C’est dans un palais de la culture Amadou Hampaté Bah plein à craquer, le vendredi 1er janvier 2021, que la Nation Malienne toute entière a rendu un ultime hommage à l’un de ses dignes fils, l’honorable Soumaila Cissé. Le député de Niafunké et non moins président de l’Union pour la République et la Démocratie s’en est allé pour toujours laissant un vide incommensurable et un héritage politique à la fois immense et difficile à préserver pour ses amis, camarades militants et sympathisants. Sa disparition à un moment où l’on s’attendait le moins a laissé plus d’un malien pantois et surtout ses camarades de l’URD déboussolés, désemparés et désorientés, qu’il faille aujourd’hui un sursaut pour les militants et cadres du parti de la poignée des mains pour préserver les immenses acquis et porter encore plus haut le flambeau allumé par Soumaila Cissé. Pourront-ils y parvenir ? Les égos surdimensionnés des uns et les ambitions démesurées des autres n’arriveront-ils pas à bout des valeurs de cohésion, d’unité et surtout d’humilité chères à Soumaila Cissé ? Que doivent-ils faire ses camarades de l’URD pour préserver son immense héritage ?
S’il est vrai qu’un parti politique est comme un Etat, les hommes passent, mais l’Etat demeure, le parti créé par Soumaila Cissé restera longtemps orphelin de son géniteur tant les deux étaient indissociables et il lui collait harmonieusement à la peau. Comme tout mortel l’omniscient et l’omnipotent en a décidé autrement à la grande affliction de tous ses sympathisants, de tout le peuple malien, ce dernier avait d’ailleurs fini par fonder de l’espoir sur Soumaila Cissé pour sortir le Mali de l’ornière. Ses héritiers ont désormais du pain sur la planche, ils font désormais l’objet de toutes les attentions et sont scrutés à la loupe par tous les observateurs de la scène politique malienne, car de leurs décisions politiques dépendra l’avenir de l’URD. En effet, ce parti qui regorge d’énormes cadres, des militants convaincus et des sympathisants séduits par le programme et la vision de Soumaila Cissé, ne manquera certainement pas d’intelligences et de stratégies pour assurer la continuité et éviter qu’il ne s’effondre. Ainsi pour éviter l’écroulement et porter encore plus haut les idéaux de l’URD, trois grandes options s’offrent désormais aux cadres et militants de ce parti.
Première option : Choix d’un militant bon teint et de consensus au sein de l’URD
Qui pourrait connaitre le programme et la vision du parti et de Soumaila Cissé mieux que les cadres et militants de l’URD ? C’est pourquoi pour assumer avec brio et défendre avec vaillance les idéaux de l’URD et de Soumaila Cissé face au peuple, la logique voudrait bien que le choix du candidat soit porté sur un cadre du parti. Il aura forcément à répondre à certaines exigences indispensables pour mener à bien le bateau URD. Parmi les critères, il y a la capacité intellectuelle, le militantisme avéré, le charisme, l’expérience dans la haute administration. La denrée rare qui sera choisie doit avoir un carnet d’adresses bien fournis lui permettant d’ouvrir beaucoup de portes. Il doit également être connu par un grand nombre des maliens. Le cadre choisi doit avoir une grande capacité de rassemblement et être à mesure de mobiliser au-delà de l’URD. Avec un tel choix futuriste, à défaut d’être élu Président de la République, il pourrait permettre au parti d’avoir un nouveau souffle et pouvoir joué le rôled’arbitre au second tour pour départager les finalistes et figurer par la suite dans la future majorité. Dans le cas échéant si le parti venait à être finaliste malheureux, il pourrait continuer la voie tracée par Soumaila Cissé en animant véritablement l’opposition.
Deuxième option : Un candidat proche du parti comme l’ancien PM Oumar Tatam Ly
En choisissant l’ancien Premier Ministre Omar Tatam Ly pour être le porte étendard de l’Union pour la République et la Démocratie, URD, de Soumaila Cissé, personne ne trouverait à redire à cause de sa proximité avec ce parti. Pour rappel, l’ancien premier ministre serait l’un des conseillers et rédacteurs du programme de campagne de Soumaila Cissé, surtout pour ce qui concerne son aspect économique, en 2018. En plus de cela il est l’époux de la fille du Premier Président de l’URD et de surcroit ancien premier, premier-ministre de l’ère démocratique, Younoussi Touré. Donc le choix d’Oumar Tatam Ly ne serait nullement un fait du hasard. Il serait un très bon candidat pour défendre les idéaux de l’URD et préserver l’héritage laissé par Soumaila Cissé. Son choix serait logique pour trois raisons. La première est sa proximité avec le parti et avec Soumaila Cissé, la deuxième raison serait son passé glorieux. En effet, il est le seul premier Ministre à avoir jeté l’éponge sous IBK, après avoir posé les jalons d’un Mali émergent. Oumar Tatam LY est parti en laissant une bonne image dans le subconscient des maliens, donc il serait plus facile de mobiliser pour lui que pour un autre candidat fut-il un cadre bon teint du parti, qui ne serait pas connu. La troisième raisonserait son carnet d’adresses et certainement son pouvoir financier. Sans nul doute que par son poste à la BCEAO et son bref passage à la primature, Oumar Tatam Ly doit avoir un carnet d’adresses bien fournis lui permettant d’ouvrir beaucoup de portes et d’avoir le soutien de beaucoup de personnalités en dehors du Mali. L’autre qualité de l’ancien premier Ministre est qu’il pourrait mobiliser non seulement les ressources financières indispensables pour une bonne campagne, mais aussi il pourrait ratissez large au sein de l’ADEMA, dont sa mère est l’une des présidentes d’honneur, et surtout du RPM dont il a été certes, l’éphémère premier ministre, mais il l’y a laissé une bonne image.
La troisième option serait de collaborer avec les tenants actuels du pouvoir
A défaut d’un consensus autour d’un cadre bon teint URD et si par malheur l’ancien PM Oumar Tatam Ly déclinait l’offre ou bien que sa candidature ne fasse pas l’unanimité au sein de l’URD, la dernière option qui resterait aux cadres et militants du parti de la poignée des mains serait de collaborer avec la junte au pouvoir. Cette dernière aurait son candidat et voudrait l’imposer au Mali à la prochaine présidentielle. Donc la junte serait aux anges quand son candidat aurait le soutien de la deuxième force politique à l’Assemblée Nationale qu’est l’URD.Pour qu’une telle alliance puisse être profitable à l’URD, il faudraitd’âpres négociations, de compris et de concessions avec la junte pour un partage de responsabilité après les élections. Ainsi l’URD pourrait laisser la Présidence de la République, mais exiger le perchoir, la primature et certains portefeuilles ministériels clés lui permettant de placer ses cadres et de redynamiser le parti. Cette option, certes impopulaire, mais elle est la plus réaliste et réalisable pour un parti qui a été surpris par la mort inattendue de son leader charismatique. Par cette dernière option le parti reverrait à la baisse son ambition afin de préparer l’avenir en évitant à coup sûr des divisions, des dissensions qui fragiliseraient l’URD.
Youssouf Sissoko