Le Mali, à l’instar des autres pays africains, a commémoré, hier 16 juin, le 35e anniversaire des massacres des enfants de Soweto par le régime de l’apartheid. Avec le thème ” Tous ensemble pour des actions urgentes en faveur des enfants de la rue “, il a été démontré que plus de 150 millions d’enfants dans le monde vivent dans la rue, soit un enfant sur cinq. Un thème qui a suscité la ruée d’une foule d’enfants dans les locaux du palais de la culture, sous la mobilisation de la direction nationale de la promotion de l’enfant dirigée par Aliou Barry. Le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, les a assurés de son accompagnement même après son départ de la présidence.
Cette journée offre l’occasion aux différents acteurs en charge de la promotion des droits de l’enfant d’examiner, d’une part, les progrès accomplis dans l’accès aux droits fondamentaux de l’enfant et, d’autre part, de servir de moteur pour susciter l’intérêt des décideurs et du public en faveur de la mobilisation des ressources de qualité pour mieux bâtir et garantir un environnement protecteur de l’enfant au Mali. Le thème ” Tous ensemble pour des actions urgentes en faveur des enfants de la rue ” rime avec la difficile situation vécue par un nombre de plus en plus important d’enfants à travers le monde. L’expression “ enfant des rues ” désigne de façon générale un enfant au sens de personne mineure qui vit dans la rue. Les enfants de la rue sont le plus souvent soit des sans domicile, soit des enfants ayant un domicile mais travaillant dans la rue, dans le secteur informel. Selon l’ONU, 150 millions d’enfants dans le monde vivent dans la rue, soit un enfant sur cinq. L’Unicef estime que 11 millions d’enfants sont dans la rue en Inde, 445.000 au Bangladesh, 250.000 au Kenya et 200.000 au Congo Kinshasa. Le Mali, pour sa part, se trouve également dans le lot des pays concernés par le développement de ce phénomène, même s’il n’existe pas de données fiables en la matière. Les études menées par la DNSI en 2005 ont montré que deux enfants sur trois âgés de 5 à 17 ans économiquement actifs investissent la rue. Le phénomène d’enfant de la rue essentiellement urbain prend de plus en plus de l’ampleur à Bamako, Mopti, Ségou et Sikasso. Ils se regroupent sur les places publiques en quête de jetons, aux croisements des feux tricolores, certains font le nettoyage des pare- brises tandis que d’autres sont envoyés par les maîtres coraniques pour quémander de l’argent. Cet apprentissage censé accompagner la formation religieuse musulmane perd toute sa valeur traditionnelle dans les centres urbains. Ils sont soumis à l’exploitation au nom d’une tradition galvaudée par l’usage qu’on en fait. Par finir, ils versent dans le fléau de la mendicité, la délinquance infanto- juvénile sous toutes ses formes. Toute chose qui fera dire au rapporteur général du parlement national des enfants, Balkissa Chérif Haïdara, que pour lutter contre ce mal l’institution demande la formalisation des écoles coraniques et l’interdiction formelle de la mendicité des enfants afin de leur permettre d’apprendre sans mendier comme leurs camarades de l’école classique. Elle a, ensuite, demandé le renforcement de la sécurité au sein des différents établissements scolaires, car le gouvernement des enfants a récemment enregistré des cas de violences sur une fillette et d’insécurité à l’école de la République. A cause du fait que cette école se trouve actuellement en rénovation, les élèves sont obligés de parcourir 3 km par jour pour aller suivre des cours dans une autre école qui leur est affectée en attendant la fin des travaux de rénovation.
Pour le président de la Comade, Mohamed Lamine Cissé, la promotion et la protection des droits des enfants exige de chacun des acteurs une prise de position responsable en tant qu’agent actif du changement de mentalité et de comportement pour l’avènement d’un monde digne des enfants. Par ailleurs, le Représentant-résident de l’Unicef, Marcel K. Rudasungwa, a affirmé que les défis auxquels sa structure est confrontée sont immenses du fait de la pauvreté grandissante et de l’urbanisation accélérée contribuant, malheureusement, à marginaliser de plus en plus les couches les plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants. Avec un taux net de scolarisation de 61%, on peut considérer que deux enfants sur cinq d’âge scolaire sont hors école. Ce qui, à l’évidence, fait d’eux des enfants de la rue potentiels. C’est dans ce contexte qu’il convient de rappeler qu’une des missions essentielles de l’UNICEF est d’aider les pays à s’assurer que tous les enfants jouissent de leurs droits fondamentaux, notamment l’éducation.
Le ministre de la promotion de la Femme, de l’enfant et de la famille, Dr Konaré Mariam Kalapo, a, pour sa part, a fait état des chantiers des grandes actions visant la satisfaction des besoins des groupes cibles. Il s’agit du document de politique nationale de promotion et de protection de l’enfant assorti d’un plan d’actions en cours d’élaboration. Des avancées ont été faites dans les domaines de la scolarisation, de la santé et des droits des enfants au Mali. Les quelques réalisations qui viennent d’être énumérées, a-t-elle souligné ,” ne doivent nullement nous amener à baisser la garde, mais ils doivent, au contraire, nous pousser à agir davantage car le chemin à parcourir reste semé d’embûches “.
Et pour conclure, le président de la République, a témoigné de son amitié et son affection à l’endroit de ses amis, les enfants. Il les a rassurés de les confier à son successeur pour qu’il ne prenne soin d’eux, car l’avenir du pays dépend d’eux. “ Où que je sois dans mon champ de riz à Mopti ou dans mon verger à Barbé, je serai toujours avec vous car c’était le cas avant que je ne sois président et ce sera toujours le cas“.
ATT hier à la journée de l’enfant africain
“Dans l’affaire de la Pouponnière, les responsabilités seront situées, les présumés coupables jugés et punis conformément à la loi “
La mort de 33 enfants par négligence coupable dans les locaux de la pouponnière I de Bamako s’est invitée, hier jeudi 16 juin, à la cérémonie commémorant la journée de l’enfant africain et c’est le chef de l’Etat qui a saisi l’occasion pour asséner que ” les responsabilités seront situées, les présumés coupables jugés et punis conformément à la loi “. Amadou Toumani Touré, visiblement très en colère pour ce drame, a ajouté que l’Etat, à travers le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, a failli en ” mettant à ce genre de poste des personnes qui n’ont ni la compétence, ni la capacité requise pour éduquer et protéger une tranche de la société aussi vulnérable que les enfants “.
Le président de la Coalition malienne des droits de l’enfant (COMADE), une coalition qui regroupe 78 organisations non gouvernementales, Mohamed Lamine Cissé, n’a pas non plus fait dans la dentelle en cette journée consacrant l’enfant africain (en souvenir de la mort des enfants de Soweto) pour dénoncer la mort par négligence des trente trois enfants de la Pouponnière I. ” Nous devons jouer notre rôle de protecteurs des enfants en respectant et en faisant respecter les textes, en sensibilisant les consciences en les protégeant contre les violences “. Raison pour laquelle, dira t-il, la Coalition malienne des droits de l’enfant s’est constituée partie civile dans l’affaire portant sur les enfants morts de la Pouponnière en portant plainte contre X. L’objectif recherché par cette plainte étant de situer les responsabilités aux différents niveaux et que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur pour que plus jamais des choses de ce genre ne se répètent dans notre pays.
Cette double sortie du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré et de la Comade vient mettre un terme à l’information qui avait un moment circulé dans la presse internationale, laissant croire que ” la directrice de la Pouponnière, Mme Diallo Aminata Kéita, arrêtée le 30 mai, ne sera pas inquiétée pour le décès de 33 nourrissons dont elle avait la charge. Aucune plainte sur la mort de ces enfants n’ayant été déposée “.
Alors que c’est suite à ces événements, survenus entre août 2010 et février 2011, que le scandale des mauvais traitements infligés aux enfants de cette Pouponnière avait éclaté. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que toutes les responsabilités seront situées et les coupables seront jugés et châtiés.
La Directrice de la Pouponnière a été arrêtée le 26 mai par la Brigade des mœurs et déférée le 30 du même mois à la prison pour femmes de Bollé pour négligence de soin, négligence dans la mort de 33 enfants et pour des irrégularités dans des procédures d’adoption, trafic d’enfantsn faux et usage de faux.
Fatoumata Mah Thiam KONE, Abdoulaye DIARRA
20ème édition de la Journée de l’enfant africain
L’Association Gnouman-kè a impliqué les talibés à travers une séance de lecture du Coran
Dans le cadre des activités de la Journée de l’enfant africain, l’Association Gnouman-kè, en collaboration avec la Fondation solidarité et d’aide au peuple malien, a organisé une cérémonie de lecture coranique hier jeudi au Café des arts du palais de la culture Amadou Ampathé Bah. Cette séance de lecture était présidée par l’imam Mahamane Haïdara.
Les enfants talibés n’ont pas été oubliés à cette 20ème édition de la Journée de l’enfant africain. L’association Gnouman-ké a organisé une séance de lecture du Coran au palais de la culture Amadou Hampaté Bah. A travers cette cérémonie, l’association Gnouman-ké entend poursuivre ses œuvres de bienfaisance en associant les enfants de couches démunies à cette journée.
Ont pris part à cette cérémonie présidée par l’imam Mahamane Haïdara, les imams de certaines mosquées, les chefs de quartier, les sympathisants de l’association et les enfants talibés.
Les élèves de la Fondation Solidarité et Aide au Peuple malien ont donné le ton à travers la lecture du saint Coran. A la fin de cette lecture, l’imam Mahamane Haïdara a fait des bénédictions pour les enfants du Mali, de l’Afrique et de l’ensemble de la communauté musulmane.
La présidente de l’Association Gnouman-ké, Adam Niamé Bah, a affirmé que l’objectif de son association est d’aider les enfants talibés et tous les enfants de la rue en leur donnant de l’affection et de l’éducation, toutes choses qui sont nécessaires à leur épanouissement. Elle a lancé un appel à toutes les bonnes volontés pour les aider à cultiver l’esprit de solidarité et de partage qui sont les valeurs cardinales de notre société.
Abdoulaye Diallo, Coordinateur des chefs de quartier de la Commune V, a salué cette initiative de l’association. Il a exprimé son souhait de voir ce genre d’initiative s’élargir à tous les enfants démunis. L’association Gnouman-kè a vu le jour en novembre 2009. Elle encadre des enfants de nationalités différentes dans certains quartiers de Bamako notamment Baco-Djicoroni, Niamakoro…
Des bénédictions pour le père de Frédric Oumar Kanouté décédé le mois dernier, la lecture de certaines sourates du Coran par les enfants et la remise des équipements sportifs aux enfants ont mis fin à cette cérémonie.
Moussa Sidibé, Stagiaire