Hier, mardi 27 novembre 2018, la deuxième session ordinaire de la cour d’assises de Bamako au titre de l’année judiciaire 2017-2018 a ouvert ses portes. Au cours de cette 2ème session qui a tardé à s’ouvrir à cause de la grève de 100 jours des magistrats, 78 affaires seront jugées dont les cas d’assassinat, les infractions de terrorisme, les cas d’atteintes aux biens publics, les cas de pédophilie et d’autres cas d’infractions. Au total, 129 accusés seront à la barre tout au long de la cour d’assise. Lors de son réquisitoire, le procureur général près la cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maïga a mis l’accent sur l’interruption de travail prolongée, observée par les services de la justice. Avant de signaler que les infractions de terrorisme qui seront jugés sont au nombre d’une dizaine. En outre, le procureur général a dénoncé la recrudescence des crimes de sang. « La recrudescence des crimes de sang, au sommet des affaires au rôle de cette session est un signe évident de la perte des repères qui fait de la violence le mode d’expression désormais récurrent dans les rapports humains, au détriment de la bienséance, du respect du droit de l’humain à la vie, à son intégrité physique et morale », a-t-il dit.
Outre le Président de la Cour d’Appel de Bamako, Mohamed Abdourahamane Maïga, le procureur général près la cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maïga, la cérémonie d’ouverture de cette session d’assise a enregistré la présence de l’ensemble de la famille judiciaire et d’autres personnalités. « La deuxième session de la Cour d’Assises de Bamako s’ouvre à un moment naturellement inhabituel, et dans des conditions pas très ordinaires, pressée qu’est la Cour par le temps, et par la nécessité de sauver une année judiciaire presque compromise, par l’interruption de travail prolongée, observée par les services de la justice », a déclaré le procureur général près la cour d’appel de Bamako lors de son réquisitoire. Avant d’ajouter que la particularité de cette session d’assises, tient à sa consécration quasi-exclusive aux détenus provisoires.
« Au rôle de cette session sont inscrites 78 affaires pour un total de 129 accusés ; affaires de nature diverse se répartissant ainsi qu’il suit : Cette fois les crimes de sang étant les plus dominants avec 9 cas de coups mortels, 8 cas de meurtre et 7cas d’assassinat soit au total 24 affaires, suivis par les infractions contre les mœurs au nombre de 20, viol 10 et pédophilie 10. Les infractions contre les biens notamment les vols qualifiés viennent ensuite avec 14 cas ; les infractions de terrorisme au nombre d’une dizaine bouclent le lot des affaires les plus importantes. Des cas d’atteinte aux biens publics soit 4 affaires plus des affaires de faux et usage de faux de traite des personnes, d’enlèvement d’enfant et de coups et blessures volontaires aggravés complète la liste des affaires soumises à l’examen de votre auguste Cour. Messieurs de la Cour, il est heureux de constater, fait rare pour être signalé, que nous avons au rôle 20 détenus pour des cas d’agression sexuelle (viol et pédophilie), alors qu’on nous a habitué à des dossiers où les mises en liberté en ce domaine étaient systématiques, au point qu’il nous arrivait de dénoncer aux sessions passées, la banalisation de ces crimes », a souligné Idrissa Arizo Maïga.
Selon lui, la recrudescence des crimes de sang, au sommet des affaires au rôle de cette session est un signe évident de la perte des repères qui fait de la violence le mode d’expression désormais récurrent dans les rapports humains, au détriment de la bienséance, du respect du droit de l’humain à la vie, à son intégrité physique et morale. « Tout cela nous interpelle, nous magistrats, dans le sens d’une réponse appropriée au phénomène criminel rampant et protéiforme, par le traitement rigoureux et diligent à réserver à toutes les affaires, à tous les niveaux au premier comme au second degré. Ces observations faites, il faut se réjouir de ce que de façon générale les juridictions ont pris conscience dans une large mesure des effets délétères de la grève par rapport à la détention en particulier, et ont pour la plupart dès la reprise entrepris de tenir des audiences extraordinaires pour réduire le flux de détenus provisoires, et en toute conscience et responsabilité », a-t-il dit.
A l’en croire, là, où le retard est plus difficile à rattraper, c’est bien au niveau des Cabinets d’Instruction. « La gestion des dossiers étant très complexes, mais cela ne saurait les affranchir de l’effort à fournir chacun à son niveau dans le traitement diligent des affaires dont ils sont en charge, c’est à cette condition seulement qu’ils auront honoré, leur mission sacerdotale », a indiqué le procureur général. Enfin, il a invité le président de la Cour à passer sur les insuffisances et ne retenir que les obstacles dirimants pour justifier des éventuels renvois.
Aguibou Sogodogo