Est-ce possible ?
Pendant des siècles, l’égalité entre les hommes et les femmes n’était pas reconnue. Dans tous les domaines, ces dernières ne jouaient qu’un rôle mineur, tout en étant reléguées aux tâches familiales et domestiques.
Récemment, une femme est nommée Première ministre dans notre pays pour la première fois de notre histoire, qu’est-ce qu’ils n’ont pas dit ces machos en ricanant : « une femme à la tête du Gouvernement ? ». « Mais ATT est fou pour faire une chose pareille ». « Cette Dame doit rester chez elle pour préparer à son mari ». « Qui peut laisser son épouse occuper une telle place qui l’impose autant de responsabilités? ».
BLABLABLA….Un bêtisier des propos désobligeants tenus à l’encontre des femmes par des esprits coincés nous semble un acte un peu vain. Dans ce monde dit moderne dans lequel nous vivons, peu d’hommes admettent la légitimité des femmes à participer aux décisions à égalité avec eux. Dévaloriser la femme est ainsi une manière de lutter contre ce qui passe pour une injustice : à savoir la capacité, pour elles, à enfanter des enfants des deux sexes.
-Imaginons une femme dans la cuisine assise devant un feu ardent, avec cette chaleur de chien à préparer à manger ou se baissant pour nettoyer la maison pendant que son époux regarde la télévision.
Quelle réflexion nous procure cette scène ? Aucune probablement. Voilà un bel exemple de la répartition des tâches. Madame transpire sous cette chaleur insupportable pendant que Monsieur se délasse après une rude journée de travail. Tout est mieux ainsi.
Pourquoi cette scène semble-t-elle banale, pourquoi éprouve-t-on cette impression confuse qu’elle remonte à la nuit des temps.
-Imaginons maintenant la situation inverse, l’homme dans la cuisine, Madame dans le salon regardant son feuilleton préféré, est-ce plausible, comique ou transgressive ?
Scientifiquement en quoi l’art de cuisiner, de faire les tâches ménagères peut-il être considéré comme typiquement féminin ?
Pourquoi la femme accepte-t-elle cette situation, car Monsieur n’a sans doute pas braqué un pistolet sur la tempe de sa femme, la sommant de faire ces tâches ménagères. Monsieur est sûrement quelqu’un de bien, attentionné et paisible, moderne, qui ne veut que le bonheur de son épouse. Alors pourquoi Madame accepte seule ce travail sans broncher ?
Le viril Monsieur demande à donner un coup de main, sa femme ne va-t-elle pas le mépriser ? Sa virilité sera-t-elle intacte ? Un homme qui fait le ménage est-elle toujours un homme ?
Pourquoi une femme à casserole est-elle si femme ? Est-ce sa nourriture ? Ses formes qui se dessinent sous son pagne ? Sa beauté ? Mais où est donc la vraie femme.
-Une chose est sûre, les tâches ménagères doivent être faites. Mais par qui ? Quelle situation idéale imaginer pour ce couple historique sans histoires : l’organisation de tours de cuisine, de la vaisselle, le devoir pour Monsieur de faire les tâches ménagères pour racheter les années (voir les millénaires) perdues, et le devoir pour Madame de s’y livrer puisque les choses sont ainsi.
Se poser ces questions, c’est déjà évaluer les terres féministes. Car s’intéresser à l’histoire, à la politique, à la littérature, aux traditions, à l’école, aux hommes, aux femmes et aux autres…., c‘est se poser beaucoup de questions pour peu de réponses. C’est être capable de regarder autour de soi, et en soi, avec une curiosité boulimique. Peu de sujets sont aussi vastes et féconds : il interroge en profondeur ce que nous sommes, ce que nous croyons être, ce que nous aurions pu être et ce que nous pourrions être un jour.
Cependant, ces choix ne sont pas inscrits dans la «nature» des femmes, mais résultent d’un processus de socialisation qui oriente leurs décisions : les filles puis les femmes prennent aussi les décisions qu’on leur a appris à prendre, dans la famille ou à l’école notamment. En se basant sur cette théorie, nous estimons que la redistribution des rôles à la maison est une affaire publique, et même un enjeu politique, les inégalités ménagères à l’origine de toutes les autres.
Il s’agit aussi de comprendre comment les filles et les garçons puis les femmes et les hommes que nous sommes ; de savoir, en ce qui concerne les relations entre sexes, quelles évolutions ou transformations se dessinent, se préparent, sont à redouter ou à souhaiter.
Nous allons parler simplement, clairement, et honnêtement sur le féministe chaque Vendredi dans une rubrique dédiée aux femmes. Chères lectrices et chers lecteurs, vos réactions seront les bienvenues et nous souhaitons que vous participiez avec nous à ce débat.
N.N.C
