Poursuivit pour ‘’Coups et blessures volontaires’’ par la famille Hawil, et placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Bamako, le 13 septembre, le comédien, Youssouf Keïta dit Petit Guimba a comparu, la semaine dernière devant le Tribunal de Grande Instance de la Commune V, pour une deuxième fois. A l’issue de l’audience, le tribunal a donné une suite favorable à la demande de mise en liberté provisoire formulée par ses avocats et décidé de renvoyer le procès à la date du 27 octobre prochain.
Vêtu de boubou blanc orné des couleurs nationales du Mali, le comédien Youssouf Keïta dit Petit Guimba, à 9 h 35 mn, s’est présenté dans la salle d’audience du tribunal de Grande Instance de la Commune V. Pour parer à d’éventuels dérapages de la part de ses supporteurs, comme cela fut le cas lors de la comparution de l’animateur radio Ras Bath en Commune IV, un important dispositif sécuritaire a été mis en place. Et l’entrée du tribunal a été rigoureusement filtrée à telle enseigne que certains journalistes ont été empêchés de couvrir l’événement.
Dans une salle comble avec une température élevée, on pouvait constater la présence de l’animateur radio, Ras Bath, Koman Diabaté, Ander Baba Diarra, Ismaël Ballo dit Ballody entre autres, tous mobilisés pour soutenir, l’accusé vedette du jour, Youssouf Keïta dit Petit Guimba.
Le débat est ouvert quelques minutes après l’arrivée de l’accusé, PG, et le ton est vite monté entre le ministère public, les avocats de la partie plaignante et ceux de la défense. Les derniers tenaient à ce que la présidente du tribunal livre le délibéré relatif à la demande de la liberté provisoire avant l’entame des débats.
Mais, pour la sérénité de l’audience, la présidente du tribunal, s’est opposée à cette demande des avocats de la défense et a préféré lire le délibéré après les débats, tel que suggéré par le ministère public et les avocats de la partie plaignante.
La défense, constituée de trois avocats, charge le parquet qui selon elle, a été partial dans le traitement de l’affaire qui oppose leur client Youssouf Keïta dit Petit Guimba à la famille Hawil. Pour cause, soutiennent les avocats de la défense, le parquet s’est précipité pour faire un communiqué dans lequel il ressort « … qu’à la suite d’une altercation survenue dans la nuit du 9 au 10 septembre entre ’ Petit Guimba’ et monsieur Hasan et ses frères devant le supermarché le Paradise sis à Baco Djikoroni ACI, ‘Petit Guimba’ s’est engouffré dans son véhicule et a foncé droit en direction de ses adversaires dont l’un a été grièvement blessé… »
Des affirmations que les avocats de la défense considèrent comme une prise de position du procureur de la Commune V qui selon eux « s’est érigé en porte parole du Garde des Sceaux ».
Il n’en fallait pas plus pour irriter le ministère public, qui répliqua en soutenant que le parquet est l’émanation du Garde des sceaux et, pour cette raison, le parquet est garant de l’ordre public.
«Le communiqué a été fait dans le souci de préserver l’ordre public et nous en assumons pleinement la responsabilité. C’est un faux débat », avance le procureur représentant le ministère public.
Les avocats de la défense reviennent à la charge, soutenant que l’état de santé de leur client, Petit Guimba, ne lui permet pas d’avoir un procès équitable et juste. Car disent-ils, selon le certificat médical établi par un médecin, son état santé nécessite une hospitalisation, mais le parquet a, ont-ils avancé, ignoré cet état de fait.
Toujours d’après eux, le refus du procureur de donner une suite favorable à la plainte de leur client est une violation de l’article 1 du code de procédure pénale qui stipule que « la procédure pénale doit être équitable, contradictoire et préserver l’équilibre des droits des parties. Elle doit garantir la séparation des autorités chargées de l’action publique et des autorités de jugement. Les personnes se trouvant dans des conditions semblables et poursuivies pour les mêmes infractions doivent être jugées selon les mêmes règles ».
En guise de réponse, le procureur représentant le ministère public et les avocats de la partie plaignante affirment qu’aucune étape de la procédure n’a été violée et l’article 1 du code de procédure pénale ne fait pas cas de ‘’nullité (inefficacité d’un acte juridique, résultant de l’absence d’une des conditions de fond ou de forme requises pour sa validité. ndlr).
Après des débats houleux, les avocats de la défense ont fini par avoir gain de cause, partiellement, en obtenant la liberté provisoire pour leur client, Youssouf Keïta dit Petit Guimba ainsi que le renvoi du procès à la date 27 octobre prochain, date à laquelle l’accusé sera définitivement fixé sur son sort.
Abel Sangaré