La maison de presse a abrité le vendredi 08 janvier une conférence de presse animée par le collectif des avocats de l’ancien Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, et autres accusés de tentative de déstabilisation de la transition. Occasion pour leurs conseils de dénoncer «un dossier vide».
Les avocats de Dr. Boubou Cissé et coaccusés démontent les accusations du Procureur de la République près le Tribunal de la commune III du district de Bamako à l’encontre de leurs clients. Le pool d’avocats plaide pour la relaxe de leurs clients car estimant qu’il n’y a rien dans le dossier.
Selon Maître Kassim Tapo, il n’y a jamais eu contact dans un passé récent entre Dr. Boubou Cissé et les autres présumés accusés dans la tentative de déstabilisation de la transition, à l’exception de Sékou Traoré, qui lui a rendu une visite de courtoisie après sa détention à Kati comme bien d’autres personnes. Dans ce dossier, poursuit l’ancien ministre de la Justice, il est reproché à Boubou Cissé d’avoir des ambitions présidentielles.
Pour sa part, Maître Marcel Ceccaldi, un autre avocat de Boubou Cissé, venu de Paris, a affirmé qu’il n’y a rien dans la procédure qui permette de fonder les poursuites engagées. Tout en martelant le caractère «scandaleux de ce dossier», M. Ceccaldi dit toutefois ne pas être étonné par cette procédure judiciaire vu les temps actuels dans le pays.
«Cet acte est une violation de la constitution», martèle-t-il. Il a qualifié la procédure engagée, d’une atteinte directe et volontaire aux principes pour lesquels les Maliens ont sacrifié leur vie et leur existence. «Ce dossier sera ouvert sur la table et que chacun en prendra connaissance et pourra dire oui ou non s’ils prétendent qu’il n’y a rien dans ce dossier», a-t-il conclu.
«Si on nourrit une ambition présidentielle, on ne peut pas s’attaquer à une autorité de transition qui est précisément là pour organiser les élections et ce seul élément du dossier est suffisant pour souligner toute l’absurdité de ce dossier. Absurdité par rapport aux intentions prêtées aux différentes personnes mises en cause. Absurdité au regard des qualités de ces personnes mises en cause», a dit Maître Eric Moutet, avocat de Vital Diop. Il a aussi affirmé que Vital Diop ainsi que toutes les personnes mises en cause ont un sens aigu de l’Etat.
Il dit être aussi étonné par l’indulgence absolue d’éléments de preuve au regard de l’énormité des accusations qui sont formulées contre leurs clients. Il dénonce aussi l’absence de preuves pouvant étayer le fait reproché à M. Diop. Il a démenti le fait que son client aurait communiqué de fonds à Ras Bath tout en affirmant que son client ne le connaît pas et qu’il ne l’a jamais rencontré.
De son côté, Maître Touré Abdrouhamane Ben Mamanta, avocat de Sékou Traoré, secrétaire général de la présidence, a indiqué que son client a rang de ministre et a son autorité sur la sécurité d’Etat, même si celle-ci rend compte directement au président de la transition. C’est lui qui s’est fait interpeller par deux simples agents dans son bureau.
Selon Maître Touré, le premier problème dans le dossier de Sékou Traoré, est le fait qu’on bafoue le statut protecteur des acteurs de la justice. Le deuxième problème est un problème de dysfonctionnement institutionnel au niveau de la présidence de la transition. Le troisième aspect, qui est le plus ridicule, c’est le caractère banal des questions qui ont été posées à Sékou Traoré par la Sécurité d’Etat.
Selon Maître Ben Mamanta, c’est la position institutionnelle de son client qui constitue le véritable fond du problème dans cette affaire. Car, selon lui, son client a une position centrale. Il a ajouté qu’il n’existe ni d’audio, ni de documents écrits, ni d’aveux, ni témoignages par rapport à une quelconque tentative de déstabilisation de la transition. Il a terminé son intervention en demandant de relâcher leurs clients de cette poursuite qui n’a aucun fondement ni légal ni objectif.
Deux autres personnes sont accusées dans cette affaire. Il s’agit de Souleymane Kansaye, et d’Issouf Mohamed Batilly alias Ras Bath. Au premier, il est reproché d’avoir financé à hauteur de 200 millions de FCFA les membres de l’Association des Élèves et Etudiants du Mali (AEEM) et l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) pour déstabiliser les institutions de la Nation, pour que les auteurs du coup puissent profiter de ces troubles. Il lui est aussi reproché de faire en sorte que les recettes de la Nation puissent baisser.
Des accusations rejetées par son avocat, Maître Mamadou Traoré. «Ils n’ont pas précisé ni le moment, ni la manière, ni le lieu où cet argent a été remis à ces personnes», a-t-il commenté. Sur le deuxième point, Maître Traoré affirme que son client est à un niveau de hiérarchie de l’administration qui fait qu’il ne peut pas descendre au niveau des commerçants ou des contribuables pour leur demander de ne pas payer leurs impôts.
En ce qui concerne Ras Bath, son avocat estime que l’offense au chef de l’Etat qu’on lui reproche est un délit de presse. Et pour engager une poursuite, «il faut une plainte de la partie concernée». Et ainsi, c’est le directeur de l’organe qui sera poursuivi comme auteur et l’auteur de l’acte sera poursuivi comme complice. C’est pour cela qu’il estime que poursuivre Ras Bath pour ses propos à l’encontre de Bah N’Dao, est une violation de la loi.
Fadiala N. Dembélé
Stagiaire