Sale temps pour la justice malienne : L’Ordre des Avocats du pays invite son responsable de tutelle à l’organisation des états généraux.

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L’heure est grave, il faut saisir l’instant présent”. C’est en ces termes que le Barreau du Mali a invité via une déclaration faite le 10 avril dernier, le Ministre de la Justice, Garde des sceaux à organiser les états généraux de la Justice. En effet, selon la déclaration N°001/0A/BA T/OBT/2023 à travers laquelle l’Ordre des Avocats du Mali (O.A.M) a également invité l’ensemble des autorités de la Transition à faire respecter l’ordre et la discipline au sein de la famille judiciaire qui est pourtant censée en assurer l’effectivité dans la société ; cet appel est relatif à un certain nombre de constats.

L’organisation à la tradition de veille citoyenne, de sentinelle des droits de l’homme, et de la sécurité juridique et judiciaire, dit avoir constaté avec regret et non sans amertume la déliquescence de la Justice de notre pays. Cet état des choses se caractérise  selon elle, par de très graves dysfonctionnements dans les pratiques judiciaires et dans le fonctionnement des cours et tribunaux. Le Barreau malien en veut pour preuves des manquements graves à la discipline, à la déontologie et à l’orthodoxie des professions juridiques et judiciaires ; des confusions de tous genres telles la concurrence déloyale, l’interventionnisme qui sapent les fondements de la justice, socle de l’Etat de droit, pilier de la Démocratie et de la sécurité des citoyens. Le dévoiement de la solennité de la justice à tous les niveaux n’est pas du reste.

Pour le Barreau, ces dysfonctionnements ont atteint leur point culminant, se traduisant par la récente sortie de deux magistrats sur les réseaux sociaux et de certains autres acteurs de la justice qui se livrent à des joutes médiatiques, des remises en cause des principes fondamentaux de la République et de I’ Etat de droit, de la remise en cause des principes fondamentaux du procès pénal.

“La refondation du Mali, tant souhaitée par les autorités de la transition, passe aussi et surtout par le renouveau de la justice, dont l’Avocat est un acteur majeur et essentiel. Sans une justice forte et crédible, point d’Etat de droit. Il n’est un secret pour personne que tous les acteurs de la justice font majoritairement I ‘objet de discrédit et de rejet de la part de la population. Les griefs sont nombreux et variés: Corruption, traitement de faveur, impunité, lenteur judiciaire, abus de pouvoir, concussion.

Ce constat accablant n’honore nullement les acteurs de la justice que nous sommes”, a indiqué le Barreau malien dans sa déclaration signée du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Mali, Ousmane Bouba Traoré.

Dans le même document, mention a été également faite du sacerdoce lié à la profession des avocats. À leur dire, celle-ci leur impose aujourd’hui une remise en cause sans complaisance, un examen approfondi de conscience, un changement général et irréversible de comportement et un réarmement moral.“La justice est le seul instrument de régulation sociale, politique, économique et administratif, dont nous sommes à la fois acteurs et sujets. À cette période historique de notre patrie meurtrie, nous, acteurs de la justice, avons le devoir absolu de réincarner les valeurs qui sont les nôtres, de répondre aux cris des concitoyens désemparés, à l’appel persistant et bienfondé de l’histoire”, se sont plaints les avocats du pays.

Edjona SEGBEDJI

 

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