La mendicité est devenue un métier à part entière, le plus dynamique et le plus créatif tous. Elle est un métier qui se pratique en haillons, en pantalon-cravate en bazin, en famille en pleurnichant ou avec d’autres stratégies. Ouvertement ou déguisé.
La mendicité est un fléau dans nos rues. Malgré qu’elle soit officiellement interdite. Elle prend de plus en plus de l’ampleur. De nos jours, il est très difficile de se promener dans la capitale malienne sans croiser un mendiant. Ce phénomène devient inquiétant pour les maliens au regard de son évolution dans la société.Autrefois, certains voyaient la mendicité à travers son aspect éducatif. Elle avait été instituée pour inculquer une certaine endurance, l’humilité, la modestie. D’autres y voyaient, une dimension traditionnelle et religieuse, mais, aujourd’hui, la réalité est toute autre.
Sans encadrement et laissées à eux-mêmes, ils finissent par devenir des voyous, des délinquants et des voleurs.
Il faut noter que la problématique de la mendicité est très complexe car pour de nombreuses personnes, elle est une émanation de la religion et des traditions multiséculaires qu’il convient de respecter. Alors que certains n’osent pas montrer leur visage tellement ils ont honte de demander l’aumône, d’autres emploient des moyens forts pour avoir le maximum d’argent, à savoir afficher un faux handicap, voire même louer un petit garçon ou une petite fille, car les gens ont tendance à donner plus d’argent quand ils voient que le mendiant à une famille à nourrir.
Le nombre des mendiants professionnels connaît une forte hausse dans les grandes villes. Si vous essayez de prendre une consommation calmement à n’importe quelle heure, ça sera raté car ils ne vous laisseront pas tranquille. «Je veux bien donner de l’argent juste pour qu’on me laisse tranquille, mais dès que je donne à l’un d’eux il y a tout le gang qui se ramène», déclare Zahara, commerçante. «Il est devenu impossible de passer une journée sans être interpelé par quelqu’un dans la rue, moi je ne fais pas confiance car ils en font un métier maintenant, et j’ai toujours dit que la personne qui a le plus besoin d’aide ne tendra jamais la main, mais ira plutôt trouver un travail car ce n’est pas facile de demander de l’aumône», explique Fousseini, gérant d’une station d’essence.
«Tendre la main est mieux que mourir de faim, je n’arrive pas à trouver un travail, Pour moi, c’est tout sauf le trottoir, donc je n’ai pas trop le choix, j’ai une famille à nourrir», explique Awa, mendiante et mère de 4 enfants qui l’accompagnent partout.
L’absence de travail, d’indemnité de chômage ou d’un salaire fixe sont les causes principales de ce phénomène.
Ces personnes donnent une mauvaise perception de notre pays, nous avons beau essayer de dégager une bonne image à travers les publicités et les événements que nous organisons, mais tant que nous ne trouverons pas de solutions à cela, rien ne changera.
Mahamadou YATTARA