Née vers 1991 à Benigorola (Sikasso), Maïmouna Goïta est ménagère domiciliée à Simona. Elle était devant les jurés de la Cour d’assises de Bamako, le 10 septembre 2021, pour répondre des accusations d’assassinat, des faits prévus et punis par les articles 199 et 2000 du code pénal. Reconnue coupable des faits à elle reprochés, elle en a pris pour la peine capitale.
Il résulte de l’information les faits suivants : Tianka Lamine Goïta réside dans un hameau de culture avec ses deux épouses. Le 2 juin 2016, il s’est rendu à une cérémonie de mariage à Simona. Avant son retour, Maïmouna Goïta, la première épouse, a profité du sommeil de sa coépouse Adjaratou Goïta pour lui administrer des coups sur sa nuque avec une manche de hache. Morte, elle a trainé son corps avec une corde pour le jeter dans un puits abandonné ainsi que ses effets personnels. En plus, pour faire croire à une hypothèse d’abandon de foyer conjugal, elle est allée jeter le nourrisson d’Adjaratou, âgé seulement de 6 mois, dans le même puits, avant de le refermer.
Leur mari, revenu tardivement dans la nuit, a préféré passer le reste de la nuit dans la cour. Le lendemain, au réveil, il a été surpris de ne pas apercevoir Adjaratou qui devait pourtant faire la cuisine, très tôt le matin. Il a demandé à son jeune frère d’aller à sa recherche dans la belle-famille. Dans ses recherches, ce dernier a perçu des traces de traction qui l’ont conduit devant un puits contenant les corps sans vie d’Adjaratou et son bébé. L’inculpée, Maïmouna Goïta, a reconnu les faits tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur. Elle soutient cependant que c’est par jalousie et parce qu’elle a été prise par l’effet d’une force mystique qu’elle a perpétré son forfait pour ainsi dire qu’elle a nié avoir prémédité ses actes. Le rapport d’expertise médico-psychiatrique ne révèle aucune maladie mentale de nature à l’influer sur sa responsabilité pénale.
À la barre, Maïmouna Goïta a reconnu avoir tué sa coépouse et son enfant. “Notre mari était en déplacement. La nuit, on s’est disputé, elle m’a dit qu’il faut que je parte, sinon elle va me tuer où je vais la tuer. Je lui ai dit que je n’irai nulle part parce qu’elle est venue me trouver ici. C’est ainsi que j’ai pris une manche de hache abandonnée pour lui fracasser la tête. J’ai pris peur parce qu’à chaque fois qu’on se discutait, notre époux lui donnait raison et me battait pour elle. J’ai attaché ses deux pieds pour la tirer et la mettre dans un puits. Ensuite, j’ai pris son enfant et l’ai jetée au-dessus d’elle”, a-t-elle relaté. À la question du ministère public à savoir ce qu’elle a fait des effets de la victime, elle répond : “J’ai tous mis dans le puits et ensuite nettoyé les traces. Lorsque notre époux est venu et qu’il m’a demandé où se trouvai-t-elle, je lui ai fait savoir que je n’en savais rien”, signale-t-elle.
Selon le ministère public, pour dissimiler ses crimes, Maïmouna a fait de telle sorte que leur époux pense à un abandon de domicile conjugal par sa coépouse. “C’est pourquoi elle a pris le soin d’arranger tous les effets personnels de la dame et les jeter dans le puits. Pire encore, pour finir avec tout ce qui se trouve en rapport avec sa coépouse, l’accusée a pris le bébé de 6 mois de cette dernière et l’a envoyé rejoindre sa mère déjà morte dans ledit puits. Aucune jalousie ne peut justifier un tel acte. Elle a prémédité son acte pour se débarrasser de sa coépouse et son enfant et gardé son mari à elle seule. Il faut la retenir dans les liens de l’accusation”, requiert le parquet. Aux dires de la défense, sa cliente est passée aux aveux dès la première question de la Cour. Elle demande pardon aux membres de la Cour, à son mari et à la famille de la victime. “Il y a une réalité dans notre société, quand les polygames prennent une nouvelle femme, l’ancienne est abandonnée à elle-même. C’est ce qui a mis ma cliente dans tous ses états et qu’elle a agi ainsi. Elle est déjà condamnée par cette même société, ayez pitié d’elle en lui accordant des circonstances atténuantes parce qu’elle a déjà fait plus de 5 ans en détention”, plaide la défense. La Cour, dans sa délibération, a reconnu Maïmouna Goïta coupable des faits à elle reprochés et ne lui a accordé aucune circonstance atténuante parce que les faits sont graves. De ce fait, le ministère public a requis la peine de mort. Les jurés ont finalement suivi le ministère public et ont condamné Maïmouna Goïta à la peine de mort.
Marie DEMBELE