La France, la junte au pouvoir, la durée de la transition…. Choguel K. Maïga face à ses contradictions

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De l’illégalité et l’illégitimité du pouvoir dirigé par des militaires à sa légalité et sa légitimité, le Premier ministre malien est passé, en si peu de temps, maître dans l’art du reniement.

« Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues », écrivait Adolphe Hitler dans Mein Kampf. C’est la théorie expérimentée par le Premier ministre qui, pour faire plaisir à une partie de l’opinion, s’est complètement dédit. Au point que le Dr. Choguel K. Maïga est devenu maître dans l’art du revirement.

Il est vrai que la vision de l’homme évolue et se raffermit en fonction du temps. Toutefois, ce n’est pas le cas de Choguel K. Maïga qui prend position en toute connaissance de cause pour faire juste plaisir à une partie de l’opinion à la quête d’un lendemain meilleur. Sur plusieurs questions, la position du président du parti Mouvement patriotique pour le renouveau (Mpr) a changé avec sa nomination à la tête du gouvernement.

D’abord sur les militaires au pouvoir. Des mois après la chute du régime IBK, dont il a contribué au renversement par les militaires, le président du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp), pour ce qu’il en reste, s’est vertement attaqué aux autorités de la transition de l’époque dénonçant leur « incompétence et leur illégitimité ».

Avec le sens de la formule dont il a le secret, le président du parti Mpr était à l’époque le porte-parole de tous les « opposants » à la transition. « C’est un gouvernement militaire nommé par des militaires. C’est une junte au pouvoir. C’est un régime illégal et illégitime ».

Comme si tout cela ne suffisait pas, Choguel K. Maïga va jusqu’à parler de la « colonelisation » (un néologisme) du pouvoir » devenant ainsi le visage de la contestation contre les militaires au pouvoir.

Sur la durée de la transition, l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce sous le président ATT était le plus grand opposant à sa prolongation. « Il est clair pour nous (ndlr : le M5-Rfp), la durée de la transition ne doit pas excéder les 18 mois », avait-il dit en substance, le 07 mai 2021, devant le président de la transition d’alors, M’Bah N’Daw, renversé à son tour le 24 mai par un coup d’Etat militaire.

Soutien, puis pourfendeur du régime IBK

Une fois nommé à la Primature, Choguel K. Maïga s’est complètement dédit. La prolongation de la transition et le gouvernement nommé par les militaires ne sont plus un problème.  Le Conseil national de transition (Cnt) n’est plus illégal et illégitime. Finies alors les diatribes contre les militaires au pouvoir. Les expressions comme la « colonelisation » du pouvoir, la junte, le régime illégal et illégal sont bannis de son vocabulaire.

Pis, il va jusqu’à vouloir interdire ces différents mots au Mali en s’offusquant contre toute personne qui emploierait ses expressions. Au point qu’on se demande qu’est-ce qui a changé entre-temps. À part sa nomination, rien n’a changé sous le soleil. Ce sont les mêmes militaires qui sont au pouvoir et qui ont signé son décret de nomination.

Le Premier ministre était l’un des pourfendeurs du régime d’IBK. Il fait partie d’ailleurs des principaux acteurs qui ont contribué à sa chute à travers une contestation dans la rue. Pourtant, Choguel K. Maïga était un soutien farouche du même régime pour avoir été ministre porte-parole du gouvernement.

D’ailleurs, n’avait-il pas déclaré que « Quand le soleil apparaît, même lorsqu’on est sous sa tente, les rayons nous parviennent », avant de faire remarquer « les succès palpables et vérifiables des actions du gouvernement sous la conduite du président Ibrahim Boubacar Keita ». L’ancien ministre et porte-parole du gouvernement n’a pas hésité une seconde à se retourner contre le pouvoir en place dont il chantait naguère les louanges.

L’incohérence de l’homme

Dans la contestation contre le régime IBK, Choguel K. Maïga affirmait (les images circulent sur les réseaux sociaux) que ce n’est pas la France la cause de l’insécurité au Mali, mais « plutôt le régime incompétent au pouvoir ». Malgré l’incompétence dudit régime, lui, Choguel K. Maïga, est resté dans le gouvernement jusqu’à son éviction le 7 juillet 2016.

Toujours concernant la France, l’ancien porte-parole du gouvernement sous IBK a déclaré sur les ondes d’une radio que « si ce n’était pas l’intervention de la France en 2013, que le Mali allait être rayé de la carte », invitant les autorités à dire cette « vérité » au peuple malien.

Au pouvoir, Choguel K. Maïga n’a non seulement pas dit cette vérité, mais il s’est plutôt déchaîné sur Paris. Sous son impulsion, la France est accusée de tous les péchés d’Israël.

Les agissements et les prises de position du Premier ministre font dire à plusieurs observateurs : avec lui au pouvoir (Choguel Maïga) tout va bien et sans lui tout devient mauvais. Certains vont jusqu’à parier qu’il n’est pas exclu qu’une fois déchu de ses fonctions de Premier ministre, Choguel K. Maïga ne revienne pour remettre en cause tout ce qu’il entreprend en ce moment. Ce qui dénote l’incohérence de l’homme.

Il est peut-être atteint du syndrome d’hubris : la maladie du pouvoir. Perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l’emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir… Ce seraient quelques-uns des symptômes d’une maladie mentale liée à l’exercice du pouvoir, le syndrome d’hubris.

 

Abdrahamane SISSOKO 

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1 commentaire

  1. la jeunesse Malienne a fait son choix.Elle a en effet tiré les conclusions de plusieurs siècles d’esclavage et des près de 100ans de colonisation. le choix est sans équivoque: l’independance et la liberté, mais les vraies , et si c’est choguel qui les portent, tant mieux.Lui au moins a compris qu’il faut changer de veste. Nous sommes droit dans nos bottes et disons à ceci à ceux qui ne l’ont pas encore compris:Ni les *politicards* internationaux et leurs complices nationaux,encore moins leurs * journaleux* ne peuvent nous distraire. Contre ceux qui tentent de destabiliser le pays nous agirons sans complexe mais sans pitié.
    alors vous etes avertis.

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