19 janvier 2019-19 novembre 2019, 11 mois après l’assassinat de l’Imam Yattabaré, Moussa Guindo, le présumé coupable, a comparu devant la Cour d’assises. Après 6 heures d’audience, le verdict est tombé. Moussa Guindo (28 ans), a été reconnu coupable et condamné à mort.
C’était l’affaire phare de cette deuxième session de la Cour d’assises de Bamako. Très tôt le matin, la porte d’entrée de la Cour d’Appel donnait une certaine indication sur le caractère “populaire“ de l’audience du jour. En effet, des dizaines voire des centaines de personnes avaient pris d’assaut la cour. Un important dispositif policier avait été déployé pour éviter tout débordement.
A 8h déjà, l’entrée était verrouillée. Certaines personnes n’ayant pas eu accès à la salle d’audience suivaient les débats à partir des deux hauts parleurs fixés sur les murs. La curiosité et l’envie de connaitre le sort réservé par la justice à l’accusé Moussa Guindo était visible et lisible sur les visages.
En effet celui-ci avait le 19 janvier 2019, vers 5 h du matin tendu un guet- apens à l’imam Yattabaré, qui se rendait à la mosquée pour la prière de l’aube. De l’arrêt de renvoi, il ressort que l’assassin a assené de violents coups de gourdin à la nuque de sa victime avant de lui administrer de multiples coups de couteau.
L’imam mortellement atteint, rendit finalement l’âme après son évacuation à la clinique Pasteur. Après son forfait macabre, détaille l’arrêt de renvoi, Moussa Guindo alla se déclarer au commissariat du 3ème arrondissement. Il a clairement reconnu les faits, soutenant qu’il avait pris l’initiative d’assassiner l’imam Abdoul Aziz Yattabaré, les leaders religieux Haïdara et Mahmoud Dicko ainsi que le président de la République car, indique Guindo, “ils sont des mécréants“.
A la barre, l’accusé visiblement lucide s’est prêté aux questions qu’on lui posait. Le dos légèrement voûté et accoudé à la barre, il a reconnu sans ambages les faits à lui reprochés. Il a aussi avoué être le seul instigateur de l’assassinat. Par ailleurs, il a confirmé ne pas regretter son acte.
Dans une plaidoirie énergique, l’avocat de la famille de la victime Me Kalifa Yaro a réclamé l’application rigoureuse de l’article 200 du code pénal synonyme de peine de mort. “C’est un crime odieux ! Les faits sont intolérables. Il a intentionnellement mûri son projet d’assassinat. Il n’est pas fou et n’a donc aucune cause exonératoire ! “, s’est indigné l’avocat de la partie civile.
Le représentant du ministère public, le procureur Karamoko Diakité a, de son côté, invité le président de la cour à ne pas écarter les accusations de crime de torture et les délits d’injures publiques également retenus contre l’accusé. “Ces deux chefs d’accusations ne sont pas établis juridiquement“, a-t-il révélé. Néanmoins, poursuit-il, l’assassinat est clairement avéré et a été d’ailleurs confirmé par l’accusé lui-même. “Le ministère public requiert la peine de mort contre l’accusé“, c’est par ces mots que le procureur Diakité conclu son réquisitoire.
L’avocat de la défense a d’abord demandé d’éviter de diaboliser son client Moussa Guindo. “Je ne défends pas les faits, ils sont établis mais je défends un homme qui n’est pas en possession de toutes ses facultés mentales“, a-t-il clarifié. Selon lui, l’expertise établit le 21 janvier dernier a conclu la démence de son client. Cette thèse a été rapidement balayée par la partie civile qui signale que le rapport conclut un état paranoïaque de l’assassin et non de démence.
Après d’intenses débats, la cour a rendu son verdict : Moussa Guindo est reconnu coupable d’assassinat. Par conséquent la cour lui a infligé la peine capitale.
A la sortie de l’audience, certains proches de la famille de l’imam ont exprimé leur satisfaction et ont affirmé maintenant suivre de près le dossier pour l’application effectif de la sentence. Quant à l’accusé, il a encore 3 jours pour faire appel.
Mamadou Oury Diallo
(Stagiaire)