S’il y a une affaire qui doit gêner les juges aux entournures c’est bien celle des journalistes et de l’enseignant Minta. Tant par le ridicule dont cette affaire a couvert tout le pays que par la qualité des protagonistes. Parce qu’il s’agit d’une affaire mettant aux prises le président de la République, premier magistrat du pays à des journalistes.
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A l’origine, une petite dissertation proposée par un jeune professeur qui voulait être contemporain de son temps ; à l’arrivée, cachot pour l’enseignant et cinq journalistes. Sans vouloir revenir sur la dissertation, on peut rappeler que la dissertation parlait des frasques sexuelles d’un président imaginaire d’une République imaginaire avec une jeune prostituée économique. Notre homme n’aimant visiblement pas la capote se retrouve avec un enfant sur les bras et sa dulcinée sur le dos. C’est finalement en Conseil de ministreS que notre luxurieux président de la République (celui dont la dissertation parle) a été contraint de reconnaître le fruit de ses incartades et d’épouser la fille. Fin de match. En tout cas, c’est ce que notre confrère Seydina Oumar Diarra de Info-Matin qui a révélé l’affaire le 1er juin pensait. Grave erreur. Parce que l’a dissertation qui n’avait pas pris le soin de préciser que « toute ressemblance avec des faits et personnages réels n’est que pure coïncidence » a été prise très au sérieux et considérée (on se demande encore pourquoi) comme un pavé dans la marre du président ATT qui s’apprêtait à accueillir du beau monde à l’occasion de son investiture après une victoire éclatante à la présidentielle. Mais pour ne pas gâcher la fête, on a décidé d’attendre que les invités regagnent leur pays pour frapper. Le 14 juin, Seydina Oumar Diarra et l’enseignant sont alpagués et jetés en prison pour offense au Chef de l’Etat. Le 20 juin, Alexis Kalembry des Echos, Sambi Touré de Info-Matin, Mahamane Hamèye Cissé du Scorpion et Birama Fall du Républicain, pour avoir repris par solidarité le texte initial sont également arrêtés et envoyés en prison. Malaise dans la Justice où le procureur Sombé Théra qui avait été chargé de la besogne piétine les règles les plus élémentaires en matière d’instruction navigant du code de procédure pénal à la loi sur les délits de presse en fonction de ses objectifs. Emoi au sein de l’opinion qui se demandait quel était le crime commis. Grogne dans la profession où après une marche et une journée presse morte, les journalistes envisageaient d’autres actions plus vigoureuses. Condamnation de l’opinion internationale qui ne comprenait pas que pour si peu, on attente aussi facilement aux libertés. Après un jugement express, l’enseignant a été condamné pour deux mois fermes assortis d’une interdiction d’exercer, Seydina Oumar Diarra à 17 jours fermes et les autres confrères à diverses peines avec sursis. Et c’est en toute logique que les condamnés ont interjeté appel.
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La Justice qui a sans doute beaucoup de dossiers en suspens doit se demander, comment manipuler celui de « la maîtresse du président de la République » à cause de son caractère hautement politique. Le délit d’offense au chef de l’Etat n’étant pas constitué, la Justice devra trouver le moyen de sortir par le haut sans qu’il y ait beaucoup de casse. En cela, les choix ne sont pas infinis. Elle ne peut décider que d’un non lieu. Ce qui aurait l’avantage de blanchir définitivement nos confrères et de tourner une des pages les plus sombres de l’histoire de notre presse et de notre démocratie. C’est le seul choix parce qu’on imagine difficilement la Justice prendre le risque d’un autre procès qui verrait toute la presse se focaliser sur cette affaire ; qui verrait la presse internationale débarquer avec armes et bagages sur notre territoire ; qui verrait les associations de défense des libertés de presse épingler de nouveau notre pays et l’accabler davantage. Déjà que cette affaire et d’autres entorses ont coûté à notre pays son élogieux classement parmi les Etats qui respectent le plus la liberté de la presse. De 36ème à égalité avec la France il y a deux ans, notre pays a plongé dans les profondeurs pour se retrouver à la 59ème place. Mais l’impératif pour la Justice c’est déjà de se prononcer rapidement. Comme elle l’a fait récemment pour les étudiants de la FMPOS.
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L’affaire Me Touré Aida Niaré ou la “maîtresse” de la Justice
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Ce n’est certainement pas une première, voir un médecin traîner devant les tribunaux ou être menacé pour « faute professionnelle ». Mais de toute évidence, l’affaire que la Justice aura à trancher est la plus retentissante et la plus médiatisée. Il s’agit de l’affaire dite Me Touré Aïda Niaré. Avocate de profession, Me Touré Aïda Niaré a rendu l’âme à Paris suite à des complications médicales consécutives à un malaise apparemment bénin. Avec un morceau de cola coincé dans l’œsophage, elle a subi un premier traitement au Mali avant d’être évacué en France où malheureusement elle n’a pas survécu. Mais ce n’est pas un cadavre de plus qu’on a enterré pour aller vaquer à ses occupations. En tant que patiente comme tous les autres, la famille de Me Touré Aïda Niaré a voulu savoir les conditions dans lesquelles elle a perdu la vie. En tant qu’avocate, ses collègues se sont mobilisés autour de la famille pour que la vérité éclate. Dépôt de plainte, mise en détention du Pr. Mohamed Kéita assistant au service ORL et de son assistante anesthésiste Mme Dembélé Salimata Dao, grève du corps médical sur toute l’étendue du territoire paralysant les structures sanitaires avec des désagréments pour les usagers que la mobilisation des médecins militaires n’a pas pu palier, etc. L’affaire qui a pris des allures de batailles corporatistes entre médecins et juristes a divisé l’opinion nationale. Finalement, de bonnes âmes ont réussi à calmer les esprits en attendant que la Justice tranche. Celle-ci n’est pas à l’aise avec cette affaire. A tort ou à raison les médecins la soupçonnent de partialité du fait que Me Touré Aïda Niaré appartienne à la grande famille judiciaire. Les juges assurent que leur lucidité et leur impartialité ne seront pas prises à défaut malgré le caractère passionnel du dossier. De toute évidence, cette affaire sera suivie par tout le monde notamment par les protagonistes qui fourbissent leurs armes. Dieu seul sait quelles seront les conséquences du verdict.
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“La maîtresse du président”,
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“la maîtresse de la Justice” et les “maîtres corrompus”
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L’affaire des corrompus de la République
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A peine nommé, le nouveau ministre de la Justice et Garde des Sceaux Maharafa Traoré s’est rendu au pool économique. Il venait voir selon ses déclarations les conditions de travail qui représente un maillon essentiel dans la lutte contre la corruption. Pour son second mandat, le président de la République a pris l’engagement le jour de son investiture de faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Et en recevant le rapport du Vérificateur général qui fait état d’un manque à gagner de plus de 102 milliards pour l’Etat au cours de ces cinq dernières années, le président ATT a instruit au Premier ministre de prendre toutes les dispositions afin de poursuivre les délinquants, en tenant compte de la présomption d’innocence. Pour davantage marquer son engagement, le président de la République est revenu sur la lutte contre la corruption dans sa lettre cadrage adressée au Premier ministre. Logiquement, ça devrait chauffer pour les délinquants en col blanc surtout que les bailleurs de fonds, sans toutefois conditionner ouvertement leur soutien financier à notre pays, tiennent à ce que l’Etat agisse. C’est dans cette ligne qu’il faudrait placer la démonstration faite il y a deux semaines par l’ex-DAF du ministère de la Santé devant les bailleurs de fonds pour rejeter les chiffres du Vérificateur général concernant la gestion du département et du Prodess. En attendant que d’autres ne s’engouffrent dans cette voie, il est bon de rappeler, sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, qu’aux premières de ceux sur qui pèsent de graves accusations on trouve des membres du gouvernement. Ils sont au moins trois ministres à être exposés à d’éventuelles poursuites judiciaires. Etant tous des proches du président de la République, l’opinion se demande si ATT aura le courage pour ne pas dire la « cruauté » de les lâcher. Surtout qu’ils ont été particulièrement actifs dans la campagne pour la réélection du locataire de Koulouba.
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En dehors des ministres, certains cadres épinglés dans différents rapports des services de contrôle pourraient aussi se prévaloir de la proximité avec le président ou son proche entourage pour espérer se soustraire du champ de la Justice. Qu’il s’agisse de la Douane, des Impôts, de l’INPS, de l’Eau, de l’Education etc. il y a du beau monde sur le pont qui regarde du côté de Koulouba avec l’espoir d’échapper à la lutte.
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Comme on peut le constater, les juges auront du boulot avec ces affaires qui attendent sur leur table. Disons le tout net, la partie est loin d’être jouée dans la mesure où l’ombre du premier magistrat plane sur certaines affaires.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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