Procès Amadou Haya Sanogo : La lutte contre l’impunité fait un pas de géant

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Amadou Haya Sanogo

En organisant le procès contre le chef de l’ex-junte de Kati, Amadou Haya Sanogo et autres militaires accusés, les autorités maliennes donnent l’espoir que la lutte contre l’impunité est une réalité dans notre pays de nos jours.

Ouvert le mercredi 30 novembre, le procès des ex-putschistes a été suspendu pour 24h et devait reprendre le vendredi 2 décembre 2016, après concertation. Malheureusement encore il  a été ajourné et devrait reprendre en principe ce lundi 5 décembre. La cour a obéi ainsi à la volonté de la défense qui souhaitait  avoir plus de temps avec ses clients pour la suite du procès.

Mercredi 30 novembre à Sikasso, l’audience est ouverte dans la salle Lamissa Bengaly, pour accueillir le procès du général Sanogo et de ses 17 co-accusés.  C’est vers 11H59 que Sanogo se présente à la salle. Toujours dans son esprit tel à Kati, Sanogo a déclaré: « Je suis le Général de corps d’armée Amadou Haya Sanogo, originaire de Ségou et ancien Chef d’Etat ».  Le Procureur  a rappelé que Sanogo n’est ni plus ni moins qu’un simple citoyen dans la salle d’audience. La réplique de la défense ne s’est pas fait attendre, en ces termes: « Sanogo, jusqu’à ce qu’il soit condamné, est et demeure un général de corps d’Armée et un ancien Chef d’Etat ».

Accusation en question

Ils sont six (6) accusés d’enlèvement et d’assassinat. Il s’agit de Fousseyni Diarra dit Fouss, Mamadou Koné, Tiémoko Adama Diarra, Lassana Singaré, Cheickna Siby et d’Issa Tangara.

Pour complicité d’enlèvement et d’assassinat figurent Bloncoro Samaké, Amassongo Dolo (décédé), Simeon Kéita, Oumarou Sanafo dit Kif Kif, Soïba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouedrago et d’Ibrahim Boua Koné, avec à leur tête le chef d’orchestre de l’homicide, le général Amadou Haya Sanogo.

Quant aux  généraux Yamoussa Camara et Ibrahim Dahirou Dembélé, ils sont aussi sous le coup de complicité d’assassinat.

Vous dites biens comparution ?

L’accusation est tout d’abord revenu sur le déroulement des faits. Elle fait l’arborescence de la situation depuis mars 2012 et le coup d’Etat qui a poussé le départ d’ATT aux violents affrontements entre bérets rouges et bérets verts.

Du 30 avril et au 1er mai 2012, 21 militaires bérets rouges maliens disparaissaient après avoir tenté un contrecoup d’État face à l’homme fort de Kati d’alors, le capitaine Amadou Sanogo.

Quelques mois plus tard, les corps sans vie de ces bérets rouges sont retrouvés dans une fosse commune, à Diago, près de Kati.

C’est alors que Sanogo et ses 17 co-accusés, dont l’ancien ministre de la Défense Yamoussa Camara et l’ancien chef d’état-major de l’armée malienne Ibrahim Dahirou Dembélé, sont arrêtés.

Ils sont inculpés de « complicité d’assassinat, assassinats, enlèvements et séquestration».

Entre temps, en juin 2013, la demande du pardon au peuple malien du capitaine Sanogo semble acceptée et trois jours après le second tour de la présidentielle du mois d’août, qui a propulsé le candidat Ibrahim Boubacar Keïta à la tête du pays, le putschiste est promu général.

Après trois ans de prison, le général Amadou Haya Sanogo est rattrapé par la justice malienne, à ses trousses, qui ouvre le dossier des bérets rouges assassinés.

Un procès qui fait date

Ce procès ouvert vient renforcer la détermination des autorités maliennes à redonner à la justice malienne sa lettre de noblesse. « Nul n’est et ne sera au-dessus de la loi », clamait le Chef de l’Etat, son Excellence Ibrahim Boubacar Kéita. Le président du Comité militaire putschiste, général Amadou Haya Sanogo, n’est pas au-dessus de la loi malienne, malgré que ses défenseurs tentent de mettre en avant son statut d’ancien Chef d’État. Que justice soit faite et que le droit des victimes soit respecté.

C’est un pas décisif des autorités de finir avec l’impunité, tant décriée par le peuple malien. Ce procès montre également le visage d’un pays qui se relève sur le plan judiciaire et garanti à chaque citoyen son droit légitime.

A travers ce jugement, la cour d’assises vient de marquer sa disponibilité à mener à bien ce procès que d’aucuns qualifieraient historique.

Drissa Tiéné

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