Comme annoncé dans notre livraison du lundi 05 décembre, le blocage tant craint par les observateurs est finalement intervenu. Le 9 décembre, la cour a décidé de renvoyer Amadou Haya Sanogo et autres à sa prochaine session de l’An 2017. Point de surprise d’autant plus que des affaires du genre ressemblent généralement à des scènes de théâtre. Certes, il y a une salle, des acteurs, des spectateurs, mais la scène se joue en plusieurs actes.
A Sikasso cependant, les faits à juger étaient et sont, en effet, gravissimes. La Cour d’Assises e transport dans la capitale du Kénédougou devrait se pencher sur l’affaire dite du ” charnier de Diago ” ou des ” Beret Rouges. ”
Plus précisément, des éléments du bataillon des parachutistes – commandos disparus après les évènements du 30 avril 2012. A l’époque, le capitaine Amadou Haya Sanogo et autres régnaient en maîtres absolus sur le pays après leur putsch du 22 mars 2012. Une chasse aux ” Bérets Rouges ” et aux ” mercenaires ” fut organisée à Bamako. Des personnes arrêtées ont été même présentées à la télévision nationale. La suite est connue !
Il aura fallu le retour à la normalité constitutionnelle, avec l’élection du Président Ibrahim Boubacar Keïta, pour que le Capitaine Sanogo et consorts soient remis dans les petites bottes. Car, sous la période de transition présidée par le Pr. Dioncounda Traoré, tout le monde savait que la réalité du pouvoir se trouvait dans les mains de l’ex – junte. Ce pouvoir continua un moment malgré la mise en place des Institutions légitimes. Et c’est une autre mutinerie qui mit fin à l’aventure.
NOVEMBRE 2013, SANOGO EST MIS AUX ARRÊTS.
Ses comparses le suivront en prison. Et les langues se délièrent. La saisine de la justice permit alors de voir clair dans la disparition des ” Bérets Rouges ” dont les familles et proches avaient porté plainte. Un charnier est découvert à Diago, village situé au flanc de Kati. Des restes de corps y sont déterrés. Les expertises sont sans équivoques sur leurs origines et leurs natures.
Trois ans après, il s’agissait pour la justice d’éclairer les lanternes des Maliens sur ce qui s’est passé et qui étaient les auteurs, sinon leurs complices.
Le procès tant attendu s’est ouvert le 30 novembre dernier à Sikasso. Dès l’entame des travaux, certains acteurs se singularisèrent. Aux mesures d’interdiction des appareils dans la salle d’audience, se greffèrent des motifs d’ “absence de ” témoins, puis des exceptions soulevées ça et là. Finalement, tout buta aux expertises des restes de corps des victimes. Tout cela dans une atmosphère délétère orchestrée par les proches des accusés. Et comme annoncé, les travaux furent bloqués. Dans sa sagacité, la Cour décida alors de renvoyer l’affaire à sa prochaine session de l’année 2017. En attendant, Sanogo et autres demeurent dernière les barreaux. Bamako la rumeur a repris ses commentaires.
B. KONÉ