La femme est à la base de tout développement dans une localité, un pays, ainsi qu’une famille. Malgré cette vérité d’hier et d’aujourd’hui, le taux d’éducation des filles en milieu rural reste toujours faible. Certaines d’entre elles abandonnent facilement l’école, d’autres n’y vont même pas. Prospection.
Plusieurs facteurs entravent l’éducation de la fille rurale. Parmi lesquels, surplombent les contraintes économiques. Certains parents dans l’impossibilité de prendre en charge les frais de scolarité de l’ensemble de leurs enfants, préfèrent extraire du lot les filles. Surtout, dans les zones rurales.
Alima, une aide-ménagère venue de San, raconte son histoire avec un ton triste en ces termes : « j’ai arrêtée l’école en classe de 6ème année parce que mes parents n’avaient pas les moyens de payer mes frais de scolarité. Alors, j’ai préférée faire la servante à Bamako pour payer mon trousseau de mariage à l’instar des autres jeunes filles de notre village ».
Toujours dans les zones rurales, l’un des handicaps à la réussite de la scolarité de la jeune-fille relève aussi de l’éloignement des écoles des lieux d’habitations. Certaines écolières sont appelées à parcourir à pied, quotidiennement des kilomètres et des kilomètres pour se rendre à l’école. Puis, une fois de retour à la maison elles sont soumises aux travaux domestiques, souvent champêtres. D’où le découragement de certaines d’entre elles à maintenir le cap, sur le plan scolaire.
Aux dires de Mamou une servante d’une quinzaine d’années, leur école était très loin de leur maison, au bout de huit ans d’efforts elle fut obligée d’interrompre sa scolarité à la classe de 8ème année, au grand soulagement de ses parents qui ne se sont pas fait prier pour l’envoyer chercher de l’argent dans la grande ville.
Ce qui n’est pas le cas pour Ami Tangara, une mignonne adolescente en adoption chez sa tante à Bamako. « Je n’ai jamais été à l’école, mon papa n’a jamais voulu que ses filles fréquentent les bancs. Ce sont mes frères qui sont allés à l’école d’autres sont même arrivés jusqu’à l’université, mais je regrette beaucoup parce que je vois les filles de mon âge partir à l’école à Bamako et elles peuvent régler beaucoup de choses sans leurs parents si je pouvais retourner pour rattraper le temps perdu pour étudier je le ferai » affirme- t- elle avec un air de regret.
En effet, d’autres facteurs contribuent à la détérioration du niveau de scolarisation des filles en milieu rural, dont celui pédagogique. A savoir, l’inadéquation de la vie scolaire avec les spécificités du milieu rural. Auquel s’ajoutent des facteurs socioculturels. Notamment, l’ignorance des parents des aspects positifs de l’éducation. Qui demeurent intimement convaincus que l’avenir de la fille est de rester à la maison, d’où l’idée répandue, selon laquelle la scolarisation de la fille porte atteinte à la cohésion de la société rurale.
A en croire Kanou, une aide ménagère de la race Bobo, vivant à Djelibougou, son abandon de l’école a été effectif à cause de la pression de ses parents qui lui ont donné en mariage au village. « Actuellement j’ai 4 enfants à ma charge, mon mari ne gagne qu’après les récoltes » murmure-t-elle.
En outre l’éducation aide les filles à s’engager sérieusement dans la vie active et collective, à exercer leurs droits. La scolarisation de la fille en général et de la fille rurale en particulier constitue l’un des meilleures investissements à mener pour garantir un développement humain durable.
L’Etat doit créer une comité de scolarisation des filles rurales pour lutter contre l’abandon et la déperdition scolaire des jeunes-filles au niveau rural, sensibiliser la fille rurale sur son rôle dans la société, soutenir et inciter des actions visant l’amélioration des conditions quantitatives et qualitatives de l’offre éducation.
Fatoumata Fofana