Le coup d’État du 18 août 2020 a aiguisé les appétits gloutons de certains leaders religieux et hommes d’affaires maliens. Ainsi, ils entendent se lancer dans le marigot politique pour chasser de l’arène politique les dirigeants actuels accusés à tort ou à raison d’être les responsables de la souffrance du peuple malien. Ils ambitionnent de les mettre au garage à la faveur de l’élection présidentielle prévue pour 2022. Un duel à mort annoncé pour trois mondes qui s’ignorent mais complices.
Après s’être bougrement enrichis dans un pays où assurer les trois (03) repas quotidiens est un parcours du combattant pour beaucoup de chefs de famille, des hommes de Dieu et du milieu d’affaires veulent franchir le Rubicon en se lançant dans la politique politicienne. Si certains se sont déjà fait entendre en regagnant des formations politiques, d’autres ont opté pour l’implantation et le renforcement de leurs structures sur le terrain. Ils souhaitent par ces élections tourner la page des hommes politiques de 1991 pour inaugurer une nouvelle ère de politiciens dans notre pays et adopter un autre système de gestion des affaires publiques.
L’irruption de ces hommes dans le champ politique est l’expression de l’échec cuisant de la classe politique à gérer dignement le pays et à répondre aux attentes d’un peuple qui a sacrifié ses filles et fils pour l’avènement de la démocratie, en 1991 dont ils sont aujourd’hui les seuls bénéficiaires à travers des pratiques déloyales. Et avec le putsch de 2020, le procès de ces femmes et ces hommes est en cours. Ils sont accusés à tort ou à raison d’être à la base de la faillite de l’État qui arrive à peine à faire face aux préoccupations des Maliens et sont désavoués par leurs concitoyens dont une bonne partie a opté pour la gestion militaire de la transition de dix-huit (18) mois.
Pour cela, certains de nos compatriotes pensent que les dirigeants politiques actuels doivent prendre leur retraite politique avec ce second coup de force contre les élus de la démocratie. D’autres estiment qu’ils ont atteint leurs limites objectives dans la gestion des affaires de l’État. Même son de cloche chez les militaires du Comité pour le salut du peuple (CNSP) qui ont pris le pouvoir en déclarant avoir parachevé la lutte du peuple. Ils se méfient énormément de la classe politique, malgré la présence de certaines bonnes graines en son sein. Cette crainte du CNSP, à l’endroit de celle-ci, a d’ailleurs été sentie lors de la mise en place des différents organes de la transition. Ils sont absents à tous les échelons. Les auteurs du coup d’État, au lieu de faire recours à leurs expériences, ont plutôt fait confiance aux jeunes avec qui ils espèrent construire le Mali nouveau. Mais qu’on ne se trompe pas sur la marchandise. Et avec cette race de jeunes aux ambitions démesurées, il sera difficile de bâtir le Mali nouveau, un des slogans du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP).
Le changement générationnel de notre classe politique dont rêvent la mafia religieuse et les hommes d’affaires sera de la poudre aux yeux. Il s’agira de ‘‘ôtes-toi pour que je m’y mette’’. Ces hommes qui affichent aujourd’hui leur volonté de doter notre pays de nouveaux responsables ne sont en réalité que de purs produits sortis des moules des dirigeants politiques actuels et des marionnettes des clans des régimes qui se sont succédé, depuis 1992. Ils ont participé avec la classe politique au délitement de l’État, à la corruption et à la délinquance financière dans l’administration publique, aux détournements de deniers publics, à la surfacturation, à la mort programmée de notre système éducatif et de notre armée. Ils sont aussi responsables que ceux qu’ils veulent mettre à la touche pour continuer avec le même système de prédation qu’ils ont créé ensemble pour constituer un trésor de guerre.
Ces ‘‘hommes fabriqués’’ par des politiques et en complicité avec eux veulent couvrir leurs bienfaiteurs en mal de popularité en ces temps- ci pour devenir les nouveaux acteurs de la scène politique et éventuellement conquérir Koulouba, en 2022 avec l’argent volé au peuple malien. Il n’est un secret pour personne que la mafia religieuse a obtenu sa richesse grâce au trafic d’influence, au chantage, aux intimidations et à d’autres pratiques nauséabondes.
Quant au milieu d’affaires, certains de ses hommes en collusion avec les régimes successifs ont amassé beaucoup d’argent. Ils sont nombreux à bénéficier des marchés fictifs financés à coût de milliards, des exonérations. Aussi, ont-ils fait recours à d’autres méthodes peu orthodoxes pour soutirer l’argent du contribuable malien des caisses publiques.
Parrainés par des hommes politiques en fin de carrière, l’arrivée de cette nouvelle génération sur l’échiquier politique national n’est-elle pas une autre menace qui plane sur notre pays ?
Yoro SOW
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