas d’assurer le fonctionnement de la Maison de la presse dans un paysage médiatique de plus de 450 radios, 42 télévisions, plus de 150 parutions, 60 journaux en ligne», a détaillé le président de la MP.
Les difficultés de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP) et de l’Office de radiodiffusion et télévision du Mali (ORTM) ont été évoquées par l’orateur. Bandiougou Danté a sollicité l’implication personnelle du chef de l’État pour permettre à ces structures de mener à bien leur mission d’information au service du public.
Quant au président du CNEAME, il a donné rendez-vous pour les échéances électorales à venir. «Forts de notre riche expérience dans la gestion des médias d’état en période électorale, donc depuis 30 ans, nous promettons d’être à la hauteur des attentes, de jouer pleinement notre rôle», a garanti Abdoulaye Sidibé.
Il a lui aussi fait un plaidoyer en faveur de l’AMAP et de l’ORTM. «Solennellement, nous sollicitons que le gouvernement, pour les échéances électorales à venir, se penche particulièrement sur les cas de l’ORTM et de l’AMAP. Ces deux organes ont aujourd’hui des difficultés énormes, or leur rôle est essentiel pour la réussite des élections dans notre pays», a-t-il fait remarquer.
Après avoir fait un rapide survol des actions menées en 2022 par sa structure, le président de la Hac a indiqué que cette année est celle du début des consultations électorales dans notre pays pour le retour à l’ordre constitutionnel normal. Gaoussou Coulibaly assurera que le bilan de sa structure est un signe prometteur pour les prochains mois.
Faut-il noter que chacun de ces responsables des médias a salué et encouragé la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMa) et surtout les grandes décisions prises par les autorités de la Transition pour maintenir la souveraineté de notre pays.
PROFESSIONNALISME ET PATRIOTISME- Dans ses éléments de réponse, le chef de l’état dira que ce diagnostic rigoureux de la situation des médias dans notre pays revient à admettre que leur rôle est crucial aussi bien dans l’apaisement du climat social que dans la recherche des voies et moyens pouvant amplifier le développement.
Le colonel Assimi Goïta interpellera ainsi les hommes de médias à servir de référence en tenant compte de l’impact, le plus souvent instantané, de l’information qu’ils véhiculent à l’endroit de la population dans le respect de la liberté d’expression, du droit et du devoir d’informer qui sont si chers aux professionnels de l’information et de la communication.
Plus que jamais, les professionnels de l’information et de la communication doivent servir de relais pour l’ancrage des trois grands principes qui guident désormais l’action publique en République du Mali, a exhorté le président de la Transition. « Il s’agit du respect de la souveraineté du Mali, du respect des choix stratégiques et des choix des partenaires opérés par le Mali, la prise en compte des intérêts du peuple malien dans les prises de décisions», a-t-il ajouté, soutenant que c’est sur ces trois piliers que notre pays se tiendra à l’avenir pour relever les défis qui l’assaillent.
Le chef de l’état a déploré le fait que certains médias se laissent entrainer sur le terrain du sabotage et de l’instrumentalisation au détriment du vivre ensemble, de la cohésion sociale et du développement harmonieux. «La vigilance doit donc être de mise pour qu’ensemble, nous réalisions l’idéal commun», a instruit le colonel Assimi Goïta.
La cérémonie s’est déroulée en présence du président du Conseil national de Transition, le colonel Malick Diaw, du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, avec à ses côtés le ministre de la Communication, de l’économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Harouna Mamadou Toureh et d’autres membres du gouvernement.
Oumar DIAKITE