La peur : Une arme politique efficace pour mieux gouverner

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Un public qui a peur est en situation de réceptivité passive, et admet plus facilement l’idée qu’on veut lui inculquer.

Il faut arrêter de croire que nos gouvernants sont incompétents, parce qu’ils n’arriveraient pas à endiguer le chômage ou à faire face à la menace terroriste et la montée du grand banditisme dans le milieu urbain. Ce sont des stratégies de gouvernement, pas des erreurs. Des moyens visant à maintenir la population dans un état de prostration (affaiblissement extrême ou profond abattement) face à une situation anxiogène.

Il faut occuper le peuple, et le maintenir dans la dépendance de ses dirigeants. Leur but n’est nullement l’amélioration des conditions de vie du citoyen lambda, mais bien de pérenniser le système par tous les moyens. Il faut se rappeler qu’avant d’être une personne, l’homme est un animal, et comme les autres animaux, il n’a que trois réactions possibles face à une situation de danger imminent :

  1. Il s’immobilise : C’est la prostration, en espérant que le danger passera. Certains animaux vont jusqu’à faire le mort en présence d’un prédateur en espérant ainsi lui échapper.
  2. Il fuit : la peur libère quantité d’adrénaline dans le sang qui va doper le métabolisme. Accélération du rythme cardiaque, dilatation des bronches, meilleure oxygénation notamment du cerveau, conscience aiguë de l’environnement. Il s’agit de se mettre en sécurité le plus rapidement possible.
  3. Il fait face, et décide de combattre : là encore l’adrénaline libérée lui permettra d’augmenter significativement ses capacités, en vue de vaincre l’ennemi ou du moins de le mettre en déroute. Parfois dans la nature, ce genre de détermination suffit car le prédateur sait que s’il est blessé gravement dans l’aventure, il mourra lui aussi.

Faut-il préciser que des trois réactions, la première est la plus funeste. En effet, face à une agression, si vous n’opposez aucune réaction, la légitime colère et la violence que vous avez réprimées se retourneront contre vous. Pire, vous vous placez en situation d’accepter (implicitement) la violence et vous en développerez un sentiment de culpabilité, peu importe qu’il soit infondé. Et comme la société humaine réprime la violence (en tout cas quand ce n’est pas l’État lui-même qui en use), vous vous retrouverez pratiquement dans tous les cas dans la situation du lapin qui, pris dans le faisceau des phares d’une voiture s’immobilise, tétanisé. Le sentiment de culpabilité amène le constat d’impuissance, qui amène logiquement la recherche de celui qui pourra apporter la sécurité. Il faut avoir peur. Il y a des terroristes-tueurs partout. Nous sommes tous en danger ! Même si en matière de statistique vous avez nettement plus de chances de mourir sur votre motocyclette dans un accident sur la voie publique. Qu’importe, on est désormais dans le domaine de l’irrationnel, celui de l’angoisse, qui naît d’une situation de stress prolongée. Et ce n’est pas un hasard, mais bien un moyen, tout comme le chômage est un moyen de nous pousser à accepter toujours plus de compromis et d’accommodements sur le détricotage généralisé de tout ce qui constitue la protection sociale des travailleurs.

Sambou Sissoko

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