Depuis le 30 novembre 2016, Sikasso est devenue la capitale judicaire du Mali. Nul besoin de rappeler que la ville abrite le procès historique tant attendu par non seulement l’opinion nationale, mais aussi par la communauté internationale.
Emaillé par des exceptions à répétition, le citoyen lambda doute désormais de la tenue du procès. La comparution de gré ou de force des témoins, sans exception, n’annonce-t-elle pas un blocage, voire un éventuel report qui ne dit pas son nom. La qualité des témoins cités et leur responsabilité constituent des éléments qui incitent à ne pas croire à la faisabilité du procès. Le Procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako a fait la promesse que tout sera mis en œuvre pour que cette décision de la Cour soit exécutée. A l’évidence, il faut avouer que le parquet est devant un challenge dans la mesure où il entend garantir le droit de toutes les parties au procès et en particulier celui des accusés. Pourra a-t-il le faire? C’est là toute la question, quand on sait que certains témoins ont été envoyés comme ambassadeurs dans certains pays amis du Mali. D’autres sont des hauts gradés occupant de hautes responsabilités dans l’armée.
Ces assises en transport à Sikasso constituent pourtant un test de grandeur nature pour notre appareil judiciaire, mais aussi pour notre pays qui est engagé dans un vaste processus de réconciliation nationale au sortir de la crise multidimensionnelle. Ce procès est également un signal que notre pays envoie à la communauté internationale et le monde des droits de l’homme qui fondent un espoir sur sa tenue, en ce sens qu’il permettra de rendre justice aux victimes et à leurs parents après le coup d’Etat et le contre coup d’Etat de 2012. D’où cette interrogation : ne devrons-nous pas saisir cette opportunité pour tourner une page horrible de notre histoire par le biais de la justice bien rendue ? La réponse est assurément oui ! Reste maintenant à savoir si le ministère public pourra faire venir tous les témoins cités dans cette affaire, condition sine qua non d’un procès équitable.
Comparaissent à ces assises spéciales en transport à Sikasso, le numéro un du CNRDRE, le Général de Corps d’Armées, Amadou Aya Sanogo, et 17 autres coaccusés dans l’affaire dite des 21 bérets rouges, dont les corps ont été retrouvés dans un charnier près de Diago en 2013. Cependant, ce procès tarde à trouver sa voie pour la manifestation de la vérité, telle que recherchée par toutes les parties.
Moussa Koné