L’appellation « belles de nuit » est aux oubliettes: elle ne sied plus, pour désigner les professionnelles du sexe. Au jour d’ouie, c’est en plein jour qu’elles vendent leurs charmes. Et, les clients ne manquent pas à l’appel d’offres. Ce modus opérandi n’est pas un fait du hasard. Les hommes de la Commissaire Ami Kane ne sont à leurs trousses… que la nuit.
Ce n’est pas demain, que le plus vieux métier du monde disparaîtra : pour survivre, il résistera à tous les traitements : Raffles de police, garde à vue, amendes etc…. Les autorités maliennes espéraient, non pas y mettre fin, mais à le moraliser, en redynamisant la Brigade des Mœurs. La tâche a été confiée à la commissaire Amy Kane, une dure à cuire, dit -on. Elle n’a pas failli à sa réputation quoique, l’on murmure que son zèle serait motivé par sa prétention à devenir Gouverneur du District. Ses hommes le prouvent, eux, qui se livrent à une chasse, aux prostituées. Dès la tombée de la nuit, les voilà sur leurs grands chevaux, avec à leur tête, l’inspecteur Sanogo, une célébrité du « Poulailler ». Il est craint mais…pas respecté, ni aimé. Au cours des rafles nocturnes, ils n’inquiètent pas les hommes, mais les femmes seules ou en groupe. Elles sont délogées, manu –militari, des bars –restaurants ou même des chambres de passe, ou… des toilettes, par des policiers en civil. Il y a de cela une quinzaine de jours, les hommes de l’Inspecteur Sanogo, habillés en civil, ont fait irruption dans le Bar –restaurant chinois de quinzambougou, appelé « Béijing ». Et raflé les femmes, retrouvées seules. Actuellement, pour être à l’abri d’une rafle, la femme doit être au bras d’un homme. Car, l’inspecteur Sanogo respecte les couples… Les personnes embarquées ne tardent pas à revenir sur le lieu de leur « travail ». Interrogées, elles affirment avoir aboulé, chacune, la somme de 10.000 CFA, le prix de la liberté. Ont -elles obtenu un reçu en retour ? « Qui ose demander un reçu aux hommes de Sanogo ? », répond l’une d’elles. « Ils s’en moquent », dit une ivoirienne.
Une association humanitaire s’était portée volontaire, pour encadrer et récupérer les prostituées, qui veulent changer de métier. Elle sensibilisait aussi celles qui voulaient continuer le métier. Ainsi, elle leur délivrait des « cartes professionnelles ». « Au début, ils ne posaient pas de problèmes avec ces cartes, mais aujourd’hui, ils s’en moquent, éperdument. Ils veulent de l’argent, il suffit de payer. », ajoute l’ivoirienne.
Les policiers qui vous interpellent ont-ils une fois abusé sexuellement de vous ?
-Non ! J’avoue qu’ils ne sont pas de ce genre. Il suffit de payer.
Voilà au moins une chose de gagnée !
En tout état de cause, la pression de la Brigade des mœurs est si forte, que les « belles de nuit » se sont transformées en « belles de jour ». Le phénomène prend de l’ampleur dans la quasi-totalité des maquis et bar- restaurants de notre capitale. A ce rythme, il est difficile d’affirmer que Ami Kane a gagné son pari. Elle n’a fait que déplacer un problème récurrent.
Chrystelle “