Au lendemain de la mise sous contrôle judiciaire de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, dans l’affaire dite « Atteinte aux mœurs » ouverte par le procureur général de la Cour d’Appel de Bamako, le collectif des Avocats commis pour assurer sa défense était face à la presse. La conférence de presse était présidée par maître Maliki Ibrahim, qui avait à ses côtés maître Abdramane Touré et maître Zana Koné, tous avocats à la cour. Il s’agissait pour les trois avocats d’entretenir les journalistes sur les contours de la poursuite contre leur client et inviter ses idoles à garder leur calme. C’était le vendredi 19 août 2016 à la maison de la presse. Les avocats de Ras rassurent que le droit sera dit.
A l’entame de ses propos liminaires, le doyen du collectif des avocats constitué, maitre Maliki Ibrahim a demandé à l’assistance au nom de Ras Bath et à leur nom propre d’observer une minute de silence en la mémoire des victimes de la tragédie du mercredi 17 août survenue au tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako. Avant de préciser que le dossier est actuellement sur la table du juge d’instruction du 2ème cabinet du tribunal de la commune IV. Pour Me Maliki, Ras a été à travers l’ORTM présenté comme le premier ennemi de la patrie et le plus grand comploteur contre le Mali. Selon lui, Youssouf Bathily a été presque jeté aux chiens. A ses dires, les autorités de poursuites dans cette affaire ont agi comme une tempête dans un verre d’eau. Pour lui, les chefs d’inculpation pour lesquels monsieur Mohamed Youssouf Bathily est reproché sont vides. Il a fait comprendre que les poursuites contre Ras pour outrage publique à la pudeur, d’outrage contre des personnes dépositaires d’une autorité notamment la personne de Daniel Téssougué qui n’exerce plus les fonctions de procureur général depuis presque un an, et enfin les poursuites pour tentative de démobilisation des forces armées, sont des contre-vérités. Pour lui, l’avenir nous démontrera que ce dossier est éminemment vide. A l’entendre c’est une poursuite inopportune. C’est pourquoi, il a déclaré que ce sont des accusations les plus fantaisistes qui sont reprochées à Mohamed Youssouf Bathily.
A sa suite, maître Abdramane Touré prendra la parole pour parler de la procédure. A cet effet, il dira qu’au départ la saisine du procureur général était l’ouverture d’une enquête et non une poursuite au sens juridique du terme. Il a poursuivi en disant : « Nous avons pris l’engagement d’explorer avec les autorités poursuites et leur hiérarchie toutes les voies pour désamorcer la crise, mais en maintenant le principe de la continuation des poursuites par ce que nous avons envie de nous défendre. Il s’agissait de pacifier le canevas de travail afin que la justice puisse travailler sereinement. Les autorités ont été ouvertes à cette vue. Les autorités d’investigation de la gendarmerie du camp ne nous ont causé aucune difficulté quant à l’accès à notre client. Nous avons été agréablement surpris, par ce qu’on ne s’attendait pas à cela. C’est l’occasion de saluer ces officiers qui ont été régaliens et qui sont restés dans le canevas de la loi et du respect des droits de l’homme. Mais le 18 août, au 3ème jour de la garde à vue, de nouvelles questions au nombre de 57 ont été apportées afin de bétonner le procès-verbal du dossier qui ne portait initialement que sur l’affaire Bandiougou. Dans le lot des 57 questions il y avait une série de trois questions relatives à la profession de M Bathily, ses opinions sur ses propres propos et ses propos tenu à l’endroit d’un agent public dont nous ne connaissons pas le nom. C’est ainsi que notre client a comparu pour la première fois. Il a été immédiatement inculpé pour ces trois chefs d’inculpations et placé sous contrôle judiciaire avec des conditions assez restrictives que nous nous garderons de dévoiler par respect de secret de confidentialité ».
Pour Maître Zana Koné, presque toutes les choses qu’on reproche à Ras Bath comportent très peu de réalité. Nous n’allons pas désarmer, a-t-il dit. Avant d’inviter les journalistes à être des relais pour un appel au calme et laisser les avocats faire le travail
Au cours de la conférence les avocats de Ras ont également déclaré qu’ils défendraient toutes les victimes de cette affaire. Aux dires de Me Maliki, l’âme du Mali ne tient que par une seule corde. Nous croyons en notre justice, fera-t-il savoir. Il a mentionné qu’il faut éviter à ce que des éléments mal intentionnés viennent mettre le Mali à genoux. Pour Me Touré, dans cette affaire, il est important de se focaliser sur le substantiel plutôt que se baser sur le sensationnel. Il dira aussi que la reprise de l’émission de Ras dépend du juge d’instruction et des conseils des avocats. Pour finir, Me Touré a laissé entendre qu’aucune autorité politique ou administrative, encore moins un chef religieux n’ont été associés pour cette mise sous contrôle judiciaire de Ras.
Jean Goïta